Patrice Clet : la mort d’un homme d’engagement

L'ancien conseiller général de Sinnamary, secrétaire adjoint du parti Walwari, Patrice Clet a été assassiné à son domicile le 8 novembre dans des circonstances non encore éclaircies. Ce nouvel acte de violence atteint une famille et bouleverse la Guyane entière. 
Patrice Clet c’est d’abord une image : le calme, la pondération et la discrétion personnifiés. Jamais dans ses mots ou sur son visage, un signe d’agacement ou d’énervement. Pourtant en politique, les occasions ne manquent pas. Acharné à défendre ses idées, il savait aussi entendre les arguments de l’autre avec bienveillance et empathie.
Patrice Clet, né le 26 juin 1971 avait 45 ans. Il laisse une femme et trois enfants, adolescents orphelins depuis hier soir.
Aux cantonales de 2008 dans le canton de Sinnamary Saint-Elie, il n’est pas favori mais devient à 37 ans conseiller général pour un bail de sept ans. Au cours de son mandat, il quitte d’ailleurs rapidement les rangs des sans étiquettes. Beaucoup de candidats et d’élus restaient volontairement hors des partis politiques. Il a sans doute entendu à ce moment là toutes les explications sur le rôle des partis qui structurent la vie politique et donne de la visibilité à l’action.
Le jeune conseiller général est donc de l’équipe qui autour de Chantal Berthelot porte l’Ageg (A gauche en Guyane) sur les fonds baptismaux.
Le mouvement connait en interne une crise de croissance. Patrice Clet s’en éloigne et rallie Walwari en 2013 avant d’en devenir le secrétaire général adjoint aux côtés de Sarah Albukerque Léonço.
Patrice Clet est candidat malheureux aux municipales de Sinnamary en 2014. Il repart au combat fin 2015. Il est engagé sur la liste conduite par Line Létard, aux élections à la Collectivité territoriale de Guyane. Il figure en 2ème position dans la section des Savanes.
L’homme était également impliqué dans la vie associative. Il a été joueur et singulièrement entraîneur de basket, à Sinnamary, dans les années 90. Il était également arbitre et encore aujourd’hui membre du comité de l’US Sinnamary.
 

Patrice Clet : une marche ne suffit plus…

Quand un homme est emporté par et avec cette terrifiante violence, avec cette terrible brutalité, les mots perdent de leur poids, les grandes idées et les concepts n’ont plus de sens et pourtant il faut se garder de se déshumaniser. De faire comme eux en devenant des bêtes, des espèces de vampires  avides de sang.
On ne va pas parler, « du mort de trop », cela est régulièrement fait. Tout récemment, encore, quand la vie a été enlevée à Maurice Chen Ten You. Les mots manquent et pourtant la pression est si forte. Pression de l’absence de réponses immédiates, pression d’un sentiment de ras-le-bol qui peut très vite devenir ingérable, en ce qu’il porte en lui les germes d’une envie d’auto-défense. La pire des solutions qui ne ferait qu’ajouter de la violence à la violence.
Mais que dire aux enfants de Patrice Clet pour qu’ils comprennent et admettent ? Que dire à sa épouse, à ses parents, à ses amis, à ses collègues ?
Les mots sont faibles et il faut donc bien les choisir pour avancer des solutions en sachant qu’aucune n’est performante tout de suite. Ni un afflux de policiers et gendarmes, ni une école qui forme et rend enfin intelligent mais Ecole qui est à inventer complètement.
Une chose est sûre en ce sombre mercredi, nous savons d’ores et déjà qu’une marche ne suffit pas, ne suffit plus. Ces trente dernières années, il y en a eu des marches contre la violence. Elle refuse de reculer pourtant, pas une semaine, pas un jour sans une manifestation de son hégémonie. Résultat : la Guyane a peur, les gens se terrent et se barricadent chez eux. Inquiets ils oublient de vivre voire d’aimer l’autre et particulièrement des jeunes qui selon leur façon de s’habiller sont vécus comme des ennemis. Tous les amalgames se font et le vivre ensemble ploie dangereusement. Peut-être jusqu’à rompre s’il ne se passe rien. Mais quoi ? Une marche peut faire plaisir mais ne suffit pas alors que toutes les solutions potentielles ne peuvent que s’inscrire dans le temps. Le temps, justement ce qui manque le plus à des esprits et des cœurs trop souvent mis à mal.