Nouvelle-Calédonie : dans un squat de Nouméa, “le référendum, c’est à côté”

Sur ce bout de terre qui surplombe une plage de carte postale Gilbert Hanye, plante de la canne à sucre, des pastèques, des squashs, une variété de courge locale, de la salade.
Avant la 3ème consultation sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, des habitants partagent leur regard. Outre-mer la1ère donne la parole à deux habitants d'un squat, dont le logement précaire est construit sur un terrain occupé illégalement. Ils vivent sur la presqu’île de Nouville à Nouméa.

Emma Wiaie et Gilbert Hanye sont ce qu'on appelle en Nouvelle-Calédonie des squatteurs. Ils habitent un logement précaire construit sur un terrain occupé illégalement. Ils vivent sur la presqu’île de Nouville à Nouméa. Un espace synonyme d’enfermement car le bagne y était autrefois implanté. Aujourd’hui, les détenus du territoire sont incarcérés dans la prison du Camp Est.

Une vie comme en tribu

A Lifou dont il est originaire, Gilbert, 49 ans, vivait de sa production de fruits et légumes. Dans le squat, il recommence les mêmes gestes pour lui et sa compagne. “C’est pareil, comme à Lifou. On plante, on récolte. On se réveille le matin. On boit notre café, après on descend au champ comme ça”, nous explique le père de famille. Sur le lopin de terre qui surplombe une plage de carte postale et un hôtel, l’homme à la main verte plante de la canne à sucre, des pastèques, des squashs, une variété de courge locale, de la salade. Mais cela ne suffit pas toujours à nourrir deux bouches.  

Une hausse de la précarité avec les confinements

Pour les aider, Marcel Toyon, le président d’Action solidaire, leur apporte des produits de première nécessité. L’association existe depuis le premier confinement en Nouvelle-Calédonie. Depuis mars 2020, "la précarité, qui était bien là, s’est accrue”, selon lui. 

"À chaque fois qu’on vient distribuer, on voit des terrassements qui apparaissent un peu partout. Et deux mois après, il y a une cabane. Le confinement a beaucoup impacté sur les vies des familles parce que certains ont perdu leur emploi. Par conséquent, ils ne peuvent plus payer leur loyer, ils partent donc dans les squats pour essayer de subvenir à leurs besoin" ajoute le bénévole

Grâce aux dons de la Banque alimentaire, et à d’autres de particuliers, une soixantaine de bénévoles récupère denrées et meubles. Un acte de solidarité que salue Emma. À 52 ans, cette masseuse de formation se déplace en fauteuil roulant. Elle a quitté Lifou pour raisons de santé. Et même si elle vit depuis un an sur cette colline escarpée, sans eau courante, difficile pour elle d’envisager de déménager dans un logement social.  

“Je ne suis pas habituée de rester dans les bâtiments. Je me sens mal. Je reste enfermée dans les bâtiments. Mon problème à moi ici, ce sont les cabinets, la douche. Mais pour moi c’est mieux, je reste ici. Je me sens mieux ici parce que je suis libre”, explique Emma.

Un quotidien, loin du référendum

Quand on évoque le référendum, Emma est catégorique. Elle n’ira pas voter. Gilbert, lui, se rendra aux urnes. Mais il ne sait pas encore quel bulletin il choisira. Pour l’après-référendum, il espère “vivre dans la paix, dans l’amour”. 

D’après les dernières estimations, 10 000 personnes, essentiellement des Kanak, vivent dans des squats dans le Grand Nouméa.