Un rapport jugé "indigne"

Le courroux des professionnels de santé face au rapport Sudrie.
L'étude de l'économiste Olivier Sudrie sur le financement de la santé n’est pas au goût des professionnels du secteur. Médecins libéraux, infirmiers, et practiciens solidaires estiment être stigmatisés dans ce document qui analyse le coût de la santé et son efficacité. 

De quoi parle le rapport ?

Olivier Sudrie compare le système de santé calédonien à celui de pays membres de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique, qui regroupe 35 membres, pour la plupart européens, mais aussi les Etats-Unis ou encore le Japon. L’expert s’appuie sur des données locales et sur une modélisation économique pour analyser les différences de coût et d'efficience.

Les conclusions qui ne passent pas

Il juge que "le coût de la santé est élevé pour des performances largement perfectibles". Sudrie juge "hors-normes, que le montant de richesse consacré au secteur, ne puisse financer, en raison des prix élevés, qu’un volume de prestations aussi bas". Il explique que le différentiel des prix de la santé avec la métropole est trop élevé - de l’ordre de 35% - et que cet écart réprime la demande.
Dans le rapport, l’économiste s’appuie également sur des études de l’OCDE qui font un parallèle entre les dépenses de santé et l’espérance de vie pour mieux mesurer l'efficacité d'un système. Pour Sudrie, la Nouvelle-Calédonie "ne semble pas s'être améliorée significativement au cours des cinq dernières années" en la matière. Entre 2012 et 2015, dit-il, les dépenses de prestations par habitant ont cru de 22% alors que l’espérance de vie n’a que faiblement augmenté de 77,4 à 78 ans en 2015.

La colère des professionnels de santé

Mais ce rapport ne convainc pas les professionnels du secteur sur le territoire. Ils estiment que le contexte économique entre des membres de l’OCDE et la Nouvelle-Calédonie, n’est pas comparable. Et que l’absence de mesures franches pour lutter contre l’alcool, le tabac, et les boissons sucrées n’aident pas à l’efficience du système calédonien, puisqu'elles n'améliorent pas le bien être des habitants. 
Pour Olivier Maïza, membre de l’Union pour la défense de la médecine libérale (UDML), les indicateurs choisis pour mener à bien cette étude sont biaisés :

Olivier Maiza de l'Union pour la défense de la médecine libérale.


La Fédération des fonctionnaires, celle des professionnels libéraux de santé, le syndicat des infirmiers à domicile et celui des médecins libéraux, mais aussi l'UDML, reprochent également l’absence de concertation autour de ce rapport. Un principe de base, pourtant, du plan de santé Do Kamo.
C'est trop pour Viviane Damiens, présidente du syndicat des médecins libéraux :

Viviane Damiens : "un affront par son contenu et sa forme"


Réponse du gouvernement et reprise du dialogue en vue

Dans un communiqué, le président du gouvernement a répondu aux inquiétudes affirmant que le rapport Sudrie sur le financement de la santé n’est pas un document qui engage le gouvernement. Il doit servir à nourrir la reflexion.
Nicolas Volk, co-président de la Fédération des Professionnels libéraux de santé, est rassuré par les derniers échanges avec Valentine Eurissouké, même s'il reste du travail notamment sur la collecte de chiffres cohérents :

Nicolas Volk, co-président de la FPLS.