Toulouse : quatre mois de prison requis contre le footballeur guyanais Odsonne Edouard

Odsonne Edouard et ses parents s'entrentiennent avec l'avocat du footballeur avant l'audience
"On ne s'amuse pas de tout, même quand on a 20 ans". Et même si l'on est un riche espoir du PSG: quatre mois de prison, éventuellement assortis de sursis, ont été requis mardi à Toulouse contre le Guyanais Odsonne Edouard pour avoir tiré sur un passant avec un pistolet à billes.
L'attaquant guyanais de 19 ans, qui nie être l'auteur des faits, était en prêt au Toulouse FC cette saison pour continuer à progresser avant de retrouver son club formateur. Mais depuis que cette affaire, qui illustre l'immaturité d'espoirs du foot gagnant déjà des sommes folles, a éclaté, Odsonne Edouard est plus habitué aux pages faits divers qu'aux pages sports. Mis à pied un mois par le club, il n'a plus été retenu depuis par Pascal Dupraz.
 

Avec ses parents 

Accompagné de ses parents dans la salle d'audience du tribunal correctionnel, le natif de Kourou en Guyane, en jean et chemise noire, a commencé par faire état de ses ressources mensuelles. "A peu près 30.000 euros", a-t-il répondu timidement à la présidente du tribunal qui lui a assuré ne "pas être du fisc".
 
 

Rappel des faits

Les faits remontent à février: Francis Guiral, 58 ans, travailleur social à la CPAM, se promène dans une avenue de Toulouse quand il est touché à l'oreille gauche par un projectile. S'en suivent des troubles anxieux et une perte d'audition estimée
à 21%. "C'est un peu déplorable, ce sont des adultes qui sont bien payés dans leur métier, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas respecter la personne humaine à ce point-là", a déclaré M. Guiral à la presse avant l'audience.
 
 

"S'amuser avec les copains"

La réplique de fusil à pompe à air comprimé incriminée, le jeune attaquant dit l'avoir achetée seulement pour "s'amuser avec les copains" à se tirer dessus sur le parking d'entraînement du TFC. Edouard avait fini par être placé en garde à vue en mars après avoir été identifié grâce à la plaque d'immatriculation de sa voiture. Avouant les faits dans un premier temps en raison de la "peur" ressentie lors de l'audition, a-t-il expliqué, il avait ensuite été innocenté par les aveux de l'un de ses coéquipiers, Mathieu Cafaro, jeune milieu de 20 ans. Ce dernier s'était accusé avant de se rétracter.

Devant les magistrats, Edouard et Cafaro, lequel a été convoqué comme témoin, ont maintenu leurs positions. "J'étais en train de conduire, Mathieu a pris l'arme, j'ai pas fait attention à ce qu'il faisait", a assuré Edouard. "Mais à quel moment doit-on vous croire Monsieur ?", lui a rétorqué la présidente du tribunal.
 
Cafaro, licencié depuis par le TFC, a reconnu pour sa part avoir seulement essayé l'arme sur un mur après être sorti de la sandwicherie du centre de Toulouse, où il avait déjeuné avec Edouard mais ne pas avoir été dans la voiture au moment du
tir.  La victime a assuré, elle, n'avoir vu qu'une personne dans la voiture, un conducteur de "type antillais", resté une minute sur place après le tir.

 
 "On ne s'amuse pas de tout, même quand on a 20 ans (...) C'est bien plus qu'une bêtise, c'est un acte délibéré"
La procureure Christine Chastenet, qui a également requis une amende de 6.000 euros et la confiscation des armes à air comprimé.
 

 
Le tribunal de Toulouse rendra son jugement le 4 juillet.