L’universitaire et président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) Louis-Georges Tin revient sur la question taboue des réparations aux descendants d’esclaves dans un recueil de textes consacrés à cette question.
« À l’évidence, la réparation était l’objectif principal de la loi Taubira » précise d’emblée Louis-Georges Tin dans son introduction. « La reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité n’était qu’un préalable. De ce principe découlait la réparation, conséquence tout à fait considérable. Mais, en commission des lois, les députés s’employèrent soigneusement à empêcher que le sujet ne figurât dans le texte définitif. De ce fait, le crime contre l’humanité devenait un crime parfait : sans victime, sans coupable ; partant, sans réparation. La loi Taubira demeura ainsi approuvée et mutilée. »
Dans son ouvrage, Louis-Georges Tin présente un choix de textes qui rappelle que la question des réparations a toujours été débattue en France et sur le plan international. De Nicolas de Condorcet et ses "Réflexions sur l’esclavage des Nègres" (1781) à Victor Schoelcher (1848) et Christiane Taubira (2001) en France, de Charles X (1825) à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide pour Haïti (2003), de la Chambre des représentants du Massachusetts (1783) à Malcolm X (1965) et Martin Luther King (1963) aux Etats-Unis, cette problématique refait inlassablement surface.
Quelque soit l’opinion qu’on ait sur le sujet des réparations, cette anthologie de référence permet de poser les termes du débat de façon claire et bien documentée.
"De l’esclavage aux réparations, les textes clés d’hier et d’aujourd’hui" - textes réunis et présentés par Louis-Georges Tin - éditions Les petits matins, février 2013, 192 pages, 5 euros.
Discrimination et mépris
En Europe, en Amérique du Sud, aux Antilles et aux Etats-Unis, la question des réparations fait toujours débat au sein des communautés noires dont les ancêtres furent réduits en esclavage. Les descendants d’esclaves n’ont pas oublié qu’après les abolitions, les propriétaires d’esclaves bénéficièrent quasiment partout de substantielles indemnités, et qu’une nation comme Haïti dut accepter de payer un tribu de 90 millions de francs or en 1825, une somme considérable à l’époque pour laquelle ce pays s’endetta jusqu’en 1946, afin de payer le "préjudice" invoqué par les colons français et garantir leur liberté. Les anciens esclaves, eux, n’obtinrent que des mesures de discrimination et du mépris.Dans son ouvrage, Louis-Georges Tin présente un choix de textes qui rappelle que la question des réparations a toujours été débattue en France et sur le plan international. De Nicolas de Condorcet et ses "Réflexions sur l’esclavage des Nègres" (1781) à Victor Schoelcher (1848) et Christiane Taubira (2001) en France, de Charles X (1825) à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide pour Haïti (2003), de la Chambre des représentants du Massachusetts (1783) à Malcolm X (1965) et Martin Luther King (1963) aux Etats-Unis, cette problématique refait inlassablement surface.
Quelque soit l’opinion qu’on ait sur le sujet des réparations, cette anthologie de référence permet de poser les termes du débat de façon claire et bien documentée.
"De l’esclavage aux réparations, les textes clés d’hier et d’aujourd’hui" - textes réunis et présentés par Louis-Georges Tin - éditions Les petits matins, février 2013, 192 pages, 5 euros.