Présidence UMP : un "coup monté" grâce à l’Outre-mer, qui fait des vagues

Dans le livre « Le coup monté », l'ex-président de la Commission de contrôle des opérations électorales (Cocoe) de l'UMP, Patrice Gélard, accuse implicitement Jean-François Copé et ses partisans d’avoir fait "oublier" les résultats des fédérations d’Outre-mer. Avant de se rétracter. 
"Le coup monté " (éditions Plon), des journalistes Bruno Jeudy (Le Journal du dimanche) et Carole Barjon (Le Nouvel observateur) est en librairie depuis hier. Et il commence à faire des vagues.
 

"Manipulation"

Selon les auteurs de l’ouvrage, qui expliquent avoir rencontré l'ex-président de la Cocoe au Sénat le mardi 8 janvier, ce dernier se serait dit convaincu que l'affaire des trois fédérations d’Outre-mer oubliées était "une manipulation" qui "a été montée" de toutes pièces, pour permettre à Copé de remporter l'élection à la tête du parti face à François Fillon.
           
"On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est un coup monté", affirme dans le livre le sénateur qui avait proclamé la victoire de Jean-François Copé avec 98 voix d'avance le lundi 19 novembre avant de reconnaître deux jours plus tard "l'oubli" de trois fédérations d'Outre-mer dans le décompte des résultats. Un oubli qui reconnaîtra-t-il ensuite dans un communiqué, "aboutirait vraisemblablement à une inversion du résultat final".
           

Qui serait responsable ?

Selon cette affirmation de M. Gélard, qui n'est étayée par aucune preuve concrète, la non-prise en compte des trois fédérations d'Outre-mer dans le calcul final des résultats ne relèverait pas d'un simple oubli mais aurait été intentionnelle.
           
Qui serait alors, selon lui, responsable de ce "coup monté" ? Le doyen Gélard lâche les noms de "Jérôme Lavrilleux" et "Eric Césari", respectivement directeur de cabinet de Jean-François Copé et directeur général de l'UMP. Puis, après un silence, le sénateur précise sa pensée en soulignant que les deux hommes sont "tous deux dévoués à leur chef Copé auquel ils obéissent". Une mise en cause implicite de l'actuel président de l'UMP.
           
Comment a-t-il pu personnellement laisser passer une telle erreur ? "On n'avait pas assez de moyens matériels et l'équipe mise à notre disposition était insuffisante", plaide ce professeur de droit.
           

"J’ai été enfumé"

Il explique que lors de la soirée électorale du 18 novembre, il avait "demandé trois fois les PV des trois départements d'Outre-mer". "Chaque fois, on m'a répondu : ‘pas de problème, ils sont comptabilisés avec les résultats Français de l'étranger et d'Outre-mer’". Il n'a alors pas insisté et dit s'en vouloir aujourd'hui.
           
"J'aurais dû additionner moi-même les voix des Français de l'étranger et celles des fédérations d'Outre-mer". "Je n'ai jamais eu le listing complet avec la totalité des fédérations", se plaint-il encore dans le livre. "J'en ai marre d'être le bouc émissaire de quelque chose qui m'a échappé. J'ai été enfumé", déplore Patrice Gélard.
           
"Seuls, la justice, si un militant quelconque de l'UMP décidait de la saisir, ou bien le remords tardif de l'individu responsable de ce que M. Copé appelle ‘une erreur matérielle’ pourraient faire la lumière complète sur cette affaire", concluent les auteurs du livre.
 

Suite judiciaire

Cependant, Patrice Gélard a contesté jeudi avoir tenu les propos qu’on lui prête dans le livre. Dans un communiqué à l'AFP, le sénateur de Seine-Maritime a nié "formellement avoir tenu tous les propos mettant en cause M. Copé" et deux de ses proches, affirmant que ces "paroles ont été déformées par les journalistes", auteurs de l'ouvrage, et qu'il "envisage de donner une suite judiciaire à cette affaire". Contacté auparavant par l'AFP, l'entourage de M. Copé n'avait pas souhaité réagir.
           
Les auteurs du livre, Bruno Jeudy et Carole Barjon, ont de leur côté réaffirmé la véracité des citations et du déroulement précis de leur entretien avec Patrice Gélard, tel qu'ils l'ont rapporté, se disant prêts à prouver leur bonne foi en justice.