Des ministres démis de leurs fonctions, des présidents sans majorité, des coups de théâtre nés d'alliances inédites: depuis la victoire de l'indépendantiste Oscar Temaru contre l'autonomiste Gaston Flosse, en 2004, la Polynésie française est en proie à l'instabilité politique.
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Avant la grande valse des années 2004-2013, la Polynésie avait été marquée par 13 années d'affilée de présidence sans partage de Gaston Flosse (1991-2004), sous la protection de son grand ami Jacques Chirac, d'abord Premier ministre de cohabitation puis président de la République.
13 gouvernements en 9 ans
Depuis la victoire surprise de Temaru, le 23 mai 2004, treize gouvernements, en incluant les remaniements ministériels, se sont succédé, le plus souvent au gré des changements d'alliances à l'assemblée. Dans cette collectivité d'outre-mer autonome, les électeurs votent pour leurs représentants à l'assemblée, élus pour 5 ans, qui choisissent ensuite le président du gouvernement de la Polynésie.
Rétablir la stabilité politique
Depuis 2004, Oscar Temaru a été président cinq fois (en 2004, 2005, 2007, 2009, 2011), Gaston Flosse deux fois (2004, 2008) et Gaston Tong Sang (UMP) trois fois (2006, 2008, 2009). Certains de ces gouvernements n'ont été aux affaires que quelque mois.
En 2007, le secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer, Christian Estrosi (UMP), a proposé une loi visant à "rétablir la stabilité politique de la Polynésie". C'est un échec: le retour aux urnes, en février 2008, ne permet à aucun leader de dégager une majorité absolue. La présidence est même obtenue par Gaston Flosse, pourtant grand perdant des élections, grâce à une alliance de circonstance avec ...Oscar Temaru! Son gouvernement ne durera que deux mois.
Une valse à trois temps
Gaston Tong Sang (UMP) lui succède pour dix mois, puis à nouveau Temaru pour neuf mois, puis à nouveau Tong Sang pour seize mois jusqu'en avril 2011. A ce moment-là, Gaston Tong Sang démet de leurs fonctions six ministres refusant de contresigner son budget, alors qu'il gouverne déjà sans majorité depuis plusieurs mois. Il ne contrôle plus que 9 sièges sur 57 à l'assemblée. Mais l'opposition ne parvient pas à le renverser, faute de s'entendre sur le nom de son remplaçant. Le 1er avril 2011, l'indépendantiste Temaru lui ravit à nouveau la place qu'il occupe depuis.
Crise politique...et économique
Le 30 juin de la même année, une loi organique est enfin adoptée à Paris par le Parlement pour mettre fin à cette instabilité chronique, préjudiciable à la bonne marche de la collectivité qui s'enfonce par ailleurs dans une crise économique. Cette loi réforme le mode de scrutin en réintroduisant une prime
majoritaire et limite les motions de défiance.