Madagascar: l'un des Européens lynchés avait un passeport italien, selon les autorités locales

L'un des deux Européens lynchés et brûlés par la foule jeudi matin à Nosy Be, une île touristique de Madagascar, avait un passeport italien, a déclaré vendredi le chef de district Malaza Ramanamahafahy.
"J'ai vu son passeport, il a la nationalité italienne", a-t-il dit à l'AFP, soulignant que le visa de l'homme, Roberto Gianfala, était périmé et qu'il se trouvait en situation irrégulière à Madagascar. Le chef de district n'a pas pu confirmer si la victime avait également la nationalité française, comme l'avait indiqué la veille la gendarmerie.
 

Torturés, lynchés, brûlés 

Cet Italien et un Français -- Sébastien Judalet -- étaient soupçonnés par la population locale d'avoir enlevé et mutilé un enfant. Ils ont été torturés, lynchés et leurs corps brûlés sur la plage. Sébastien Judalet était entré à Madagascar le 15 septembre avec un visa de tourisme de 60 jours, selon le chef de district qui a vu son passeport. Le document montre qu'il faisait de fréquents séjours dans le pays. L'identité des deux victimes a été confirmée par la gendarmerie. Dans la soirée de jeudi, un troisième homme, un Malgache, lui aussi soupçonné d'être impliqué dans la mort de l'enfant, a également été tué par la foule et brûlé. Selon les premiers éléments de l'enquête, il était soupçonné d'avoir déjà vendu auparavant un de ses enfants.
 

Situation calme 

Sur l'île de Nosy Be, la situation était calme vendredi au lever du jour. Les rues étaient jonchées de restes des barrages en feu érigés ces deux derniers jours par les émeutiers. Les gens circulaient normalement et les petits commerces de quartiers étaient ouverts. La rumeur courait néanmoins qu'un quatrième homme, un propriétaire d'hôtel, était recherché par la population, en lien avec la mort de l'enfant.
 

Délégation interministérielle sur place 

Selon le chef de district, une délégation interministérielle est arrivée sur place, composée du secrétaire d'Etat à la gendarmerie Thierry Randrianazary, du ministre des Affaires Etrangères par intérim Ulrich Andriantiana et du ministre de l'Intérieur Florent Rakotoarisoa. Ils devaient tenir une réunion avec les notables de la ville dans la matinée avant de rendre visite a la famille de l'enfant décédé. Ensuite, a indiqué le chef de district, "nous allons voir les familles des deux personnes tuées par balles".
 

Nombreuses rumeurs  

Jusqu'à présent, les autorités n'avaient toujours fait état que d'un tué par balles, lorsque la gendarmerie avait ouvert le feu pour se protéger des 
émeutiers mercredi soir. En ville, certains évoquent jusqu'à cinq personnes tuées par balles, sans qu'il soit possible de vérifier ces affirmations. Le consulat de France a envoyé un message vendredi matin à ses ressortissants indiquant que le calme était revenu à Nosy Be.  "Mesure de confinement levée de jour mais vigilance maintenue. Tous déplacements déconseillés dès la nuit tombée", indique ce message reçu par texto par l'AFP.
Le Quai d'Orsay précise que la deuxième victime avait la double nationalité
Selon le ministère des Affaires étrangères, les deux morts sont un Français et un Franco-Italien. La deuxième victime avait la double nationalité.  
"Je vous confirme que deux de nos ressortissants sont décédés. Nous sommes en contact avec les familles", a déclaré à la presse le porte-parole du quai d'Orsay, Philippe Lalliot, précisant que l'un d'eux était franco-italien.  "Nous comptons sur la justice malgache pour faire la lumière sur ces évènements. Une enquête a été ouverte par les autorités malgaches. Selon nos informations, six personnes auraient été arrêtées", a-t-il ajouté. "On a des informations partielles. L'un d'entre eux était installé à Nosy Be depuis le printemps dernier. L'autre depuis une date plus récente", a ajouté le porte-parole.