Violentes manifestations en Haïti contre le président Michel Martelly

Des manifestants à Port-au-Prince, le 18 novembre 2013
La police haïtienne a fait usage de balles et de gaz lacrymogène lundi à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien pendant des heurts avec des manifestants hostiles au président Michel Martelly. Au moins six personnes ont été blessées par balles, selon la responsable d’une association.
Au moins six manifestants de l'opposition ont été blessés par balles par la police au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, a déclaré à l'AFP Kettly Julien, responsable de l'Institut mobile d'éducation démocratique. Plus tôt dans la journée, des journalistes avaient également évoqué un autre manifestant blessé par balles, toujours au Cap-Haïtien.
 

Dix mille manifestants

Dans la capitale Port-au-Prince, quelques 10.000 protestataires étaient réunis dans le centre et tentaient à la mi-journée de se rendre dans le quartier de Pétion-Ville, où des partisans du président Michel Martelly manifestaient eux aussi.
 
Des rassemblements de protestation contre le président haïtien étaient organisés dans plusieurs villes. Outre la démission de M. Martelly, les manifestants réclamaient de meilleures conditions de vie. Certains brandissaient des drapeaux haïtiens, d'autres des assiettes et des cuillères, pour réclamer de la nourriture aux autorités. Face à eux, la police et les troupes de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) avaient été déployées en nombre.
 
La police a notamment fait usage de gaz lacrymogène lundi à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien pendant des heurts avec des manifestants. Les forces de l'ordre ont également dû empêcher des groupes de partisans du président de s'en prendre aux opposants, notamment à Pétion-Ville, une commune proche de Port-au-Prince considérée comme le fief de Michel Martelly.
 
Au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, des journalistes locaux ont affirmé avoir été frappés par les forces de l'ordre, en marge d'un rassemblement de l'opposition que la police a tenté de disperser à l'aide de gaz lacrymogène.
 

Appel au calme

Dans la matinée, des heurts ont éclaté entre des étudiants hostiles au chef de l'Etat et la police nationale haïtienne dans le centre de Port-au-Prince. Les agents ont fait usage de gaz lacrymogène.
 
En déplacement au Cap-Haïtien, où il commémorait une date historique de la guerre d'indépendance d'Haïti, Michel Martelly a lancé un appel au calme : "C'est dans le dialogue et la tolérance que nous sortirons Haïti du sous-développement, de l'ignorance et de la misère".
 
Ces dernières semaines, les rassemblements anti-gouvernementaux se sont multipliés et ont donné lieu à des heurts avec les partisans du chef de l'Etat, en poste depuis mai 2011. Ce dernier doit par ailleurs faire face à de nombreuses pressions politiques pour organiser des élections sénatoriales et locales crédibles, en retard de plus de deux ans.
 
Au début du mois, un cortège de l'opposition avait ainsi essuyé des jets de pierres et des tirs de la part de supporteurs présumés de M. Martelly, faisant au moins trois blessés par balles.