Victor François, 23 ans, de Mayotte à... la planète Mars ?

Victor François à Mayotte
Victor François fait partie des 1058 candidats sélectionnés pour participer au projet Mars One. Cet instituteur de Mayotte, natif de La Réunion et qui a vécu en Guadeloupe a accueilli la nouvelle avec joie. Il se voit bien partir sur Mars, même s'il ne doit pas revoir la Terre. 
- La1ère.fr : Pourquoi avez-vous posé votre candidature au projet Mars One ?
Victor François : Depuis tout petit, je suis passionné par l'espace. Quand j'ai vu en juin dernier la publicité de Mars One en me baladant sur internet sur un site scientifique, je me suis dit qu'il ne fallait pas laisser passer cette chance. Je rêve de cette aventure sur Mars. En plus, il y a dans ce projet, l'idée de partager cette expérience à plusieurs. Certes, on y va tout en sachant qu'on ne reviendra pas, mais j'ai l'espoir que technologiquement, il sera possible de revoir la Terre. De toute façon même s'il n'y a pas de retour possible, je suis partant. 

- Quand avez-vous appris la nouvelle de votre sélection ? 
Jeudi dernier, je revenais du ski, j'ai ouvert mon ordinateur et là, j'ai vu le mail : "bravo, vous faites partie des 1058 candidats sélectionnés". J'ai sauté de joie. 
En revanche, ma mère et ma grand-mère étaient moins contentes... Quant à mon amie, infirmière à Mayotte, elle n'est pas, non plus, très enthousiaste, elle essaie de ne pas trop y penser. 

- A votre avis, pourquoi votre candidature a-t-elle été retenue parmi les 220 000 postées ?
Mars One demandait à ses candidats de faire preuve d'humour et de montrer un caractère sociable. J'ai donc fait appel à un ami réalisateur avec lequel j'ai étudié à Supinfo (Ecole d'ingénieur en informatique à Metz) et ensemble on a fait une vidéo en juillet-août dans laquelle j'essaie en vain d'aller en ULM sur Mars.  J'ai ensuite posté ce film sur le site de Mars One comme cela était indiqué.  

Victor François Mars One
- Quelle est la prochaine étape ?
Et bien hier, lundi, j'ai reçu un nouveau mail. Cette fois, c'est le Docteur Kraft, le "Chief Medical" qui m'écrivait. Il me faut maintenant remplir un dossier médical complet avant le 8 mars.  Je dois faire des analyses de sang, d'urine, voir un ophtalmo, faire vérifier mes articulations par un médecin. Bref, dès que je rentre à Mayotte demain, je m'en occupe. Mais quand je vais dire à mon médecin que je fais tous ces examens pour partir sur Mars, il risque de me faire interner !

- A Mayotte où vous êtes instituteur, est-ce que vos élèves sont au courant de votre projet d'aller sur Mars ?
Oui, je leur en ai parlé et ça a été une occasion parfaite pour leur expliquer une séquence entière sur le système solaire. J'ai une classe de CM1 à Mamoudzou. Ils sont trente. Certains d'entre eux, près de la moitié, ne maîtrisent pas bien le français, mais là, en leur parlant d'espace, ils ont été captivés, même les filles, qui sachant que leur maître était partant pour Mars se sont intéressées au sujet. 

- Vous aimez votre métier d'instituteur ?
J'adore ce métier. C'est toujours ce que j'ai voulu faire. A Mayotte, on manque cruellement de moyens, les écoles sont en mauvais état mais les enfants sont extraordinaires. Ils ont soif de connaissance. Une fois, j'ai été malade et certains venaient toquer à ma porte. Ils voulaient faire école chez moi. 

- Est-ce que vous avez une idée précise de l'agenda du projet Mars One ?
Non pas vraiment. On a les grandes lignes, mais très peu d'informations. C'est peut-être une très grosse blague... Sur le site, on explique que la première mission doit avoir lieu en 2018 sans hommes afin d'installer les premiers modules. Ensuite, en 2023, le premier équipage de quatre hommes doit partir pour Mars et ainsi de suite, tous les deux ans. 

- Est-ce que le fait que ce projet néerlandais soit financé par de la télé réalité payante ne vous gène-t-il pas ?
Je n'ai jamais regardé de télé réalité. A Mayotte, on est coupé de tout ça. Mais si c'est le prix à payer pour aller sur Mars, être filmé en permanence, ce n'est pas grave. On fera avec.

- Comment imaginez-vous la vie sur Mars ?
C'est très difficile à imaginer : pas de vent, pas de chants d'oiseaux. On va créer des lieux d'habitation et de travail. Ce sera comme dans un film de science-fiction.

- Un départ prévu en 2023, si vous êtes sélectionné, cela vous laisse dix ans. Que comptez vous faire ?
J'ai bien envie de découvrir la Terre. Je me suis fait une liste. En février prochain, je vais passer deux semaines à La Réunion et faire de la randonnée. Je ne connais pas très bien mon île natale que j'ai quittée à l'âge d'un an. J'aimerais aussi gravir l'Everest, le Kilimandjaro. Je voudrais courir un marathon et visiter l'Amérique latine. Côté professionnel, je souhaiterais dans l'avenir obtenir une mutation à Saint-Pierre-et-Miquelon puis en Nouvelle-Calédonie. Ensuite, j'aimerais devenir professeur de Français et partir enseigner en Afrique. 

Vous pouvez suivre les aventures de Victor François grâce à son compte twitter @VictorMarsOne