Le PDG de Total entame-t-il un bras de fer sur le décret carburants ?

Christophe de Margerie, PDG de Total, lors de son audition à l'Assemblée nationale
Christophe de Margerie, PDG de Total, actionnaire de la SARA, était auditionné ce matin par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Il n'a pas démenti les rumeurs sur un risque de rupture d'approvisionnement à venir aux Antilles. 

Rupture d'approvisionnement aux Antilles Guyane ?

C'est Gabriel Serville, député de Guyane, qui a interpellé le PDG de Total sur "une rumeur qui circule aux Antilles et en Guyane". Selon cette rumeur, la SARA, dont Total est actionnaire à hauteur de 50%, aurait décidé de ne plus commander de navires de carburants, ce qui engendrerait une rupture d'approvisionnement à un horizon très proche. "Rassurez les habitants !" a lancé Gabriel Serville.
Voici la question du député de Guyane:


La réponse du PDG de Total

En guise de réponse, Christophe de Margerie n'a pas véritablement démenti la rumeur, même s'il a lancé "On ne va pas assécher le pays". Il a expliqué ceci: "A partir du moment ou vous êtes menacés de représailles si vous ne vous soumettez pas, il y a des moments ou il faut qu'on montre non pas nos dents, mais ce qui se passerait si nous n'étions pas là. Oui, cela a un coût d'acheminer des bateaux avec du carburant..."
La réponse de Christophe de Margerie (à partir de 5'45):


Critiques sur le décret Lurel...

Le PDG de Total est revenu sur le fond du décret Lurel, publié au Journal Officiel fin décembre, et dont les arrêtés de méthode sont en cours de négociation. Il a affirmé qu'il ne comprenait "pas pourquoi, trois sans seulement après le décret précédent", il fallait établir de nouvelles règles. "On fait face à une volonté politique. Le ministre veut réduire notre rentabilité. On peut toujours tout réduire, mais il y a un moment ou ça bloque..."
Interrogé par la députée socialiste de La Réunion Ericka Bareigts sur la nécessité de transparence du marché des carburants, le PDG de Total a rétorqué qu'il n'était pas envisageable "d'ouvrir tout le système. Vouloir aller regarder le prix de revient, NON ! Nous n'allons pas vous donner tout notre système de logistique mondiale."  


...Mais la porte est entrouverte ! 

Toutefois, Christophe de Margerie a laissé entendre du bout des lèvres que la porte était entrouverte: "On est prêts à accepter une réduction de notre rémunération, mais pas n'importe laquelle (...) Il s'agit maintenant de clairement discuter et de voir ce qu'on peut accepter, sans se battre".
Le PDG de Total a ensuite rappelé que la création de la SARA a été "décidée par le Général de Gaulle pour assurer l'approvisionnement des îles. Ce n'est pas nous qui l'avons décidée. Elle a été faite pour servir un peu de service public. Mais est-il normal que la rémunération qu'on veut donner aux actionnaires de la SARA soit inférieure à ce qu'on donne à EDF en France en rémunération de ses services publics ? "