Trois chasseurs de trésor manquent de perdre la vie en Polynésie

Anuanurunga, atoll des îles du Duc de Gloucester dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française
C'est l'histoire de trois aventuriers partis à la recherche d'un trésor perdu aux Tuamotu, en Polynésie française. Il y a trois semaines, ils ont perdu leur cargaison et ont dû passer 15 jours sur un atoll inhabité. Sans l'intervention des secours, l'un d'entre eux aurait bien pu perdre la vie.
Ça aurait pu très mal se finir. Trois chasseurs de trésor, deux Français et un Australien, ont risqué leur vie à la recherche d'un butin de pirates aux Tuamotu, en Polynésie française. Ils ont passé 15 jours, presque sans vivres, sur un atoll inhabité, et l'un d'eux a dû être secouru par hélicoptère mercredi dernier. L'affaire est rapportée par La dépêche de Tahiti.


Trois tonnes d'or disparues ?

Après 20 ans d'enquête, le Français Albert Mata est convaincu que la cargaison de la frégate Madagascar a été cachée par des pirates au milieu du XVIIIe siècle sur l'atoll d'Anuanuraro, une des îles du Duc de Gloucester, au sud de l'archipel des Tuamotu. Ce bateau chargé d'or, parti d'Australie en 1853, n'est jamais parvenu à Londres. Et aucun passager n'a jamais été retrouvé.

Avec son neveu, Benjamin Mata, et l'Australien Gerald Crowley, Albert Mata a monté une expédition, dont il évalue le coût à 70.000 euros, pour retrouver les trois tonnes d'or disparues. Départ le 17 mars dernier. Trois jours après, les aventuriers arrivent à proximité de l'atoll en catamaran, avec un skipper. Faute de passes (des interruptions dans le récif), ils ne peuvent accoster qu'avec deux petites annexes.

La mer agitée complique le débarquement : ils perdent une partie de leur matériel de prospection, la moitié de leur eau potable, et leur bidon de nourriture. Entretemps, le catamaran est reparti, ils ne peuvent plus le joindre avant son retour, 15 jours plus tard.


Scénario catastrophe

Les trois hommes n'ont pu sauver que 30 citrons, quelques rares boîtes de sauce tomate et de corned-beef. En explorant l'atoll, ils trouvent un sac d'un kilo et demi de riz abandonné par des Polynésiens venus récolter du coprah. "On l'a rationné, ça nous a fait une demi-tasse à café chaque soir", se souvient Albert Mata. "Gerald et moi, on a perdu 10 kilos, mais on avait surtout peur de manquer d'eau", confie-t-il. "Heureusement, il a plu au bout d'une semaine".

Leurs détecteurs de métaux sont hors d'usage, et d'ailleurs, les chercheurs de trésor pensent avant tout à leur survie : ils pêchent, prennent quelques poissons, ouvrent des noix de coco, soignent les blessures quotidiennes avec la pharmacie, qui a pu être sauvée.

Le 4 avril, le catamaran revient, comme prévu. Mais l'océan est encore agité. Les deux annexes chavirent et il sont contraints de passer une nuit de plus sur l'atoll. Le lendemain, ils réessayent : une annexe se renverse et l'équipier australien se blesse à la tête. "Il pisse le sang", raconte Albert. "Je décide de laisser mon neveu sur l'atoll, et de ramener Gerry sur le cata. On finit par passer par-dessus les déferlantes, et on y arrive".


L'arrivée des secours

Malgré plusieurs tentatives, il ne parvient cependant pas à récupérer Benjamin. Le téléphone satellite est en panne. La mort dans l'âme, le skipper et les deux aventuriers décident d'aller chercher du secours à Tahiti, à deux jours et demi de bateau.

De son côté, Benjamin est surpris de voir le bateau s'éloigner, mais ne panique pas. Il va survivre seul pendant encore trois jours, avant qu'un avion de l'armée lui largue un conteneur de survie, puis qu'un hélicoptère vienne à son secours. Ce sauvetage a coûté 115.000 Euros à l'Etat, selon le MRCC, chargé des secours en mer dans cette collectivité française du Pacifique.



Au final, les trois hommes sont parvenus à récupérer quelques débris, des clous, des morceaux de vaisselle. Ils en sont sûrs, ils proviennent du Madagascar. A cours d'argent, ils ne peuvent pas remonter d'expédition. Ils quitteront Tahiti le 17 avril, mais ne désespèrent pas de revenir à Anuanuraro, s'ils trouvent mécène.