23 mai : des milliers de personnes réunies à la Bastille dans une ambiance festive

La chanteuse de Kassav, Jocelyne Beroard, vendredi 23 mai à Paris
Pari réussi pour le Comité Marche du 23 mai 1998. Malgré la pluie, des milliers de personnes se sont réunies vendredi, place de la Bastille à Paris, pour commémorer les victimes de l’esclavage colonial. Les artistes Kassav, Admiral T ou E.sy Kennenga ne sont pas étrangers à ce succès.
"Admiraaaaaaaal !" s’égosillent les fans d’Admiral T. Le chanteur guadeloupéen participait au concert organisé vendredi par le Comité Marche du 23 mai 1998 à Paris (CM98) à l’occasion de la 16e commémoration des victimes de l’esclavage colonial. Une dizaine d'artistes faisait partie du show : de Chris Combette à E.sy Kennenga, en passant par Kassav ou Dédé Saint-Prix. Malgré une pluie diluvienne, entre 3000 personnes (selon la police) et 15000 (selon les organisateurs) se sont rassemblées la place de la Bastille, dans une ambiance de fête.

 

"C’est important de savoir d’où l’on vient"

Pour ces deux jeunes filles de 14 et 21 ans, d'origine martiniquaise, le 23 mai est une "date importante".
Au premier rang : Géraldine, 14 ans, d’origine martiniquaise (à gauche sur la photo ci-contre). Est-elle venue uniquement pour voir son idole ? "Non ! aussure-t-elle. Pour les deux. Pour Admiral T, et pour le 23 mai !" Elle n’était pas née lors de la marche de 1998, qui avait rassemblé près de 40.000 Antillais dans les rues de Paris pour les 150 ans de l’abolition de l’esclavage. Mais selon la jeune Géraldine, ces commémorations ont du sens. "C’est important de savoir d’où l’on vient", avance-t-elle.
 
Même discours pour Marysa, 44 ans. Cette Guadeloupéenne tenait à se rendre sur la place de la Bastille, vendredi. Pour voir Kassav, certes, mais  pas seulement. Au fil de la discussion, elle arbore le document qui lui permettra d’en savoir davantage sur l’identité de ses ancêtres. Plus tôt dans la journée, elle a retrouvé le matricule d’esclave associé à son nom de famille, grâce à un atelier dédié à la recherche des aïeuls. Un stand qui a rencontré un franc succès auprès du public. "Vous voyez, explique la Guadeloupéenne, je n’ai plus qu’à me rendre à la mairie de Baie-Mahault avec ce document, et on pourra m'en dire plus sur mes ancêtres".
 
Cette Guadeloupéenne arbore le document qui lui permettra de découvrir qui étaient ses ancêtres


"Le 10 mai, ça ne parle à personne"

Selon ces deux Antillaises de 27 et 25 ans, le 23 mai devrait être un jour férié
Le 23 mai 1998, Marysa faisait partie des marcheurs à Paris, c’est une date qui lui tient à cœur. Qu’ils aient participé ou non à cette manifestation il y a 16 ans, ils sont nombreux à vouloir en faire un jour férié. Céline, une Martiniquaise de 27 ans (à gauche sur la photo ci-contre), trouve que ce serait "un bon compromis entre le 22 mai en Martinique et le 27 mai en Guadeloupe ! [les dates respectives de l'abolition de l’esclavage dans ces deux départements, ndlr]". Entre deux morceaux d'E.sy Kennenga, elle poursuit, catégorique : "Le 10 mai, ça ne parle à personne".
 
Tous les artistes ont eu un mot sur ces commémorations, à commencer par le groupe Kassav. Après avoir enflammé le public pendant près d’une heure, la chanteuse, Jocelyne Beroard, a invité les spectateurs à se rassembler chaque 23 mai. Elle fait partie des membres historiques du CM98.

 

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