L'avenir politique de Gaston Flosse entre les mains de la Cour de cassation

L'avenir politique de Gaston Flosse, sénateur et président de la Polynésie Française, va se jouer devant la Cour de cassation qui examine mercredi son pourvoi contre une condamnation le privant de ses droits civiques.
L'homme fort de la Polynésie Française avait été condamné le 7 février 2013 en appel à quatre ans de prison avec sursis, 125.000 euros d'amende et trois ans de privation de ses droits civiques pour prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics dans une vaste affaire d'emplois fictifs.
Son pourvoi, qui suspend l'application de cette condamnation, lui a permis de se présenter en avril et mai aux élections territoriales, qu'il a largement remportées avec 41,11% des suffrages devant le président sortant Oscar Temaru (29,26%).

Privé de tous ses mandats ?

Mais si la Cour de cassation suit les réquisitions du parquet général, Gaston Flosse sera alors privé de tous ses mandats, ce qui, à l'âge de 83 ans, pourrait bien signifier la fin de sa longue carrière politique.
Son principal adversaire dans l'archipel, l'indépendantiste Oscar Temaru, avait regretté que les électeurs aient placé en tête "un homme plusieurs fois condamné par la justice, qui pourrait se retrouver en prison avant la fin de l'année et diriger le pays depuis sa cellule". Prudent, Gaston Flosse a déjà annoncé que son dauphin Edouard Fritch lui succèderait si inéligibilité était prononcée.

Le vieux lion

Surnommé "papa Flosse", le "vieux lion", voire "le vieux" par ses adversaires comme par ses partisans, Gaston Flosse est le Polynésien qui a exercé les plus hautes responsabilités nationales ayant été député, député européen, secrétaire d'Etat chargé du Pacifique et sénateur.

Président du plus grand parti autonomiste polynésien "Tahoeraa Huiraatira", il a été le premier président du gouvernement de la Polynésie française de 1984 à 1987 avant d'être réélu à plusieurs reprises lors des 14 changements de gouvernement qui ont suivi, sa dernière élection datant du 17 mai 2013.

Mais ce grand ami de l'ex-président Jacques Chirac avec lequel il a co-fondé l'ex-RPR et qui l'a toujours soutenu politiquement, est aussi l'un des hommes politiques les plus poursuivis par la justice de la Ve République avec près d'une dizaine d'affaires jugées ou en cours.

L'affaire de l'OPT

Il comparait d'ailleurs cette semaine devant la cour d'appel de Papeete dans l'affaire de l'OPT (Office des Postes et télécommunications) où la justice lui reproche d'avoir favorisé un homme d'affaires sur des marchés publics en échange d'une enveloppe de 1,6 million d'euros en liquide.

Emplois fictifs

Dans la procédure examinée par la Cour de cassation, la justice reproche à M. Flosse d'avoir recruté pendant une dizaine d'années, à compter de 1995, de nombreux agents en contrats de cabinet qui étaient mis à la disposition de communes, de syndicats ou d'associations. Pour l'accusation, ces agents auraient été embauchés en raison de leur proximité avec le parti de Gaston Flosse, ou dans le but de les inciter à rallier sa formation.

En revanche, pour l'avocat de Gaston Flosse, Me François Quinquis, ces mises à disposition n'ont rien d'illégal: "ces agents de cabinet font partie de l'administration" et "ont la possibilité de bénéficier d'une délégation de signature. Il y a un arrêté qui permet la mise à disposition d'agents aux syndicats par exemple", a-t-il fait valoir mardi auprès de l'AFP.

"Une rafale de procédures"

Gaston Flosse se dit victime d'un acharnement judiciaire: "Je fais l'objet d'une rafale de procédures (...) avec pour seul but de m'abattre". Le sénateur attribue ses ennuis judiciaires à son combat politique pour l'autonomie de la Polynésie dans la République française.