Soixante-dix ans après les faits, sept anciens combattants des Outre-mer ont participé à la commémoration du débarquement de Provence, vendredi 15 août. Ils faisaient partie des vétérans invités à Toulon à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Tout un symbole.
Léia Santacroce•
"On voulait que je fasse secrétaire. Mais moi, je m’étais engagée pour être am-bu-lan-cière !", raconte avec vigueur la Réunionnaise Marguerite Jauzelon, 97 ans, sous son élégant chapeau à plumes. Elle fait partie des sept anciens combattants ultramarins qui ont participé, vendredi, au 70e anniversaire du débarquement de Provence, à bord du porte-avions Charles de Gaulle, à Toulon.
Ecoutez le récit de Marguerite Jauzelon au micro d'Hélène Faucher pour Radio Outre-mer 1ère :
Marguerite Jauzelon, ambulancière réunionnaise pendant la Seconde Guerre mondiale
Affublée d'un élégant tailleur rose pale, elle revient sur son engagement dans l’armée libre, en novembre 1943. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a quitté sa Réunion natale pour rejoindre Madagascar, puis l’Afrique du Nord. Le 23 août 1944, elle débarque en Provence et entame un long périple – au volant de son ambulance – qui l’a menée jusqu’en Allemagne.
Dans le grand hangar du porte-avions, non loin de la Réunionnaise, se tient le Guadeloupéen Edmond Sainsily, 91 ans. C’est sa première virée à bord du Charles de Gaulle. "C’est TRÈS symbolique. De Gaulle, il représente TOUT pour moi !" ,s’emporte-t-il, en écarquillant ses yeux bleu marine.
Ecoutez le témoignage d'Edmond Sainsily au micro d'Hélène Faucher pour Radio Outre-mer 1ère :
Le Guadeloupéen Edmond Sainsily, engagé dans les Forces Françaises Libres pendant la Seconde Guerre mondiale
Si cette reconnaissance tardive le touche beaucoup, il se désole que tous n’aient pas été décorés, comme lui. "Certains ont été oubliés, assure-t-il. Pourtant, ils se trouvaient dans le même petit canot que moi quand j’ai quitté la Guadeloupe pour rejoindre la Dominique !". Edmond Sainsily appartenait au 21ème groupe antillais de défense contre avions. Dans la nuit du 15 au 16 août 1944, il a fait partie des milliers d’hommes qui ont débarqué dans la baie varoise de Cavalaire.
D’autres, comme le Martiniquais Raymond Marin Loza (91 ans) ou la Guyanaise Jeanne Catayée (93 ans), se sont engagés dans la Seconde Guerre mondiale, mais n’ont pas participé aux opérations du débarquement de Provence. Qu’importe, l’Etat a tenu à leur rendre hommage en les invitant à bord du porte-avions. Pour ces nonagénaires, c’est un symbole de poids.
Ecoutez les propos de la Guyanaise Jeanne Catayée au micro d'Hélène Faucher pour Radio Outre-mer 1ère :
La Guyanaise Jeanne Catayée, engagée volontaire dans les forces alliées en 1944
Pourquoi n'y avait-il aucun représentant du Bataillon du Pacifique ?
Comme plusieurs internautes l'ont fait remarquer à La1ere.fr sur les réseaux sociaux, il n'y avait aucun ancien combattant du Pacifique lors de ces cérémonies du 15 août 2014. Des vétérans du Bataillon du Pacifique avaient pourtant été conviés. Ces derniers ont décliné l'invitation à cause de la distance et de leur grand âge, nous a-t-on expliqué au ministère des Outre-mer. François Hollande leur a rendu hommage dans son discours au mémorial du Mont-Faron.
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Des vétérans ultramarins sur le Charles de Gaulle pour commémorer le débarquement de Provence