Noël approche, les étagères des magasins de jouets n'ont jamais été aussi fournies qu’à cette période de l’année. Pourtant, les poupées noires sont toujours absentes des rayons "Barbies".
Léia Santacroce•
Trois grandes enseignes de jouets à Paris, pas une seule Barbie noire. C’est le constat dressé par la1ere.fr à l’approche de Noël après avoir écumé plusieurs grands magasins de la capitale. Sur plus de deux cents modèles recensés ce jour-là, une seule poupée mannequin a le
teint légèrement hâlé. Les vendeurs sont les premiers surpris : "Vous avez raison, on n’en a pas…, constatent-ils, l’air contrit. C’est bizarre quand même !".
Bizarre ? "Pas normal", analyse la Guadeloupéenne Rosine Mondor, présidente de l’association "Poupées des Tropiques". "Ça va faire cinq ans que je vends des poupées noires avec mon association. Je me rends presque tous les jours dans les grands magasins pour traquer la concurrence. Pour le moment, je peux vous dire qu’il n’y a rien à craindre ! déplore Rosine. C’est incroyable qu’on n’en trouve pas dans le commerce… Les poupées noires, c’est un vecteur de tolérance pour les enfants !".
Pourtant, les Barbies noires existent bel et bien. "Mattel (la marque américaine qui commercialise Barbie) a lancé sa première poupéenoire en 1967 aux Etats-Unis, explique Rosine Mondor à grands renforts de panneaux pédagogiques (à consulter en bas de page).
Mais ce n’était qu’une simple version en couleur et un peu typée de la poupée Barbie". D’après notre spécialiste ès poupées, il aura fallu attendre 1979 pour voir apparaître la première Barbie noire avec des traits plus ressemblants et des cheveux crépus (voir la photo ci-contre).
Dans les années 2000, exit la coupe afro, place aux longs cheveux lisses et aux nez très légèrement épatés. Grosso modo, les Barbies n’ont de noir que la peau. "C’est pourquoi j’apprends aux enfants à crêper les cheveux de leurs poupées !", insite Rosine Mondor, qui a appris une technique imparable sur Internet.
Malgré l'uniformisation des Barbies noires, elles n’en accèdent pas moins aux univers "traditionnels" : la mode, les princesses, les métiers de vétérinaire, de cosmonaute, etc (voir la photo ci-dessus). Problème, ces modèles ne traversent pas (ou peu) l’Atlantique. Rosine Mondor importe donc toutes ses Barbies des Etats-Unis. Elle affirme en vendre une vingtaine par an, aussi bien à des collectionneurs qu’à des enfants.
L'histoire des poupées noires par Rosine Mondor (les Barbies pages 6 et 7)