A Laval, l’ESIEA, l’école d’ingénieurs à la réunionnaise "touch"

Etudiants réunionnais à l'ESIEA (Ecole d'ingénieurs du monde numérique)
Cela fait 15 ans que l’ESIEA a tissé des liens avec La Réunion. Chaque année, un élève et un représentant de l’école se rendent sur l’île pour vanter les mérites de cette école d’ingénieurs. Du coup, beaucoup de jeunes Réunionnais se retrouvent à Laval. Reportage.
Laval : 1h40 de train de Paris, une gare modeste bien tranquille et cet air bucolique de petite ville agréable traversée par la Mayenne. C’est là, dans un bâtiment à l’architecture originale que se niche l’ESIEA, l’école d’ingénieurs du monde numérique où il semble faire bon vivre. Jean Labourdette nous accueille. Ce docteur en mathématiques dirige l’école. L’ESIEA a une longue histoire avec La Réunion. A tel point qu’aujourd’hui, plus d’un étudiant sur dix vient de l’île.

Jean Labourdette, directeur de l'ESIEA à Laval


Des relations avec La Réunion depuis quinze ans

"Tout a commencé il y a quinze ans grâce à deux étudiants réunionnais qui nous ont fait remarquer que c’était compliqué de passer les concours dans l’Hexagone, raconte Jean Labourdette. Pourquoi ne pas délocaliser les concours sur l’île comme nous le faisions déjà à Lille ou à Bordeaux ? Depuis, nous allons chaque année à La Réunion pour présenter l’école, explique le directeur de l’ESIEA, nous sommes très chaleureusement accueillis dans les lycées aussi bien publics que privés. Désormais l’entrée dans l’école se fait par le concours Alpha commun à sept établissements."

L'amicale Bourbon des étudiants lavallois

Cette année, c’est Benjamin Bosserelle qui est parti sur l’île prêcher la bonne parole. Ce Réunionnais hyper brillant natif de Saint-Denis est en quatrième année. Il préside LABEL, l’amicale Bourbon des étudiants lavallois. "Tout est simple ici à Laval, les transports, le logement. Dans l’école, tout le monde se connaît, c’est chaleureux", souligne Benjamin Bosserelle. Tous les étudiants réunionnais de l’ESIEA se retrouvent dans l’association. Ils organisent environ deux fois par an un repas "péi".

Le local à l'ESIEA de l'amicale Bourbon des étudiants lavallois


Floriane Fontaine et la domotique

Floriane Fontaine, elle, a suivi les traces de sa grande sœur Anne-Lyse. Elle ne regrette pas :  "Ici, les filles sont choyées, ça ne me gêne pas qu’on soit très peu nombreuses dans l’école". Floriane travaille en ce moment d’arrache-pied sur un projet de domotique. Elle a réussi avec un autre étudiant à programmer toute une série d’appareils domestiques. Exemple : son ventilateur démarre quand il fait plus de 20°. Cela n’a l’air de rien, mais ça nécessite de sérieuses connaissances en informatique et beaucoup de temps passé devant l’ordinateur.

Floriane Fontaine, étudiante à l'ESIEA

Recherche non-stop

"Parfois, ça m’arrive de m’assoupir sur mon projet, confie Vincent Lorion, je suis tellement pris par mes recherches que j’en oublie le temps. Ici à l’ESIEA, on a un système de pass qui nous permet de travailler quand on le souhaite. C’est très motivant." Vincent Lorion planche sur les communications par satellite entre la télévision, la radio et le GSM. Il a sa propre parabole postée à l'extérieur et il essaie de décrypter et d’analyser tous ces flux par satellites qui sont loin d’avoir révélé tous leurs secrets. Par ailleurs, Vincent Lorion apprécie le côté réunionnais de l'ESIEA, c'est ce qu'il a confié à La1ère :


Un appareil vendu dans les clubs de football

"La force de notre établissement est de donner aux étudiants la possibilité de plancher sur un projet, un prototype en laboratoire." Jean Labourdette aime bien faire visiter la salle où sont rassemblées toute une série de machines étranges. Cela va du robot au télescope intelligent en passant par l’appareil médical. "Cet appareil permet de connaître l’état des ligaments croisés du genou, précise le directeur de l'école d'ingénieurs. Si le Real Madrid avait eu ça avant de signer certains contrats, il n’aurait pas perdu autant d’argent ! Aujourd’hui, cet appareil est commercialisé. Des grands clubs de foot l’achètent et il a été conçu ici, à Laval, par nos professeurs et nos étudiants."

Prototype de l'appareil mis au point par les étudiants et professeurs de l'ESIEA


Stimulus à L'Imagine Cup

Benjamin Bosserelle a lui aussi un projet qui l’occupe nuit et jour. Son nom : Stimulus. Il s’agit d’un chariot de mineur en bois mobile que les étudiants ont fabriqué et programmé. "C’est un simulateur de la réalité virtuelle". Bref, le chariot du mineur peut vous embarquer dans des montagnes russes en bougeant dans tous les sens. Benjamin Bosserelle a postulé avec ses camarades au concours Imagine Cup organisé par Microsoft. Stimulus est parvenu à se hisser dans la finale française qui aura lieu le 9 avril prochain à Paris. "Si jamais nous gagnons, nous irons à la finale mondiale à Seattle", précise le jeune Réunionnais. Ecoutez Benjamin Bosserelle au micro de La1ère :

Benjamin Bosserelle (au centre, pull noir) et ses camarades devant Stimulus, le prototype qu'ils ont mis au point.


90 % des étudiants ont un CDI avant leur diplôme

Pour l’instant, Floriane, Vincent et Benjamin ne songent pas à revenir vivre à La Réunion. Benjamin rêve de travailler dans l’industrie automobile allemande. Vincent se verrait bien dans la sécurité informatique dans l’armée. Quant à Floriane, elle a pris goût à la domotique et envisage de partir aux Etats-Unis ou en Chine, car la jeune femme apprend également le Chinois. Les trois étudiants n’auront pas de difficulté à trouver un emploi. A l’ESIEA, 90 % des étudiants ont un CDI avant l’obtention de leur diplôme. 

Floriane Fontaine, Benjamin Bosserelle et Vincent Lorion, étudiants à l'ESIEA