L'indépendantiste Luc Reinette à Paris pour expliquer son refus d’assister à l’inauguration du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre

Luc Reinette, membre fondateur du Comité international des peuples noirs
L’indépendantiste guadeloupéen Luc Reinette est venu à Paris pour interpeller François Hollande et expliquer son boycott de l’inauguration du Mémorial ACTe le 10 mai. Il avait pourtant milité pour la construction de ce bâtiment en hommage aux esclaves.
A 65 ans, Luc Reinette n’a rien renié de son passé d’indépendantiste. Dans les années 1980, il n’a pas hésité à poser des bombes en Guadeloupe et dans l’Hexagone pour obtenir la décolonisation de son île. Ce qui lui a valu en 1985 un séjour en prison à Basse-Terre, d’où il s’est évadé la même année. Mais aujourd’hui, Luc Reinette a changé de méthode.  Membre fondateur du CIPN (Comité international des peuples noirs), il interpelle le président François Hollande en refusant de participer à l’inauguration du Mémorial ACTe le 10 mai prochain et le fait savoir notamment au journal le Monde. La 1ère.fr a contacté Luc Reinette.
 
La1ère.fr : pourquoi avez-vous décidé de ne pas aller à l’inauguration du Mémorial ACTe dimanche prochain ?
Luc Reinette : Le comité international des peuples noirs dont je suis membre-fondateur est à l’origine du Mémorial. C’est un très beau projet. L’architecte est guadeloupéen, les 300 ouvriers qui ont participé à la construction du bâtiment aussi. Mais nous ne voulons pas aller à l’inauguration du 10 mai, car cela servirait de caution à François Hollande. Le président va y passer deux heures. On ne peut pas prendre le risque de ne pas être entendu.
 
Que demandez-vous au président ?
Dans une lettre que nous lui avons adressée le 13 avril dernier, nous lui demandons trois choses. Nous voulons que François Hollande demande pardon au nom du peuple français pour les crimes commis dans le cadre de la déportation de millions d’infortunés. Notre exigence de réparation doit être reconnue comme légitime et non-négociable. Enfin troisième point, les Guadeloupéens doivent être reconnus comme un peuple.
 
Vous demandez l’indépendance ?
Oui, nous sommes pour la Guadeloupe guadeloupéenne. Nous ne sommes pas français. Nous voulons la décolonisation.
 
Mais vous avez changé de méthode ?
Je suis un patriote. C’est le combat de toute une vie. Je suis comme les résistants en France qui se battaient contre l’occupation allemande.
 
Votre frère Pierre Reinette, actuel directeur exécutif du Mémorial sera lui à l’inauguration.  
Mon frère travaille depuis longtemps avec Victorin Lurel, le président de la Région Guadeloupe. Il sera à l’inauguration du 10 mai. Mais de notre côté, nous avons voulu marquer le coup. Nous sommes à 100% pour le Mémorial ACTe, mais je me bats contre la présence française en Guadeloupe.