Suite à la violente agression verbale d'une metteure en scène noire par un directeur de théâtre à Marseille, la politologue réunionnaise Françoise Vergès et l’écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury signent un manifeste intitulé « Halte à la misogynie raciste ! ». Précisions.
Les faits se sont déroulés à la fin du mois de mai. Le directeur d’un grand théâtre de Marseille, dont nous tairons le nom pour l’instant car l’examen d’une plainte est en cours, a violemment insulté une metteure en scène franco-africaine. Cette dernière l’a assigné en justice, avec déposition de témoin, en s’adjoignant les services d’une avocate.
Selon la plaignante et les personnes présentes sur place, le directeur de théâtre aurait notamment lancé : « T’as vu ta gueule de sauvage, t'es même pas baisable, espèce de black de merde ! ». Suite à cette affaire, qui fait grand bruit dans le Landerneau culturel afro-caribéen, la politologue réunionnaise Françoise Vergès et l’écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury ont décidé de faire circuler un manifeste intitulé « Halte à la misogynie raciste ! », pour dénoncer la permanence du racisme dans le monde de la culture française.
« Le monde de la culture continue à être le théâtre de manifestations quotidiennes de mépris misogynes et racistes et ce, malgré une image de progrès et d'ouverture », écrivent les signataires. « Soyons claires : nous ne parlons pas ici des racistes que les médias aiment épingler, ceux de l’extrême-droite. (…) Nous parlons ici plus précisément du monde de la culture, des directeurs de théâtre, des metteurs en scène, des professionnels des musées... tout ce monde qui véhicule l’idée d’une culture française fixe et atemporelle et regarde avec ignorance assumée, indifférence ou mépris, ce que nous proposons, ce que nous créons, ce que nous imaginons », poursuivent-elles.
« Que l’on ne nous dise pas que nous sommes trop « sensibles ». Ce sont elles/eux qui sont sensibles au fait que les privilèges dont elles/ils ont joui — sans jamais avoir à remettre en question les fondements même de ces privilèges (les siècles de colonialisme esclavagiste et post-esclavagiste, la Françafrique...) — sont de nouveau remis en question mais cette fois-ci sur ce qu’ils conçoivent comme « leur » sol, dans « leur » pays. »
« Nous prenons le parti de réagir collectivement face à cette attaque faite à une femme noire dont le positionnement contre les formes persistantes d’un racisme sournois dans ces milieux dérange profondément, à l’instar d’autres femmes non-blanches, universitaires, journalistes, artistes, écrivaines » expliquent les deux auteurs.
« Si nous parlons en tant que femmes, c’est parce que nous savons que misogynie et négrophobie ont une longue histoire intime. Mais nous refusons l’injonction à nous séparer de nos pères, frères, amants, qui sont chaque jour victimes d’attaques racistes et qui meurent sous les coups alors que leurs assassins restent impunis. Notre féminisme ne se réduit pas à une demande d’égalité, il s’attaque à un ensemble d’oppressions. »
« Nous observons que la postcolonialité française traverse une crise que nous avons en partie provoquée dans le but d’accomplir une décolonisation de la « République », si nous voulons que cette dernière retrouve son sens premier, la « chose commune » ajoutent-elles.
Parmi les signataires du manifeste, on relève les noms de la romancière guadeloupéenne Maryse Condé, la journaliste et auteur Rokhaya Diallo, le musicien Imhotep du groupe IAM, l’écrivaine martiniquaise Fabienne Kanor, et l’actrice Firmine Richard, entre autres. Nous apprenons également ce jeudi que l'activiste afro-américaine Angela Davis vient de signer le manifeste.
Selon la plaignante et les personnes présentes sur place, le directeur de théâtre aurait notamment lancé : « T’as vu ta gueule de sauvage, t'es même pas baisable, espèce de black de merde ! ». Suite à cette affaire, qui fait grand bruit dans le Landerneau culturel afro-caribéen, la politologue réunionnaise Françoise Vergès et l’écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury ont décidé de faire circuler un manifeste intitulé « Halte à la misogynie raciste ! », pour dénoncer la permanence du racisme dans le monde de la culture française.
« Le monde de la culture continue à être le théâtre de manifestations quotidiennes de mépris misogynes et racistes et ce, malgré une image de progrès et d'ouverture », écrivent les signataires. « Soyons claires : nous ne parlons pas ici des racistes que les médias aiment épingler, ceux de l’extrême-droite. (…) Nous parlons ici plus précisément du monde de la culture, des directeurs de théâtre, des metteurs en scène, des professionnels des musées... tout ce monde qui véhicule l’idée d’une culture française fixe et atemporelle et regarde avec ignorance assumée, indifférence ou mépris, ce que nous proposons, ce que nous créons, ce que nous imaginons », poursuivent-elles.
Nous prenons le parti de réagir collectivement face à cette attaque faite à une femme noire dont le positionnement contre les formes persistantes d’un racisme sournois dans ces milieux dérange profondément, à l’instar d’autres femmes non-blanches, universitaires, journalistes, artistes, écrivaines " (Françoise Vergès et Gerty Dambury)
« Que l’on ne nous dise pas que nous sommes trop « sensibles ». Ce sont elles/eux qui sont sensibles au fait que les privilèges dont elles/ils ont joui — sans jamais avoir à remettre en question les fondements même de ces privilèges (les siècles de colonialisme esclavagiste et post-esclavagiste, la Françafrique...) — sont de nouveau remis en question mais cette fois-ci sur ce qu’ils conçoivent comme « leur » sol, dans « leur » pays. »
« Nous prenons le parti de réagir collectivement face à cette attaque faite à une femme noire dont le positionnement contre les formes persistantes d’un racisme sournois dans ces milieux dérange profondément, à l’instar d’autres femmes non-blanches, universitaires, journalistes, artistes, écrivaines » expliquent les deux auteurs.
« Si nous parlons en tant que femmes, c’est parce que nous savons que misogynie et négrophobie ont une longue histoire intime. Mais nous refusons l’injonction à nous séparer de nos pères, frères, amants, qui sont chaque jour victimes d’attaques racistes et qui meurent sous les coups alors que leurs assassins restent impunis. Notre féminisme ne se réduit pas à une demande d’égalité, il s’attaque à un ensemble d’oppressions. »
« Nous observons que la postcolonialité française traverse une crise que nous avons en partie provoquée dans le but d’accomplir une décolonisation de la « République », si nous voulons que cette dernière retrouve son sens premier, la « chose commune » ajoutent-elles.
Parmi les signataires du manifeste, on relève les noms de la romancière guadeloupéenne Maryse Condé, la journaliste et auteur Rokhaya Diallo, le musicien Imhotep du groupe IAM, l’écrivaine martiniquaise Fabienne Kanor, et l’actrice Firmine Richard, entre autres. Nous apprenons également ce jeudi que l'activiste afro-américaine Angela Davis vient de signer le manifeste.
>>> LIRE l’intégralité du manifeste ici