Des incidents parfois violents perturbent les élections législatives en Haïti

Le verdict de ce premier tour des scrutins législatifs sera rendu public le 19 août.
Il n’y avait pas eu d’élections depuis 2011. Haïti a renoué avec l'ordre constitutionnel dimanche 9 août en organisant des législatives, mais elles ont été marquées par des incidents parfois violents, une faible participation et un cas de sabotage.
A l'issue de la journée de vote, le conseil électoral provisoire (CEP) s'est déclaré dimanche soir "globalement satisfait", même s'il reconnaît que des incidents et sabotage ont affecté ce premier tour des législatives.

1 800 candidats en lice

Les 5,8 millions d'électeurs inscrits étaient appelés à élire l'ensemble de leurs députés et deux tiers du Sénat, dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe et du continent américain. Plus de 1 800 candidats étaient en lice pour les 139 postes parlementaires à pourvoir pour ce scrutin.


Violences et fermetures de bureaux de vote

Des bureaux de vote en raison d’incidents violents Pierre-Louis Opont, le président du CEP, a expliqué dans une conférence de presse dans la soirée que "4% des centres de vote ont été affectés par des actes de violence" obligeant leur fermeture avant l'horaire prévu par la loi. Selon les estimations du président de l'administration électorale, ce sont environ 290 000 électeurs qui n'ont donc pas pu accomplir leur devoir civique.

Les 5,8 millions d'électeurs inscrits étaient appelés à élire l'ensemble de leurs députés et deux tiers du Sénat.

De nouveaux scrutins ?

D'ici mercredi, les membres du CEP vont décider si les scrutins seront réorganisés dans les circonscriptions concernées. Refusant de fournir une estimation sur l'ampleur de la participation, Pierre-Louis Opont a néanmoins reconnu qu'"il n'y a pas eu d'encombrement" dans les bureaux. Le président du CEP s'est également refusé à fournir un bilan des violences qui ont émaillé la journée de vote. 

"Même s'il y a eu des incidents dans quelques centres de vote, en général les problèmes se corrigent," a déclaré à l'AFP Elena Valenciano, chef de la mission d'observation électorale de l'Union européenne. Et c'est sur un ton ferme que le CEP a affirmé dimanche soir qu'il allait "sévir là où on devra sévir. Le CEP ne va pas rester les bras croisés : on va réagir."


Du sabotage

Le président de l'administration électorale a notamment expliqué qu' "il y a des gens qui délibérément ont décidé de saboter le système." Directement mis en cause : un chef de service du CEP qui serait "parti vendredi soir avec un stock de mandats et le matériel de fabrication" de ces accréditations servant aux représentants des partis politiques.

Légalement, tout candidat au poste de député ou sénateur peut être représenté par un mandataire dans les bureaux de vote de sa circonscription. Mais samedi soir et dimanche matin, les partis politiques ont exprimé leur colère de ne pas avoir pu obtenir les accréditations nécessaires pour que leurs représentants veillent à la bonne tenue du vote.

Le fonctionnaire du CEP mis en cause "est en cavale et est aujourd'hui recherché" a expliqué Pierre-Louis Opont. "Le CEP a porté plainte car c'est un comportement pouvant porter préjudice à l'Etat."


Résultats le 19 août

En accord avec la loi électorale, aucun média, parti, ou citoyen n'est encore autorisé à publier des résultats, même partiels. Ce n'est qu'après vérification de tous les documents au centre de tabulation, à Port-au-Prince, où les procès-verbaux sont collectés et examinés, que les premiers résultats seront officialisés par le CEP. Selon le calendrier électoral, le verdict de ce premier tour des scrutins législatifs sera rendu public le 19 août. Les résultats définitifs devraient être publiés le 8 septembre.  

Avec ces élections législatives, Haïti ouvre un long processus électoral. Outre ses parlementaires, le pays s'apprête, d'ici la fin de l'année, à élire l'intégralité de ses maires et élus locaux ainsi que son futur président de la République. En raison d'une crise profonde entre le chef de l'Etat Michel Martelly et l'opposition, aucun scrutin n'a pu être organisé en Haïti depuis 2011.