Une avocate réunionnaise se mobilise pour défendre Laurence Smith, la Dionysienne accusée de meurtre aux Etats-Unis

Laurence Smith (à gauche) et son avocate Yola Minatchy (à droite).
Yola Minatchy lance un appel aux dons pour aider la Réunionnaise Laurence Smith accusée de meurtre aux Etats-Unis. Face au système judiciaire américain, cette avocate née à La Réunion veut récolter de l’argent pour permettre à sa cliente d’échapper à la peine de mort ou la prison à vie.
"Nous sommes nées sur la même île, et quand vous vous trouvez au fin fond d’une prison de Virginie face à l’une des vôtres, la dimension de la rencontre est particulière", confie Yola Minatchy. Installée à Bruxelles, cette avocate internationale originaire de La Réunion, défend Laurence Smith, une Dionysienne de 37 ans incarcérée pour le meurtre de son mari à la prison de Rappahannock en Virginie. "L’émotion de Laurence est très prégnante lorsque l’on se voit, elle pleure beaucoup", poursuit l’avocate qui échange en créole lors des parloirs avec sa cliente. "Nous sommes écoutées et filmées, j’ai décidé de mener les entretiens en créole pour préparer sa défense".

Un mari passionné d’armes

Jusqu’au 16 mars dernier, Laurence Smith vivait "une vie paisible et sans histoire" sur la côte Est des Etats-Unis. Arrivée en 2000 à New-York pour étudier la littérature américaine et devenir professeur d’anglais, la Réunionnaise avait épousé Sean, un Américain, avec qui elle a eu deux filles de 7 et 10 ans. Passionné d’armes, son mari en collectionnait une vingtaine à la maison. (La Virginie est un des Etats les plus permissifs en matière de port d'armes aux Etats-Unis, ndlr).

Ce n'est pas une délinquante, elle n'a pas d'antécédent judiciaire







Le soir du drame, Sean, est décédé d’une balle dans la tête au domicile familial. Laurence Smith est arrêtée. Selon elle, son mari lui aurait reproché de ne pas savoir utiliser une arme et lui aurait demandé d’essayer. Elle dit avoir tiré sans "savoir que l’arme était chargée".

"Ce n’est pas une délinquante, elle est intelligente et n’a pas d’antécédent judiciaire. Ce n’est pas un crime crapuleux, défend son avocate Yola Minatchy. D’ailleurs lors de son arrestation, il a tout de suite été question d’un accident, elle était accusée de meurtre au second degré c’est-à-dire d’homicide involontaire". 

Sean, est décédé d'une balle dans la tête le 16 mars dernier.

Des charges qui évoluent

Des accusations qui ont évolué au fil des mois. Le 19 juin, sans explication, le procureur a décidé de requalifier les faits. Laurence Smith est désormais accusée de meurtre au premier degré, volontaire, avec pour circonstances aggravantes, la présence des deux enfants le soir du drame.

"Au début de son incarcération, Laurence avait accès à la bibliothèque de la prison, elle a presque tout lu en trois mois et elle aidait à servir le petit déjeuner à 4 heures du matin, raconte son avocate. Depuis la requalification des faits, elle est dans une des sections les plus restrictives de la prison, elle ne peut rien faire. Elle est avec des sérial killers et des meurtriers. Elle est très mal, elle a perdu 10 à 15 kilos et évoque des pensées suicidaires".

Laurence et sa famille étaient installées dans cette maison en Virginie.

Une levée de fonds

Laurence Smith risque désormais la peine de mort ou la prison à vie, mais les charges d’accusation peuvent encore évoluer. Ce n’est qu’au procès, qui se tiendra en décembre aux Etats-Unis, que la Réunionnaise sera fixée sur son sort. "Un avocat a été commis d’office. Ensemble, nous organisons sa défense, mais aux Etats-Unis cela a un coût, explique Yola Minatchy qui vient de lancer avec la famille de Laurence Smith une levée de fonds. Là bas, plus on a d'argent, plus on a de chances de se défendre correctement".

"Il n’y a pas, comme en France, de juge d’instruction pour diriger les investigations, explique l’avocate réunionnaise. En revanche, l’avocat de la défense a un rôle majeur. C’est lui qui doit rechercher des témoins et solliciter des experts. Nous allons donc travailler avec des criminologues, des experts en balistiques, des médecins légistes, pour apporter des éléments à décharge, pour démontrer qu’il s’agissait d’un accident et que Laurence est de bonne foi".

Plus on a d'argent, plus on a de chances de se défendre correctement







Une défense coûteuse

Toutes ces expertises pourraient donc être financées par l’argent récolté par la famille de Laurence. La levée de fonds servira aussi à s'acquitter des frais de la prison qui est payante aux Etats-Unis. "Laurence doit payer pour son lit, sa nourriture et les produits comme le savon ou le dentifrice", énumère Yola Minatchy. 

Si la famille reçoit suffisamment d’argent, elle envisage également de payer la caution de Laurence, fixée à 75 000 dollars. "Ça lui permettrait d’être libre pour préparer sa défense", espère son avocate.

Le procès en décembre

A La Réunion, les parents de Laurence reprennent peu à peu espoir depuis cet appel aux dons. Impatients de se rendre aux Etats-Unis pour la revoir, ils devraient assister et témoigner au procès en décembre prochain.