Haïti : crainte de violences pour le jour des élections

En Haïti, les électeurs sont appelés aux urnes, ce dimanche 25 octobre, pour les élections présidentielle et législatives.
En Haïti, les électeurs sont appelés aux urnes, ce dimanche 25 octobre, pour les élections présidentielle et législatives. Des violences sont à craindre d’après les organisations de la société civile.
Les organisations de la société civile haïtienne craignent pour la sécurité de la population lors de la journée de vote de dimanche, pendant laquelle les citoyens sont appelés à élire leur futur président.

Les forces de l’ordre mises en cause

Les principales organisations haïtiennes d'observation électorale ont fait part, vendredi 23 octobre, à Port-au-Prince, de leur incertitude quant au travail des forces de l'ordre. "Nous avons constaté que la police n'a pas un comportement neutre", rapporte Pierre Espérance, secrétaire exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

La brigade d'opération et d'intervention départementale (BOID), créée en juin pour le département de l'ouest, qui englobe la région métropolitaine de Port-au-Prince, est directement mise en cause. "L'unité BOID travaille pour le compte du palais national et n'est pas sous le contrôle de la direction de la police", accuse Pierre Espérance. "Elle est impliquée dans de nombreuses violations systématiques des droits de l'homme et on ne sait pas quel comportement auront les policiers de cette unité le jour du vote."

Deux scrutins

Les Haïtiens sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour des législatives, les élections municipales et le premier tour de la présidentielle. La passivité des officiers de la police nationale durant la précédente journée d'élection a été largement dénoncée. Deux personnes ont été tuées le 9 août, lors du premier tour des législatives. "Il y a un manque de transparence. Si une évaluation a été faite sur le travail de la police, nous n'avons pas entendu parler de sanctions prises", témoigne Pierre Espérance.

Dans Cité Soleil, des armes sont distribuées depuis janvier 2015 et cela continue








Des coups de feu

Dans les quartiers populaires de Port-au-Prince, la situation est tendue. De nombreux coups de feu sont entendus en soirée dans les bidonvilles de la capitale.  "Dans Cité Soleil, des armes sont distribuées depuis janvier 2015 et cela continue", assure Pierre Espérance, sans donner davantage de détails.

Des violences lors des précédents scrutins

Les Haïtiens, qui gardent le souvenir des violences qui ont marquées la majorité des élections depuis la chute de la dictature en 1986, sont réticents à participer aux scrutins de dimanche.  "Dimanche, je ne vais pas prendre la rue", explique Augustin Clavio, qui habite dans le centre-ville de Port-au-Prince. "Je ne veux pas subir de violences pour des politiciens qui ne viennent pas pour régler les problèmes de l'Etat mais qui ne pensent qu'à se remplir les poches".

Tout en dénonçant le climat d'incertitude, le conseiller juridique du conseil national d'observation des élections, Gédéon Jean, exhorte néanmoins les électeurs à se rendre aux urnes et exercer leur droit "de choisir leurs représentants pour améliorer leurs conditions de vie".