RATP : retrait du port d’armes pour un agent de sûreté antillais fiché S

Un agent de sécurité de la RATP patrouille dans le hall de la station Auber de la ligne A du RER à Paris. (Image d'illustration).
Deux agents de la sûreté de la RATP se sont vus retirer leurs armes ces derniers jours. Ils font l’objet d’une fiche S utilisée notamment pour surveiller les islamistes radicaux. Parmi eux, un Antillais converti à l’islam.
Ils sont membres du GPSR, le Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux, et sont chargés d'assurer la sécurité des usagers et des personnels dans le métro, les bus, les tramways et les RER d'Ile-de-France. Deux agents de sûreté de la RATP se sont vus retirer leurs armes ces derniers jours. Ces deux hommes feraient l’objet d’une fiche S signalant leur possible radicalisation. Parmi eux, un Antillais converti à l’islam. Selon nos informations, il serait, depuis hier, assigné à résidence.

Quelqu’un de festif avant sa conversion

"Tous ses collègues disent de lui qu’il est sympathique et qu’ils n’ont rien à lui reprocher au niveau du travail", témoigne anonymement un agent de la RATP joint par La1ère. C’est aussi de manière anonyme qu’un collègue de cet agent antillais s’est exprimé ce vendredi sur France Inter. Il explique comment on a retiré l’arme de cet agent, lundi dernier, à 2 heures du matin.

Rien ne laissait présager que c’était quelqu’un de dangereux par rapport à d’autres collègues qui ont un discours radical dans l’entreprise









"Quand on lui a pris son arme, on lui a dit qu’il faisait l’objet d’un refus de port d’armes de la préfecture. (…) On a su qu’il avait une fiche S", explique le collègue qui décrit cet Antillais comme quelqu’un de festif, avec qui il prenait des apéros, mais qui avait brutalement changé après sa conversion. Toujours selon ce collègue : "rien ne laissait présager que c’était quelqu’un de dangereux par rapport à d’autres collègues qui ont un discours radical dans l’entreprise".

Qui est informé des fiches S ?

Du côté des salariés de la RATP, certains déplorent la communication faite sur ces fiches S. "Que la direction d’entreprise et le département sécurité soient informés d’une fiche S : oui, mais que cela fuite dans toute l’entreprise je ne trouve pas cela normal, explique un agent joint par La1ère.fr. D’autant que les fiches S ont plusieurs degrés, elles devraient rester confidentielles".

Selon le Parisien, quelques jours avant les attentats, un agent du GPSR s'était déjà vu retirer son autorisation de port d'armes pour radicalisation. La RATP avait toutefois précisé au quotidien "ignorer les motifs de cette décision prise par les autorités. Aucune information sur ces fiches S nous est transmise". 

Un agrément pour le port d’arme délivré tous les 5 ans aux agents

Au total, 1 200 agents du GPSR (Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux) sont équipés de revolvers. La décision du retrait d’arme est, elle, prise par la préfecture qui la notifie à la RATP. "L’agrément pour le port d’armes est délivré après des enquêtes de police approfondies et il est renouvelé tous les cinq ans, explique un leader syndical de la RATP joint par La1ère.fr. S’il y a entre temps un problème d’ordre judiciaire, alors il peut être remis en cause. Au sujet de ces deux derniers agents, l’un s’est vu refuser son habilitation et celle de l’autre n’a pas été renouvelée".

Certains collègues soupçonnent d’autres de radicalisation, les réflexions fusent







La radicalisation à la RATP

Après les polémiques sur les chauffeurs de bus radicalisés qui refuseraient de serrer la main à des femmes, la RATP se retrouve à nouveau face à ce phénomène inquiétant qui touche ses agents. Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan avait notamment conduit pendant 15 mois des bus de la RATP. Dans ce contexte, le climat s’est fortement dégradé ces dernières semaines entre les agents de la régie de transport parisienne. "L’ambiance est délétère, raconte un agent. Certains collègues soupçonnent d’autres de radicalisation, les réflexions fusent. Il n'y a pas longtemps certains en sont mêmes venus aux mains".

Depuis plusieurs années la RATP a des difficultés pour faire appliquer la laïcité. La PDG, Elisabeth Borne a d’ailleurs décidé de créer au 1er décembre une délégation générale à l'éthique qui lui sera directement rattachée.