L'existence des trois usines calédoniennes est menacée du fait de la violente crise mondiale des cours du nickel et des pertes abyssales des entreprises. Philippe Vecten ne veut pas croire à ce scénario catastrophe.
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Quand il reçoit La1ère.fr vendredi soir, Philippe Vecten, le nouveau patron de la branche nickel d'Eramet vient de prendre connaissance de l'interview d'Ivan Glasenberg au Metal Bulletin. Une interview sans langue de bois dans laquelle le PDG de Glencore déclare "qu'il n'est pas marié avec le Koniambo et qu'il ne brûlera pas son argent en Nouvelle-Calédonie". Une métaphore qui souligne que Glencore pourrait quitter le territoire et renoncer à l'usine du Nord. Cette déclaration intervient une semaine après une note d'analyste de la banque Crédit Suisse envisageant un départ éventuel de Vale du site de Goro. Philippe Vecten affirme n'avoir qu'un objectif : "sauver la SLN calédonienne".
Vous restez le patron de la branche manganèse d’Eramet au Gabon qui traverse des difficultés liées à la crise mondiale des métaux. Vous vous retrouvez avec le dossier très compliqué et difficile du nickel calédonien, comment comptez-vous mener les deux de front ?
Philippe Vecten. D’abord il y a, dans le nickel et dans le manganèse, des équipes, des personnes de très grande qualité et c’est avec elles que je compte y arriver. Les deux activités font face à des situations similaires de terrible baisse des prix et donc il y a des synergies, une idée de l’une part peut servir à l’autre et vice-versa. Cette organisation permet de faire jouer au mieux les synergies entre les deux branches.
Vous avez été le directeur-général de la SLN de 1999 à 2005 et vous prenez aujourd’hui la direction de la branche nickel d’Eramet. Entre ces deux dates, les coûts de production de la SLN ont fortement augmenté. Vous étiez compétitifs et vous ne l’êtes plus, que comptez vous faire pour le redevenir ?
La SLN perd environ 20 Millions d’Euros, plus de 2 Milliards FCFP par mois, alors la priorité à court terme c’est de réduire autant que possible cette hémorragie. C’est une question de survie. L’équipe de Direction de SLN a déjà préparé un premier plan d’actions dans ce sens. Ce plan a été présenté au Conseil d’administration d’Eramet cette semaine. Nous allons en parler très vite avec le personnel de la SLN. L’objectif, c’est d’économiser en 2016 10 Milliards FCFP.
Le SLN 25 est un alliage de nickel et de fer. Il sert à fabriquer de l’acier inoxydable, mais il revient cher à produire. Il subit la concurrence des produits chinois à base de nickel. Dans ce contexte, comment comptez-vous augmenter vos parts de marché ?
Le projet d’arrêter la production de matte se traduira par une augmentation de la production de ferronickel. Je ne vois pas de difficulté de débouché de ce côté-là. La production mondiale d’acier inoxydable qui est le débouché du SLN 25 continue à croître et puis les producteurs chinois de nickel souffrent aussi des prix très bas du nickel, ils réduisent leur production, arrêtent des usines. Nous sommes n°1 mondial en part de marché, notre ferronickel SLN25 est effectivement mondialement reconnu et apprécié par nos clients. Il reste que le prix est extrêmement bas.
Sur les mattes de nickel, on a compris que l’arrêt progressif de la production calédonienne devait faire baisser les pertes de la SLN, tout en augmentant la production de ferronickel calédonien. Cependant, les mattes calédoniennes de la SLN contribuent à la raffinerie de Sandouville-Le Havre. Les mattes calédoniennes sont fournies à un prix très attractif. L’achat de mattes à un industriel européen ne va-t-il pas changer la donne pour Sandouville ?
Le projet d’alimentation de la raffinerie de Sandouville à partir d’une nouvelle source de matte suppose bien sûr que la filière soit compétitive. Nous y travaillons. Pour SLN cela aurait un impact significatif et positif sur son équilibre financier : économie d’énergie, de transport, …
L’endettement d’Eramet est une réalité sensible or le groupe maintient sa "convention de trésorerie" avec la SLN. L’entreprise calédonienne à besoin d’argent, on parle de 200 millions d’euros, pourquoi le groupe Eramet est-il le seul actionnaire à soutenir financièrement sa filiale calédonienne ?
Oui, Eramet soutient actuellement SLN sur la base de la convention de trésorerie existante. Eramet assume donc sa responsabilité d’actionnaire. Simultanément nous travaillons avec les autres actionnaires, Nisshin et STCPI, à la recherche d’autres solutions où chacun apporte sa contribution. Je souhaite vivement que ces démarches aboutissent.
Patrick Buffet, le Président du groupe Eramet a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne céderait « jamais » la majorité de la SLN à la STCPI calédonienne. Etes-vous aussi dans cette philosophie du « jamais » ?
Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui la question se pose en termes de propriété. La question, c’est d’économiser du cash et là toutes les solutions possibles doivent être recherchées avec l’aide de toutes les parties prenantes. On peut penser, par exemple, à des délais pour réaliser des travaux d’exploration exigés par le code minier, à des allègements temporaires de certaines charges.
Le projet de nouvelle centrale au charbon de la SLN est suspendu, est-ce que cette centrale redeviendra prioritaire le jour où les cours du nickel remonteront ?
Oui, bien sûr. Nous savons tous que la centrale électrique de Doniambo doit être remplacée. Dès que la situation économique le permettra ce sujet sera repris.
En attendant, pourrez-vous sauver la SLN en 2016 ?
La situation est extrêmement difficile. C’est en se serrant les coudes que nous pourrons y arriver. Nous aurons besoin de toutes les énergies. Vu ce que représente la SLN en Nouvelle Calédonie ça doit être possible ! Je ne doute pas une seconde de la capacité de nos équipes à faire face et je suis pleinement engagé et déterminé dans mon action.
Vous restez le patron de la branche manganèse d’Eramet au Gabon qui traverse des difficultés liées à la crise mondiale des métaux. Vous vous retrouvez avec le dossier très compliqué et difficile du nickel calédonien, comment comptez-vous mener les deux de front ?
Philippe Vecten. D’abord il y a, dans le nickel et dans le manganèse, des équipes, des personnes de très grande qualité et c’est avec elles que je compte y arriver. Les deux activités font face à des situations similaires de terrible baisse des prix et donc il y a des synergies, une idée de l’une part peut servir à l’autre et vice-versa. Cette organisation permet de faire jouer au mieux les synergies entre les deux branches.
Vous avez été le directeur-général de la SLN de 1999 à 2005 et vous prenez aujourd’hui la direction de la branche nickel d’Eramet. Entre ces deux dates, les coûts de production de la SLN ont fortement augmenté. Vous étiez compétitifs et vous ne l’êtes plus, que comptez vous faire pour le redevenir ?
La SLN perd environ 20 Millions d’Euros, plus de 2 Milliards FCFP par mois, alors la priorité à court terme c’est de réduire autant que possible cette hémorragie. C’est une question de survie. L’équipe de Direction de SLN a déjà préparé un premier plan d’actions dans ce sens. Ce plan a été présenté au Conseil d’administration d’Eramet cette semaine. Nous allons en parler très vite avec le personnel de la SLN. L’objectif, c’est d’économiser en 2016 10 Milliards FCFP.
Le SLN 25 est un alliage de nickel et de fer. Il sert à fabriquer de l’acier inoxydable, mais il revient cher à produire. Il subit la concurrence des produits chinois à base de nickel. Dans ce contexte, comment comptez-vous augmenter vos parts de marché ?
Le projet d’arrêter la production de matte se traduira par une augmentation de la production de ferronickel. Je ne vois pas de difficulté de débouché de ce côté-là. La production mondiale d’acier inoxydable qui est le débouché du SLN 25 continue à croître et puis les producteurs chinois de nickel souffrent aussi des prix très bas du nickel, ils réduisent leur production, arrêtent des usines. Nous sommes n°1 mondial en part de marché, notre ferronickel SLN25 est effectivement mondialement reconnu et apprécié par nos clients. Il reste que le prix est extrêmement bas.
Sur les mattes de nickel, on a compris que l’arrêt progressif de la production calédonienne devait faire baisser les pertes de la SLN, tout en augmentant la production de ferronickel calédonien. Cependant, les mattes calédoniennes de la SLN contribuent à la raffinerie de Sandouville-Le Havre. Les mattes calédoniennes sont fournies à un prix très attractif. L’achat de mattes à un industriel européen ne va-t-il pas changer la donne pour Sandouville ?
Le projet d’alimentation de la raffinerie de Sandouville à partir d’une nouvelle source de matte suppose bien sûr que la filière soit compétitive. Nous y travaillons. Pour SLN cela aurait un impact significatif et positif sur son équilibre financier : économie d’énergie, de transport, …
L’endettement d’Eramet est une réalité sensible or le groupe maintient sa "convention de trésorerie" avec la SLN. L’entreprise calédonienne à besoin d’argent, on parle de 200 millions d’euros, pourquoi le groupe Eramet est-il le seul actionnaire à soutenir financièrement sa filiale calédonienne ?
Oui, Eramet soutient actuellement SLN sur la base de la convention de trésorerie existante. Eramet assume donc sa responsabilité d’actionnaire. Simultanément nous travaillons avec les autres actionnaires, Nisshin et STCPI, à la recherche d’autres solutions où chacun apporte sa contribution. Je souhaite vivement que ces démarches aboutissent.
Patrick Buffet, le Président du groupe Eramet a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne céderait « jamais » la majorité de la SLN à la STCPI calédonienne. Etes-vous aussi dans cette philosophie du « jamais » ?
Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui la question se pose en termes de propriété. La question, c’est d’économiser du cash et là toutes les solutions possibles doivent être recherchées avec l’aide de toutes les parties prenantes. On peut penser, par exemple, à des délais pour réaliser des travaux d’exploration exigés par le code minier, à des allègements temporaires de certaines charges.
Le projet de nouvelle centrale au charbon de la SLN est suspendu, est-ce que cette centrale redeviendra prioritaire le jour où les cours du nickel remonteront ?
Oui, bien sûr. Nous savons tous que la centrale électrique de Doniambo doit être remplacée. Dès que la situation économique le permettra ce sujet sera repris.
En attendant, pourrez-vous sauver la SLN en 2016 ?
La situation est extrêmement difficile. C’est en se serrant les coudes que nous pourrons y arriver. Nous aurons besoin de toutes les énergies. Vu ce que représente la SLN en Nouvelle Calédonie ça doit être possible ! Je ne doute pas une seconde de la capacité de nos équipes à faire face et je suis pleinement engagé et déterminé dans mon action.