Le cours du nickel soumis au supplice chinois

Concentrés de nickel (mattes) de Nouvelle-Calédonie dans l'usine Eramet de Sandouville.
Le nickel est à la peine. Le métal qui avait tenu bon une partie de la journée de lundi a finalement chuté mardi pour se stabiliser à Londres autour de 8.557 dollars la tonne contre 8.700 dollars vendredi soir. En Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, la reprise n'est pas pour demain.
Les espoirs d'une reprise des cours du nickel se feront donc encore attendre. Il a finalement été pris, mais pas trop, dans la tempête boursière en provenance de Chine. Pour l'analyste londonien Triland Metals, "le marché est sous pression malgré l'inévitable intervention du gouvernement chinois qui vient en soutien de son économie manufacturière." Au cours des douze derniers mois, le prix du nickel a chuté de 47%.
 

Cyclope pessimiste

La première note mensuelle 2016 du rapport Cyclope, le principal institut de recherche européen sur les premières reflète les inquiétudes liées notamment à l'économie chinoise. Que dit Cyclope ? "Rien ne va plus dans le nickel notamment en Nouvelle-Calédonie. Eramet va arrêter sa production de mattes. Glencore menace de se retirer de l’usine du nord, alors que Vale aurait perdu 350 millions de dollars avec des prix de revient de 15.000 dollars la tonne".
 

Un Australien optimiste

Ce constat brutal contraste avec l'optimisme mesuré, teinté de fatalisme, dont fait preuve un analyste du nickel. Selon Carey Smith d'Alto Capital, un fonds d'investissement de Perth en Australie, le marché du nickel est cyclique et donc : « Ça va se résoudre tout seul, avec le temps, comme c'est toujours le cas. Les mines et les producteurs qui ne devraient pas produire à ces prix-là vont devoir fermer. C'est comme ça que l'économie fonctionne, et c'est ce qui passe à chaque fois dans le secteur des matières premières. Peu importe la ressource, on construit toujours trop et ensuite, cela prend cinq à dix ans pour revenir à la normale. Et ensuite, on construit trop à nouveau, et ça continue… C'est cyclique, tout simplement. » Le fonds spéculatif australien est très actif dans les "commodities" c'est-à-dire les placements financiers et les investissements spéculatifs dans les matières premières et le nickel. Alto Capital a sans doute intérêt à une reprise des cours, d'où peut-être l'optimisme dont fait preuve son analyste.
 

Frémissements boursiers

Ce mardi soir à Paris, les résultats des sociétés minières et de négoces présentes en Nouvelle-Calédonie sont contrastés. Le groupe français Eramet perd 0,86% tandis que la multinationale anglo-suisse Glencore regagne prés de 3% et son concurrent canado-brésilien Vale 1%.  Malgré la situation tendue de l'économie chinoise ? "Il ne s’agit que d’achats à bon compte", indique John Plassard, de Mirabaud Securities à Genève cité par Bloomberg. "Il y a un rebond des valeurs liées aux matières premières. Elles ont tellement souffert que les intervenants sont en quête d’opportunités".