Le Mana au cœur d’une nouvelle stratégie pour faire revenir les touristes américains en Polynésie

Campagne pour la destination Polynésie en direction des touristes américains
La Polynésie française veut changer de stratégie pour faire revenir les touristes. Après des années de publicité centrée sur ses plages et ses lagons, elle lance une campagne mondiale qui fera la part belle à sa population, sa culture et son tourisme vert. Première cible : les Américains.
Tahiti et Bora Bora font toujours rêver, mais le principal secteur économique polynésien, le tourisme, reste en difficulté depuis les attentats du 11 septembre 2001, puis la crise de 2008, qui ont durement frappé les deux principaux pays d'où proviennent les touristes: les Etats-Unis et la France.
 

Objectif : 500 000 visiteurs en 2020

La Polynésie française accueillait plus de 260.000 touristes en l'an 2000, mais moins de 160.000 en 2011. En 2015, leur nombre est remonté à 183.000, auxquels s'ajoutent 50.000 croisiéristes, selon le Groupement d'intérêt économique (GIE) Tahiti Tourisme. Des chiffres cependant loin de l'objectif affiché par le ministre local du Tourisme Jean-Christophe Bouissou: 500.000 visiteurs par an dès 2020. Les touristes représentent en effet une manne: ils dépensent chaque année en Polynésie française plus de 40 milliards de francs Pacifique (335 millions d'euros), soit 3,5 fois le montant des exportations de produits locaux, selon l'Institut de la Statistique en Polynésie française.

Image de la nouvelle campagne sur la destination Polynésie pour toucher les touristes américains

Concurrence des autres îles 

Mais l'une des difficultés est le prix des billets d'avion: en haute saison, un Paris-Papeete-Paris coûte plus de 2.500 euros. Sans compter la concurrence des autres îles du Pacifique Sud: les quelques 20.000 habitants des Îles Cook accueillent chaque année presque autant de touristes que la Polynésie, et les Fidji comptent quatre fois plus de chambres d'hôtel, selon Tahiti Tourisme. Leurs atouts? Elles sont moins isolés, anglophones, et disposent d'une main d'œuvre moins chère, ce qui leur permet de proposer des séjours moins onéreux.

La force du Mana

Tahiti Tourisme souhaite surfer sur la diversité de la Polynésie française vaste comme l'Europe, et ne plus communiquer seulement sur les paysages idylliques et les vahinés: la culture sera désormais mise en avant. Avec le "Mana", un mot qui signifie en tahitien "esprit", "énergie" et "pouvoir", elle sera au centre de la campagne internationale lancée d'abord en Amérique du Nord, (regardez la vidéo ci-dessous) puis dans le reste du monde, avec des points forts jusqu'ici peu exploités: la population, l'artisanat ou le tourisme vert, l'intérieur des îles offrant des randonnées exceptionnelles, longtemps éclipsées par les richesses des lagons.
           


De plus en plus de touristes chinois

Elle mise aussi sur des niches plus modestes: les plongeurs, les randonneurs ou les amateurs de voile. Et sur de nouveaux pays pourvoyeurs de touristes: depuis la simplification de leur formalités de visa, le nombre de touristes chinois augmente rapidement. Il est passé de 1.183 visiteurs en 2012 (0,7% du total) à 4.635 visiteurs en 2015 (3% du total). Une ligne directe entre Shanghai et Papeete est même envisagée par la compagnie Hainan Airlines.

Nouveau complexe hôtelier à Tahiti                       

Pour redresser le secteur touristique, le gouvernement local table sur la construction d'un complexe hôtelier d'environ 3.000 chambres sur la côte ouest de Tahiti. Ce projet, le Mahana Beach, permettrait de doubler la capacité hôtelière polynésienne (2.800 chambres), qui avec la crise, a diminué de 17% en 15 ans. Si la timide reprise du tourisme se poursuit, les hôtels existants ne pourront plus absorber les visiteurs, surtout dans les petites îles.        
 

Plonger aux Tuamotu

"Si on n'a pas la capacité dans les hôtels de Bora Bora, c'est un frein, parce que c'est un produit phare. Normalement, les touristes classiques visitent plusieurs îles, Bora Bora inclus, a souligné à l'AFP Paul Sloan, le directeur de Tahiti Tourisme. Ils ne se contentent pas de Tahiti, l'île la plus urbanisée, ni même du lagon turquoise de Bora Bora. Ils veulent plonger aux Tuamotu, découvrir les églises bâties en soupe de corail dans l'archipel des Australes, ou chevaucher aux côtés des descendants des Aito (guerriers) aux Marquises".