"Réduisez votre production !" : la City de Londres s’adresse aux producteurs de nickel

Mineur calédonien sur le massif de nickel du Koniambo en Nouvelle-Calédonie
Samedi prochain à Paris, les signataires de l’accord de Nouméa aborderont la situation des trois usines de nickel  avec le gouvernement français. Mais sans participation des acteurs industriels. Pour la City de Londres, il faut réduire la production mondiale, y compris en Nouvelle-Calédonie.

La City réclame des coupes sombres

Les arrêts ou les baisses de production au Brésil, en Australie ou à Madagascar sont insuffisants. Les stocks de nickel, qui s’élèvent à 448 000 tonnes, représentent près de trois mois de production mondiale alors que la demande est faible. En 2016, les cours du nickel devraient rester sous le seuil de rentabilité des usines. Tel est, en tout cas, le constat des analystes de la City de Londres. La note de perspective adressée aux négociants du marché des métaux est simple : « La balle est dans le camp des producteurs de nickel ». Que contient cette analyse du London Metal Exchange ? Tout d’abord, elle rappelle que « Le surplus de production de nickel a été de 58 000 tonnes en 2015 et que personne ne l’avait prévu. »

Les analystes du LME le reconnaissent, ils envisageaient un marché global en équilibre et se sont trompés. La demande en nickel a été plus faible que prévue et l’offre a résisté « parce que les producteurs de nickel, plus que tous les autres producteurs de métaux, ont refusé de réduire la voilure, quand bien même 70 % d’entre eux enregistrent des pertes abyssales. » La note du LME ne cite aucun producteur à la différence de l’agence Bloomberg qui évoquait récemment les usines de Glencore et de Vale en Nouvelle-Calédonie. Mais sur le fond, le constat est identique.

Le nickel fait triste mine

Pour 2016, les prévisions ne sont pas vraiment optimistes. L’offre globale des producteurs de nickel devrait être en baisse, mais de 14 000 tonnes seulement, à condition que des entreprises « jettent l’éponge. »
La note d’analyse du LME, corroborée par le quotidien "Metal Bulletin" de Londres, précise que la bataille entre les producteurs de nickel ne pourra pas durer éternellement. Et d’autant plus que la Chine est l’arbitre de cette concurrence qui produit à perte et doit en plus faire face à des produits recyclés et moins chers que le nickel pur.

L’avenir est dans une zone grise

L’ambiance autour du nickel est morose, le métal restera sans doute le plus mauvais élève de tous les métaux industriels. Le document du LME envisage un cours moyen de 8 950 dollars la tonne au premier trimestre de 2016. Pour une moyenne annuelle qui serait de 9 588 dollars. Loin, très loin des coûts de production des usines mondiales et notamment calédoniennes. Si des sursauts sont envisageables en 2016, ils seront de courte durée prévient en conclusion la note du LME, "car les énormes stocks de nickel qui se trouvent dans les entrepôts mondiaux vont continuer à peser sur les cours. Leur remontée n’est pas prévue avant 2017." 

À quelques jours de la réunion à Paris des signataires de l’accord de Nouméa, qui abordera samedi matin la question du nickel dont la Nouvelle-Calédonie détient d’importantes réserves, on ne s’étonnera pas que les titres boursiers des trois métallurgistes du Territoire aient été de nouveau malmenés ce lundi à Paris. Dans le sillage baissier des cours du nickel au LME de Londres.