Améliorer la coopération avec le Brésil et le Surinam voisin, renforcer les mesures judiciaires ou développer la traçabilité de l'or sont quelques unes des pistes évoquées pour lutter contre l'orpaillage illégal en Guyane.
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A l'initiative de la députée de Guyane, Chantal Berthelot (DVG), la table ronde a réunis mercredi différents intervenant guyanais venus faire le point sur l'impact social, environnemental et sécuritaire de l'exploitation aurifère clandestine dans le Parc amazonien de Guyane. A l'issue de cet état des lieux, les députés ont souhaité la création d'une mission d'information parlementaire. Le président de la commission, Jean-Paul Chanteguet (PS), va en faire la demande auprès de la Conférence des présidents, afin d'intégrer à cette demande la commission de la Défense et la commission des Affaires sociales, a-t-il dit à l'AFP.
Selon lui, il faudrait pouvoir assurer une traçabilité de l'or pour distinguer celui produit illégalement. Des solutions existent, mais "compliquées et coûteuses", a estimé Mme Saunier, et "il faut que les orpailleurs légaux le souhaitent". Elle insiste plutôt sur la nécessité de mettre la pression sur les fournisseurs, venus du Brésil et du Surinam, qui ravitaillent les garimpeiros en matériel, mercure et vivres.
15 000 mineurs clandestins extraient chaque année 9 tonnes d'or
"La Guyane, c'est un territoire grand comme le Portugal", et dont certains bourgs ne sont accessibles qu'après "plusieurs jours de pirogue", a rappelé Bérengère Blin, directrice adjointe du Parc amazonien de Guyane. Sur ce territoire, 15.000 mineurs clandestins, les "garimpeiros", venant du Brésil ou du Surinam voisin, extraient chaque année environ 9 tonnes d'or, en retournant les sédiments (avec l'aide de barges), détruisant les berges des fleuves, ou en creusant des puits dans le sous-sol. Déforestation, pillage des ressources, destruction des biotopes, pollution des cours d'eau, accumulation du mercure (utilisé pour extraire l'or), Anne Saunier, représentante du collectif citoyen Les Hurleurs de Guyane a décrit un phénomène "extrêmement perturbant" pour l'environnement, et des problèmes d'insécurité. "Violence, viol, prostitution, vol. La légende de l'or qui rend fou n'en est plus une chez nous", a-t-elle expliqué. Sans compter les inquiétudes sur la santé, le mercure étant un neurotoxique puissant, que l'on retrouve dans les poissons dont se nourrit la population locale, a-t-elle dit, réclamant une étude épidémiologique.
En 2015, 412 puits d'orpaillage et 91 concasseurs ont été détruits par les militaires
"La lutte contre l'orpaillage illégal est continue", a insisté le colonel Patrick Valentini, commandant en second de la gendarmerie outremer, rappelant que l'opération Harpie mobilisait sur place plusieurs centaines d'effectifs, dont 120 gendarmes au quotidien. En 2015, 412 puits d'orpaillage et 91 concasseurs ont été détruits par les militaires, qui ont saisi 80 kg de mercure, 736 moto-pompes, 116 tonnes de vivres, mais seulement 4,3 kg d'or, car "quand ils s'enfuient ils sauvent d'abord l'or".
Selon lui, il faudrait pouvoir assurer une traçabilité de l'or pour distinguer celui produit illégalement. Des solutions existent, mais "compliquées et coûteuses", a estimé Mme Saunier, et "il faut que les orpailleurs légaux le souhaitent". Elle insiste plutôt sur la nécessité de mettre la pression sur les fournisseurs, venus du Brésil et du Surinam, qui ravitaillent les garimpeiros en matériel, mercure et vivres.
Le colonel Valentini préconise de créer une incrimination spécifique pour les fournisseurs, car la complicité d'orpaillage illégal, fréquemment utilisée, "tombe quand on n'arrive pas à démontrer l'infraction principale. Il faut une infraction déconnectée sur la détention de matériel". S'il a souligné une réduction du nombre de sites d'orpaillage actifs (500 en décembre 2013, 204 en décembre 2015), il reconnait que beaucoup "sont réinvestis après la destruction. L'adversaire est adaptable et résilient".
Nous ne pouvons plus nous promener dans les forêts, emmener des touristes
Les intervenants ont également réclamé l'élargissement des compétences de police judiciaire (obligatoires pour les saisies et destructions de matériels) à d'autres personnels, et insisté sur la nécessité d'une meilleure coopération policière et judiciaire avec le Brésil et le Surinam, actuellement peu efficace. "Nous ne pouvons plus nous promener dans les forêts, emmener des touristes", a déploré Chimili Boussoussa, capitaine Aluku de Papaïchton-Pompidou, représentant des autorités coutumières. "Les gens ont peur des orpailleurs, il y a des pillages", a-t-il raconté. Mais les garimpeiros n'ont pas peur de l'Etat français, "trop gentil", a-t-il dit, se proposant d'appliquer "pendant un an la loi traditionnelle. On peut montrer à l'Etat français comment régler le problème".