Rencontre avec Stéfi Celma, talent prometteur du cinéma français

Stéfi Celma
Elle prépare les saisons 2 et 3 de la série Dix pour cent, après avoir joué dans Case départ, Pas très normales activités ou encore les Profs 1&2. Rencontre avec Stefi Celma, une jeune chanteuse et actrice d'origine martiniquaise qui, petit à petit, trace sa route dans le cinéma français.
Dans la série Dix pour cent, réalisée par Cédric Klapish et diffusée à l'automne 2015 sur France 2, elle incarnait Sofia Leprince. Une jeune standardiste, membre d'une troupe de théâtre amateur, qui rêve de percer dans la comédie. 

Comme Sofia Leprince, Stéfi Celma sait à la fois chanter et jouer. Mais s'il lui arrive de mélanger ses deux passions dans ses projets, à la base, elle se voyait plutôt chanteuse. "La musique ça fait vraiment partie de ma vie. Dès que je me lève, il y a de la musique, ca restera toujours mon plaisir absolu", insiste-elle.
 

Entre Michel Berger et la Perfecta

Fille d'un enseignant et d'une secrétaire, tous deux originaires du Saint-Esprit en Martinique, elle a étudié le piano classique dans sa jeunesse, passée entre la région parisienne et l'île aux fleurs. A ces cours s'ajoutent des cousins férus de gospel et des parents mélomanes. "On partait en vacances en famille, on faisait de longs trajets en voiture, et on écoutait de la musique tout du long", se souvient-elle, citant pêle-mêle Compay Segundo, Michel Berger et la Perfecta.
 
Une éducation musicale éclectique qui a porté ses fruits. En 2007, elle passe avec succès le casting du spectacle Sol en cirque. L'année suivante elle est retenue pour la comédie musicale hommage à Aznavour Je m'voyais déjà, écrite par Laurent Ruquier. Une directrice de casting la remarque et lui propose de jouer dans la série télévisée Seconde chance sur TF1. Première expérience télévisée… et premières hésitations. "C'était particulier, je devais apprendre mes textes très rapidement et on enchainait les scènes. Même si je n'étais pas satisfaite de moi, on passait à la suivante".
 
Stéfi Celma dans son rôle de Amina pour Les Profs 2


Des rencontres décisives

Pas le temps de douter néanmoins. Sur les conseils de son entourage, Stéfi Celma se choisit un agent et enchaîne les séries TV, le théâtre - elle incarne Marianne dans une pièce d'Edouard Baer- et les rencontres, à l'instar d'Isabelle Nanty, (qu'elle qualifie de "fée") ... Ce sont d'ailleurs ces dernières qui ont fait sa carrière, la jeune femme en est persuadée.
C'est sans doute pourquoi, assistants de production, directeurs de casting ou comédiens, la comédienne prend soin de citer nommément tous ceux et celles dont elle a croisé la route et qui l'ont aidé dans sa trajectoire. "Les mauvaises rencontres, il y en a eu forcément, mais… autant les occulter", lance-t-elle en riant, avant de poursuivre un ton plus bas "même si après tout, elles m'auront permis d'en savoir plus sur la nature humaine".
 
Pas de place pour la rancœur et les regrets. A à peine 30 ans, Stéfi Celma a déjà joué dans des films qui ont cartonné aux box-office, comme Les Profs 1&2, Pas très normales activités ou encore la comédie de Thomas Ngijol et Fabrice Eboué Case départ, dont elle interprète également la bande originale.


Puis est venue la série Dix pour cent, avec son succès d'audience, qui lui vaut aujourd'hui d'être reconnue, et saluée dans la rue. Stéfi Celma s'en amuse: "On me dit souvent des mots gentils", et assure garder les pieds sur terre, auprès de son "noyau dur". Comprendre sa famille et ses amis de longue date.

Problème de diversité

Stéfi Celma fait désormais partie des rares actrices noires qui évoluent dans le milieu du cinéma français. Dans Dix pour cent, son personnage doit faire face aux préjugés sur sa couleur venant parfois de personnes pourtant bienveillantes, comme  son agent qui présuppose qu'elle sait danser le hip-hop, puisqu'elle est noire.

C'est à nous de faire en sorte que les choses changent







La jeune femme assure, elle, ne pas avoir vécu de situations aussi marquantes lors de ses castings, "même si je pense que mon agent me protège beaucoup". Pour autant, elle déplore le manque de diversité dans son univers professionnel.
"J'espère que ca va changer, soupire-t-elle. Mais on n'est pas les seuls à être oubliés. Les Asiatiques vous en voyez beaucoup vous dans les films ?"

Plutôt que de se lamenter, elle se voit plutot dans l'action. "C'est à nous de faire en sorte que les choses changent, à nous de créer les rôles que les autres ne veulent pas nous donner", ajoute-elle.

D'ailleurs, elle en est sûre, les choses évoluent: "De plus en plus de rôles, comme celui de Sofia Leprince par exemple, sont écrits pour des personnes, indifféremment de leur couleur de peau. Ensuite le scénario s'adapte si besoin." Elle est résolumment optimiste Stéfi Celma.  En même temps, jusqu'à présent, cela lui réussit bien.