Après six ans de rêve américain, le catcheur réunionnais Marc Sebire veut réenchanter la France

Le réunionnais Marc Sebire jadis connu sous le nom de White Storm
La France l’a connu sous le nom de White Storm. Installé en Floride depuis six ans, le catcheur réunionnais est redevenu Marc Sebire. Une vraie réussite sportive et entrepreneuriale. Attention alerte météo : la tornade blanche va rentrer au pays.
Nous avons retrouvé Marc Sebire à Melbourne. Oups, il y a un piège. Melbourne… en Floride. États-Unis d’Amérique. Non loin d’Orlando et de Cap Canaveral. En 2014, Marc était encore White Storm, une star française du catch. En traversant l’Atlantique avec femme et enfants, le Réunionnais a fait un pari fou. Repartir de zéro et s’imposer dans une Ligue où personne n’avait entendu parler de lui : "Il faut savoir qu’ici, le catch est moins populaire qu’en France," avoue Marc. "Je ne parle pas des manifestations du type WWE qui sont de purs spectacles aux États-Unis. Pour le vrai catch sportif, si vous combattez devant cent personnes, c’est un exploit. J’ai donc dû séduire les rares promoteurs et le maigre public. Ceci étant en Amérique, il y a un grand respect pour les sportifs. Dire que j’étais catcheur m’offrait presqu’un visa d’entrée dans le pays !"

Le style de Sebire, le frenchy, plaît aux promoteurs. Son catch est plus physique que les autres. Plus nerveux. Plus efficace. Le palmarès américain s’étoffe. Les ceintures s’accumulent : champion par équipes à Daytona, champion des poids légers et même, champion des poids lourds : "Effectivement, j’ai détenu les deux titres en même temps. Légers et lourds. Mais faire du catch ici se révèle un pari fou. Car il n’y a pas de Sécurité Sociale. La moindre blessure nécessitant des soins à l’hôpital peut vite vous ruiner. Fin 2019, j’ai eu un problème au dos. Si j’avais voulu me soigner correctement pour revenir sur le ring, j’aurais dû m’endetter sur trois générations. D’où la décision d’arrêter ma carrière."
 
Marc Sebire, le catcheur réunionnais qui a conquis l'Amérique
 

Son rêve américain fonctionnait déjà

En débarquant en Floride, Marc Sebire n’avait pas pour unique ambition de s’imposer dans l’univers plutôt confidentiel du catch US. Avec son épouse Marine (qui ne parlait alors pas un mot d’anglais), ils voulaient aussi et surtout développer une activité de coaching personnel à domicile. En 2014, quelques mois suffisent pour lancer la machine : "L’un de mes premiers clients était un docteur indien," raconte le Réunionnais. "Il a perdu 20 kilos en quelques semaines. Il travaillait dans un hôpital et c’est un peu comme si tous ses patients nous avaient contactés dans la foulée ! L’impact communautaire est important aux États-Unis. Très vite, nos agendas se sont remplis. Souvent des médecins ou des chefs d’entreprise. La plupart au-dessus de quarante ans. Nous nous déplaçons chez eux pour les remettre en forme."

L’obésité. Fléau majeur. Au Pays de l’Oncle Sam, quarante pour cent de la population des plus de 20 ans est obèse. Le coaching se doit donc d’être complet. Sportif bien sûr. Régulier. Et accompagné d’un gros effort au niveau de la nutrition. Les résultats obtenus par Marine et Marc sont impressionnants. Les retours des clients sont élogieux. Seul petit revers de la médaille pour ce couple français en exil : la vie privée passe au second plan. "Je confirme," avoue Marc. "On travaille tous les jours. 7 jours sur 7. Les amplitudes horaires ne sont pas dingues mais on passe aussi beaucoup de temps en voiture car les distances sont importantes… En six ans passés en Floride, on a dû prendre au total quelque chose comme un mois de vacances. Ceci étant, je n’ai jamais ressenti notre activité comme une contrainte. On peut choisir nos clients. Les gens sont sympas. Franchement, la vie était belle."
 
Avant / Après. Les effets du coaching personnel de Marc Sebire.
 

Fatiguée des ouragans, la tornade va revenir en France

La vie était belle. Car depuis l’arrivée du coronavirus et les mesures de confinement imposées, Marc Sebire, 39 ans ne peut plus travailler. Interdiction. Le Réunionnais ne dispose pas de la fameuse carte verte. Juste un visa de travail renouvelable tous les ans : "Ça veut dire qu’en cette période de Covid-19, je n’ai droit à aucune aide. Aux yeux de la loi américaine, je n’existe pas. Je dois pourtant continuer à payer mes factures. Nous vivons dans le pays du business. Les gens sont très accueillants. Tant que tu gagnes de l’argent, tu t’en sors. Mais s’il y a le moindre souci, ça peut devenir un cauchemar. Tout cela n’a fait qu’accélérer notre souhait de rentrer en France."

Marine Sebire parle maintenant anglais couramment. Ses deux garçons Angeal et Zack maîtrisent même mieux la langue locale que le français. Pour White Storm, il est temps de passer à autre chose : "Nous aurons quand même connu trois ouragans. Quand tu vois les murs de ta maison trembler pendant des heures, ça fait réfléchir. Et maintenant, il y a le Covid-19. L’Amérique, c’est super sympa mais nous ne sommes pas considérés comme des citoyens à part entière. Je sais que les Français se plaignent beaucoup, mais en France, les systèmes de santé et d’éducation sont efficaces et quasi-gratuits. C’est unique."

En juin prochain, Marc Sebire et sa petite famille vont donc retrouver le sol français. Dans la région de Cannes. Nouveau départ. Nouveau défi. Mais toujours dans le coaching personnel à domicile : "On ne change pas une formule qui gagne," s’amuse le Réunionnais. "Nous allons viser la clientèle internationale de la Côte d’Azur. Une nouvelle fois, on repart de zéro mais je ne suis pas du tout inquiet. L’exil américain m’aura permis de me découvrir. J’ai une plus grande ouverture d’esprit désormais. Le rêve américain a peut-être fait de moi un Européen encore plus épanoui. Je veux garder le meilleur des deux mondes."
 
Un message de Marc Sebire, connu jadis sous le nom de White Storm