Une réunion a été convoquée ce dimanche 28 juillet à la mairie de Dembéni suite à la nuit de violences qu'a vécu le territoire entre vendredi et samedi. Une dizaine de véhicules à Dembéni ont été incendiés et dégradés par des jeunes de la commune, une douzaine à Iloni quelques jours plus tôt. Les élus municipaux, les notables et des entreprises ont échangé sur les solutions à apporter. "Nous avons porté des mesures qui seront prises dans les jours à venir pour responsabiliser les parents des voyous et indemniser les victimes", annonce le maire, Moudjibou Saidi, à la suite de cette rencontre.
La police intercommunale se chargera de recenser les victimes, mais elles ne seront pas les seules. Le maire veut également "recenser les familles qui aident, qui encouragent ces violences sur Dembéni, pour leur infliger des sanctions." Si la municipalité peut recenser ces familles, la possibilité de les condamner reviendra aux forces de l'ordre et à la justice. La gendarmerie était notamment présente à cette réunion. "J'espère que tout le monde va prendre son flambeau sur l'éducation de ces enfants", résume l'élu. Un comité intervillageois a été fondé pour l'occasion pour sensibiliser et éviter une reprise des violences.
"On ne dort plus, on survit"
Parmi les habitants, la frustration domine au lendemain de ces faits. "Ils ont jeté un cocktail molotov, c'est là que ça a pris feu", raconte Aboubacar devant la vitre arrière et le coffre calciné de sa voiture. "Tout mon matériel a brûlé, je suis maçon, je travaille à mon compte." Selon cet habitant, dans les villages, "ils connaissent tous le nom de ceux qui foutent le bordel, mais ils ont peur de le prononcer."
Cette omerta se ressent dans les rues d'Iloni, où les habitants n'acceptent de témoigner qu'à visage caché et à la voix masquée. "Ils viennent tard dans la nuit quand on dort pour nous traumatiser, nous appeler pour qu'on sorte dehors et qu'ils nous tuent", raconte une riveraine. " On ne dort plus, on survit." Tous connaissent les conséquences, mais aucun ne sait expliquer d'où vient cette guerre qui s'éternise entre les deux villages.
"C'est comme entre Combani et Miréréni, c'est la même chose, le maire ne peut rien faire et l'État nous abandonne", ajoute un habitant. "Les habitants de Dembéni et d'Iloni se déresponsabilisent, se disent que leur enfant n'est pas impliqué, mais alors ils ont à qui ces enfants ?" La municipalité cherche donc à répondre à cette question, la gendarmerie a déjà ouvert une enquête judiciaire pour retrouver les auteurs de ces faits.