Au festival d’Avignon, « Accompagne-moi », de la compagnie guyanaise Maztek, est une joute verbale entre une éducatrice et un jeune marginal.
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La pièce en résumé
« Accompagne-moi », de la compagnie guyanaise Maztek, est une joute verbale entre une éducatrice et un jeune marginal. L’une veut aider l’autre à condition qu’elle l’écoute. Elle, elle ne sait pas écouter et applique dans le contexte guyanais un modèle d’éducation importé d’ailleurs. Cette joute est assurée par une seule comédienne qui dialogue avec un personnage en voix « off ».Ecrit et mis en scène par Bérékia Yergeau. Chorégraphie Anne Meyer. Jusqu’au 27 juillet à La Chapelle du Verbe incarné, 13h40. Durée 1h.
Le contexte du théâtre guyanais
Dans ce département, existe depuis 2007, le Théâtre de Macouria, scène conventionnée de Guyane. Chaque festival d’Avignon ou presque nous réserve une surprise. Parmi les exemples récents, nous avions été séduit par le théâtre-école Kokolampoe qui présentait en 2015 « L'os », la première comédie musicale bilingue français-saramakaL’année précédente La1ere.fr avait apprécié « Léon Léon, Nègres des Amériques » par la compagnie Théâtre de la ruche un spectacle de slam et de théâtre autour d’une rencontre imaginée entre le poète guyanais Léon Gontran Damas et un Afro-américain né à l’époque de la ségrégation.
L’an dernier, la metteuse en scène Odile Pedro Léal revenait à la scène dans « Le Cyclone ». Elle prépare une nouvelle adaptation de « La Maison de Bernarda Alba », œuvre posthume de l’écrivain espagnol Federico Garcia Lorca (1945) pour 2020. Ce drame puissant sur la domination masculine avait rencontré le succès au festival d’Avignon en 2003.
« Accompagne-moi », première représentation, le 4 juillet
« Accompagne-moi » raconte l’évolution de Soleil, un jeune à la marge, et d’une dame qui l’accompagne, l’éducatrice, avec un assistant, Paul. C’est le procès des solutions toutes faites venues d’ailleurs. La comédienne Anne Meyer joue tous les rôles. Elle vient de la danse et tenait son premier rôle l’an dernier toujours à La Chapelle du Verbe incarné dans « La forêt des illusions », par la compagnie des Cueilleurs de brume. Première impression
La générale que nous avons vue, le 4 juillet, à La Chapelle du Verbe incarné, ne nous a pas convaincu. Soulignons néanmoins les mérites de la comédienne. Elle tente d’apprivoiser la scène comme le texte. Son jeu sait se glisser dans les différents registres des trois personnages qu’elle interprète, mais la pièce dont l’idée centrale est « Aider c’est d’abord écouter l’autre » n’échappe pas aux clichés : « J’en ai marre d’être prise pour un chien, pour une faute », ou bien : « Paul, je vais tout faire pour lui permettre de réussir », ou encore : « Madame, vous les aurez, ces quotas. »La pièce veut souligner, selon les intentions de l’autrice, Bérékia Yergeau, « le décalage entre les modèles d’éducation importés et la réalité ». Malgré une création musicale inventive (Jenny Sagado), la pièce semble ressasser la même idée du « vivre ensemble » : écoutons l’autre.
A souligner les parcours de vie et les engagements des artistes : Anne Meyer travaille en Guyane depuis 7 ans en lien avec des populations. Bérékia Yergeau, née en Guyane de parents haïtiens a été adoptée très jeune au Québécois et Jenny Sagado est imprégnée des cultures africaines, haïtiennes et nord-américaines.
La pièce a encore une vingtaine de représentations pour trouver ses marques.