Les Barrés de la Yole mettent le cap sur l'héritage commun de l'humanité

Pas de départ depuis les plages cette année pour des raisons sanitaires et de protection des coursiers.
La yole au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité à l'UNESCO ? Tous les patrons de yole, ces guerriers de la mer, porteurs de la tradition en rêvent. Au point de fasciner des skippers de course au large, venus s'initier à cette pratique traditionnelle au Diamant jusqu'à demain (9 février 2020)
Ils ont la mer dans le sang les marins-pêcheurs de notre île. Et au fil des siècles, ils ont érigé sans le savoir leur embarcation en symbole, celui de la Martinique.
Mais pas seulement. La yole, leur yole est devenue universelle. Le temps humain passe. La yole reste, miroir des souvenirs de celui qui l'a créé, et du patron qui a su la maîtriser avec ses coursiers. 
Aux non-initiés d'en découvrir les secrets. Patiemment. 

Ils ont la mer dans le sang les skippers de course au large. Une autre histoire de marins. Mais au fond, le même ADN que les yoleurs. Compétiteurs, ils aiment les défis, partir en solitaire, surmonter le danger et surtout rester en vie lorsque la mer se fait ennemie.
 

Les Barrés de la yole 


Lorsqu'ils ont su que les Martiniquais se mobilisaient pour donner à la yole son titre de patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco. ils ont décidé d'allier leurs forces, leur noms et leur célébrité. Les Barrés de la Yole est né de cette union de deux mondes, les yoleurs et les skippeurs qui font un au nom d'une passion : la mer. 
Initiation des skippers par les yoleurs le 1 er jours de l'évènement les Barrés de la yole ©@DR
Et c'est ainsi que douze skippers dont Loick Peyron, Jean Le Cam, Yvan Bourgnon, Maxime Sorel, Gildas Morvan ou encore le récent vainqueur de la Transat Jacques Vabre, Gilles Lamiré, participent avec humilité à leurs premières courses de yoles au Diamant.
L'union fait la force au sein des Barrés de la Yole
Eux qui ont pour habitude d'être maître à bord se mettent aux ordres. Ceux du patron de la yole. Au service du projet. Avec humilité et respect.  

Un défi sportif et culturel a pour but de promouvoir le dossier de la yole de Martinique auprès de l’UNESCO pour faire classer leur embarcation traditionnelle au patrimoine immatériel de l’organisation internationale. Ce bateau en bois mesure à peine une dizaine de mètres et sa mise à l’eau depuis la plage du Diamant, face aux vagues, est un savoir-faire à lui tout seul. Il faut de 14 à 16 personnes pour la propulser vers le large. La suite n’est qu’une question d’équilibre : des hommes suspendus au-dessus de l’eau font office de balancier pour éviter que l’embarcation ne se retourne.

C’est une technique traditionnelle que découvrent des skippers rompus aux exercices des transatlantiques et des tours du monde.

Je découvre qu’en Yole, on est noté sur deux choses : la note artistique et le résultat sportif. C’est absolument génial cette découverte. On ne peut pas dire que ce soit calme d’un point de vue sonore, l’échange d’information à bord est continu ! Le tout, en créole. C’est une formation accélérée, on va vite l’apprendre en deux jours, salue Loick Peyron son humour habituel.


La Yole n’a pas de quille et les membres d’équipage jouent constamment les équilibristes suspendus au bout de long "bois dressés".
Jean Le Cam, avec ses quatre Vendée Globe au compteur, mettait pour la première fois un pied à bord d’une Yole. C’est aux côtés du jeune patron de 29 ans, Mathias Rémire qu’il découvre la Yole.

S’il y a un sport pour faire de la cohésion d’équipe, c’est bien celui-là ! C’est incroyable ! On est 14 à bord et tout le monde se coordonne. C’est fabuleux.

Lors de la mise à l’eau, l’enjeu est de franchir le puissant shore break (vagues venant se briser sur le bord de la plage) sans prendre le risque que la Yole ne se renverse ou ne se remplisse totalement d’eau.
Le ballet des 14 hommes du bord est exceptionnel. 

La candidature avait été annoncée en avril 2020 lorsque le ministre de la Culture Franck Riester s’était rendu aux Antilles. 

C’est Édouard Tinaugus qui porte ce projet depuis dix ans. Employé de la RATP à Paris, il travaille sur ce dossier depuis une décennie "car au-delà de la simple pratique sportive et populaire, la yole martiniquaise est devenue un élément essentiel du patrimoine de l’île".
Une inscription au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité à l'UNESCO : ce serait une première pour la Martinique. 

 Le programme des Barrés de la Yole 

Aujourd'hui, samedi 8 février 2020 deux étapes sont prévues. Une le matin à partir de 10h. L’autre l’après-midi à partir de 14h.

Les deux courses partent de la plage du Diamant, et arrivent au même endroit.

Les yoles partent de la plage en direction de Taupinière, puis retournent vers l’Anse Caffard. Elles font un circuit au large qui les amène à nouveau vers Taupinière, jusqu’à leur arrivée sur la place des fêtes.

Dernière étape ce dimanche 9 février 2020 

C’est le dernier jour, les coureurs sont courbattus. Il ne leur reste qu’une ultime étape, celle où il donneront tout ce qu’il leur reste. Départ à 10h de la plage sur le même circuit que la veille.


On les attend vers 12h pour leur remettre leurs prix et leur montrer notre belle liesse martiniquaise ! Les “barrés” auront peu de temps pour se remettre de leurs émotions car ils reprennent l’avion en fin de journée.