Comme attendu, le premier ministre François Bayrou a déclenché un 49-3 pour faire adopter le projet de loi de budget de l’État ce lundi après-midi à l’Assemblée nationale. Ce passage en force expose le Premier ministre et son gouvernement à une motion de censure. La première à laquelle il va devoir faire face est déposée par les parlementaires du groupe LFI (La France Insoumise). "Celles et ceux qui ne voteront pas la motion de censure seront complices des ravages de la politique d'Emmanuel Macron" préviennent-ils.
De leur côté, les socialistes ne voteront pas cette motion de censure. Le divorce semble bien consommé entre les deux partis, acteurs majeurs du Nouveau Front populaire. Première à se présenter face à la presse, la députée Martiniquaise Béatrice Bellay a eu des mots forts à l’encontre du gouvernement de François Bayrou, en parlant de "trumpisation et d’un gouvernement qui tend vers l’extrême droite dans son discours". L’élue martiniquaise assure suivre les directives de son parti, et ne pas voter cette censure à contre-cœur. "C’est un vote qui nous coûte énormément, confie-t-elle. La ligne du parti est de ne pas voter contre ce gouvernement, mais nous avons voté contre le budget en commission mixte paritaire."
Son parti ne votera pas cette motion de censure, car selon ses propos, "les élus des collectivités demandent un budget. […] Nous sommes au pied du mur, dos à la falaise, nous pouvons y tomber. On ne peut pas non plus avoir des postures, sans mesurer l’impact que ça peut avoir sur nos collectivités."
Le PS attend avant de déposer sa mention de censure
Béatrice Bellay n’exclut pas la possibilité que son parti dépose une motion de censure une fois que ce budget sera adopté. Le Parti socialiste à espoir "qu’un autre gouvernement sera à même de faire ce budget rectificatif, pour l’heure ce n’est pas le cas de Monsieur Bayrou", continue l’élue Martiniquaise. Christian Baptiste, député socialiste de la Guadeloupe, est, lui aussi, mécontent de ce budget, et se donne deux jours de réflexion avant de se prononcer. "C’est un gouvernement qui se fout de notre gueule, on est bien conscient. Il mérite d’être censuré au vu de sa politique et de ce budget. Maintenant, au vu des conséquences que ça peut engager, on réfléchit."
Elie Califer, autre député socialiste de la Guadeloupe, est quant à lui résigné de voir que depuis 2022, le gouvernement ne cesse de passer en force et ne laisse plus les élus exprimer la voix du peuple. Comme ses collègues de la gauche, il ne votera pas la motion. "Au-delà de la censure, la nation doit continuer à fonctionner. On ne veut pas rajouter la crise à la crise".
Les prochains jours vont être cruciaux pour François Bayrou et ses ministres. La question qui se pose maintenant, va-t-il résister à cette énième motion de censure ?