Canada : la majorité des demandes d'asile d'Haïtiens rejetées

Des demandeurs d'asile haïtiens tentant d'entrer au Québec, début août 2017.
La majorité des Haïtiens ayant demandé l'asile au Canada ces derniers mois, après avoir franchi en situation irrégulière la frontière avec les Etats-Unis, ont vu leur demande d'asile rejetée, selon des statistiques officielles rendues publiques jeudi.
Plus de 6.000 Haïtiens sont arrivés au Canada de février à octobre, mais seulement 298 d'entre eux ont jusqu'à maintenant été entendus par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Parmi eux, 29 ont finalement obtenu l'asile, soit moins d'un sur dix.

Cependant, la plupart des demandeurs des autres pays ayant aussi fui les Etats-Unis, comme les Turcs, les Syriens, les Erythréens, les Yéménites, les Soudanais ou les Djiboutiens, ont été acceptés comme réfugié au Canada. Au total, de février à octobre, 14.467 étrangers vivant aux Etats-Unis ont demandé le statut de réfugié au Canada après avoir traversé la frontière à travers des zones boisées pour éviter les points de contrôle officiels. Les demandes de seulement 1572 d'entre eux ont jusqu'ici été examinées, et 941 ont obtenu le statut de réfugié au Canada, soit une proportion de 60%.

Eldorado

Ces données sont publiées après la décision de l'administration américaine de résilier, à compter du 22 juillet 2019, le statut de protection temporaire (TPS) octroyé dans la foulée du tremblement de terre de 2010 à 58.700 Haïtiens. L'évocation d'une telle suppression au début de l'été avait suffi à jeter sur les routes, en direction du Canada, des milliers de Haïtiens vivant aux Etats-Unis sous ce statut.

Au total, quelque 321.000 Haïtiens, Nicaraguayens, Honduriens et Salvadoriens bénéficient actuellement du TPS mais l'administration américaine a tranché : Haïtiens et Nicaraguayens vont le perdre courant 2019 tandis que le sort des Honduriens et des Salvadoriens est encore dans la balance. Outre tenter d'obtenir un statut de résident permanent aux Etats-Unis ou de rentrer dans leur pays d'origine, ils peuvent essayer d'ici la date butoir de trouver une autre terre d'accueil. Pour la majorité, le Canada représente cet eldorado.

"Nous sommes préparés pour tous les scénarios imaginables", a assuré mardi Ralph Goodale, ministre canadien de la Sécurité publique, alors que de 60 à 70 demandeurs d'asile arrivent encore chaque jour en provenance des Etats-Unis. La semaine dernière, deux députés du parti libéral au pouvoir se sont rendus à New York et Miami pour rencontrer des représentants des diasporas haïtienne et latino-américaine afin de contrer des informations dans ces communautés selon lesquelles il serait facile d'être admis comme réfugié au Canada.