Alors que s'achève ce vendredi 15 novembre le procès pour trafic d'influence présumé dans le projet d'extension du Cap Sacré-Coeur au Port, la défense n'a pas fait dans la dentelle au moment de répondre au réquisitoire sévère de la procureure Véronique Denizot.
Comme celle-ci avait réclamé ce matin des peines allant jusqu'à deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité contre les principaux protagonistes de l'affaire, le maire du Port Olivier Hoarau et son ancien premier adjoint Fayzal Ahmed-Vali, les avocats des prévenus ont tiré à boulets rouges sur la procédure.
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"Faire dérailler ce train"
"Après quatre ans d'enquête, on a une heure de réquisitoire où chaque phrase contredit la précédente. Je n'ai rien compris" attaque Me Sébastien Schapira, l'avocat d'Eric Heinz, représentant du groupe Casino poursuivi pour corruption active.
"Ce n'est pas du bricolage, ni même de l'amateurisme, c'est un pur scandale"
Me Sébastien Schapira, avocat de la défense
"Notre client n'a rien à faire ici, il est innocent. Tout ce dossier est une théorie qui n'est étayée par aucun élément. Il y a un raisonnement qui relève de la théorie, mais il n'y a aucune preuve", insiste le conseil. Et sa consœur, Me Léa Hufnagel, de demander au président de "faire dérailler ce train."
"Un dossier irrattrapable"
Pour la défense de Fayzal Ahmed-Vali, ancien premier adjoint et président de l'association des commerçants, le "banquier" du dossier qui parle d'Olivier Hoarau comme "d'un frère", Me Yannick Mardenalom n'est pas plus tendre. "Ce dossier, c'est un cari la misère, un dossier irrattrapable." Et, s'adressant au tribunal : "Vous n'avez pas faire de tri, vous devez relaxer."
"Un peu léger comme dossier"
Me Sébastien Navarro n'en demande pas moins pour Olivier Hoarau. "On vous demande de mettre un terme à sa carrière sur ce dossier, c'est un peu léger" adresse l'avocat au tribunal, ironisant sur le fait que le maire du Port serait le premier à avoir inventé "la corruption par chèques."
Il rappelle les réelles difficultés financières de l'élu, "sous pression des banques, ce que la cellule Tracfin a également relevé."
"Différence de chronologie"
À ses côtés, Me Jérôme Maillot développera sur la "différence de chronologie" observée entre les actes administratifs effectués en lien avec le projet d'extension du centre commercial, et la lecture qui en est faite par les enquêteurs. Pour convaincre le tribunal, une fois encore, que la nouvelle municipalité "ne pouvait plus rien faire pour empêcher le projet d'aller au bout." Et donc qu'il n'y avait aucun intérêt à corrompre ses dirigeants.
Reste à savoir ce qu'en diront les juges, qui ont fixé leur délibéré au 17 décembre prochain.