Chlordécone : campagne d’analyses des sols et cultures

Prélèvements de sol sur une parcelle plantée en ananas et pastèques
Dans le cadre du Plan Chlordécone IV, la FREDON réalise des prélèvements combinés sol-plante dans les parcelles cultivées du Sud Basse-Terre. Les analyses, gratuites, ciblent les cultures sensibles : productions vivrières et maraîchères. Objectif : garantir la qualité sanitaire des denrées et fournir aux agriculteurs un diagnostic et des conseils sur mesure. Un reportage à écouter dans le podcast du magazine Kamannyòk.

Comment la chlordécone impacte mon exploitation ? Dans le cadre du Plan Chlordécone IV (2021-2027), la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) a confié à la FREDON (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) une mission sur quatre ans pour faire analyser gratuitement les parcelles agricoles du Sud Basse-Terre, de Petit-Bourg à Vieux-Habitants.

Prélèvement de pastèque, culture classée à risque si le sol est très pollué.

Prélèvements de couples sol-plante

Particularité de cette campagne : les prélèvements sont effectués de manière croisée sur les sols et sur les végétaux qui y sont implantés. L’action vise les cultures sensibles, à savoir les plantes vivrières qui poussent dans le sol, et certaines plantes maraîchères évoluant au contact du sol. Il s’agit bien entendu de protéger la santé des consommateurs, en garantissant la conformité des denrées mises en vente, et de fournir aussi à l’agriculteur un diagnostic personnalisé, adapté à la réalité et l’évolution de son exploitation. Il peut ainsi valoriser chaque parcelle de manière stratégique, sûre et sereine, en modélisant le risque de contamination de chaque type de culture, en fonction de la teneur en chlordécone du sol.

L’appréciation du risque est restée assez figée : par méconnaissance, certains producteurs ont renoncé à toute culture, et laissé leur sol en jachère.

Christina Jacoby-Koaly, directrice de la FREDON Guadeloupe

Pas assez de candidats

Démarrée en 2022, la campagne de la FREDON se poursuit jusqu’à la fin 2025, avec un quota annuel de cent analyses sol-plante. Le chiffre a été atteint la première année, puis est descendu à 80 en 2023. Et pour l’année 2024, l’opération est loin du compte, puisqu’à ce jour, seule une quarantaine d’analyses a pu être effectuée. D’où l’appel lancé par la Fédération auprès des exploitants agricoles du « Croissant bananier », qui rentrent dans les critères de la campagne.

Stévin Bordelais, 37 ans, a repris en 2011, avec son père, une ancienne plantation bananière de 5 hectares, située section Moreau à Goyave, et qu’il a engagée depuis trois ans en agriculture biologique. Sur les parcelles peu ou pas polluées, il cultive des racines et tubercules, et sur celles qui sont moyennement contaminées, il a installé essentiellement de l’ananas, avec, entre les rangs, des pastèques et des concombres. Le jeune agriculteur a sollicité la FREDON, début novembre, pour des prélèvements sol et plante sur la dernière parcelle de son exploitation qui n’avait pas encore été analysée : une surface d’un demi-hectare où se trouvent de jeunes plants d’ananas, et des pastèques prêtes à être récoltées. L'analyse de sol est d'ailleurs exigée par l'organisme certificateur pour les productions bio. 

Le fait d’être sur une surface chlordéconée n’empêche pas d’implanter certaines cultures et de les certifier bio. C’est pourquoi les analyses sont importantes, pour montrer aux consommateurs, la preuve à l’appui, que les produits sont de qualité.

Stévin Bordelais, exploitant agricole à Goyave

Stévin Bordelais, devant la parcelle bio d’ananas et pastèques, qu’il a souhaité faire analyser.

Peu de prise de risque

Les échantillons de sol et de fruits ou légumes prélevés par la FREDON sont envoyés dans des laboratoires d’analyses situés dans l’Hexagone. Et les résultats sont reçus dans un délai d’un à deux mois pour la terre et de deux à trois semaines pour les végétaux. En cas de dépassement de la limite maximale de résidus autorisés, le relais est pris par la DAAF, afin d’empêcher la commercialisation des denrées concernées. En 2022, seuls 5 des cent prélèvements effectués se sont révélés non conformes, et 2 sur 80 en 2023.

Parallèlement à cette mission de prélèvements, la FREDON procède également à des prospections aléatoires, en se rendant sur des parcelles classées très polluées par la chlordécone, selon la cartographie publiée par la DAAF. Il s’agit cette fois de vérifier si les surfaces en question ne sont pas plantées en cultures sensibles. Là encore, les cas d’infraction sont rares : la plupart de ces parcelles classées « rouges » sont soit non cultivées (jachère), soit implantées en cultures à risque zéro (essentiellement de la banane).

Le reportage complet sur la campagne de prélèvements de la FREDON est à écouter en podcast, en cliquant ici ; deux épisodes de la collection « Kamannyòk ».