Crise en Nouvelle-Calédonie. Au lycée public du Mont-Dore, une reprise des cours redoutée par certains

Soutien pédagogique à la salle des communautés, au Vallon-Dore, le 15 juillet 2024, pour des élèves qui ne vont pas en cours au lycée du Mont-Dore.
Après un accueil échelonné la semaine dernière, le lycée polyvalent du Mont-Dore a recommencé les cours à proprement parler, ce lundi. Un sujet de préoccupation, pour les personnels et les élèves bloqués dans la partie Sud du Mont-Dore, avec la perspective de longs trajets quotidiens en navette maritime.

Il est 8h50, ce lundi 15 juillet, au wharf du Vallon-Dore. Élèves, enseignants ou surveillants, une bonne trentaine de personnes continuent à attendre de prendre une navette maritime afin de rejoindre le lycée polyvalent du Mont-Dore, à Saint-Michel. Même en arrivant très tôt, il y a beaucoup de délai, avant de monter dans un taxi boat d'une douzaine de places desservant la marina de Boulari. Certains ont réussi à embarquer à temps. La journée commençait à 8 heures…

"Trois heures aller, deux heures retour"

Une partie de la communauté éducative redoutait cette reprise des cours en présentiel, sans possibilité d'emprunter la route provinciale de façon sécurisée. Notamment les personnels et les familles des quelque 200 lycéens qui habitent la partie Sud de la ville. "Je suis le seul prof en BTS dans ma spécialité. Je me dois d'être présent au lycée, sachant que je travaille sur du gros matériel. J'irai tous les jours, c'est ce qui est prévu", disait en fin de semaine dernière Yann Valette, professeur en électronique." Mais il prévoyait environ cinq heures de déplacement quotidien. "Trois heures aller, deux heures retour", en incluant le temps d'attente.

Le 15 juillet 2024, à 8h50, il reste un bateau à attendre avant l'embarquement vers Boulari, pour Neil Honakoko et Alain Narcissot, professeurs de physique-chimie au lycée du Mont-Dore, ainsi que Nicolas, élève de terminale.

 

Un accompagnement à la salle des communautés

La situation pose un certain nombre de problèmes, pour le corps enseignant qui vit au Sud. "Ces deux dernières semaines, nous avons essayé de faciliter la tâche à nos 200 élèves qui se trouvent de ce côté", expliquait Edwige Onen, professeur d'anglais : ils ont pu travailler sous le contrôle d'enseignants à la salle des communautés, mise à disposition par la mairie près du ponton. Une centaine de lycéens ont répondu à l'appel en tout, et jusqu'à 72 en même temps.

Réticences

Mais avec la reprise des cours à proprement parler, "on ne sait pas ce que deviendra ce dispositif. Il y aura moins de collègues, voire pas du tout. Nos élèves seront amenés à ne faire que de la continuité pédagogique, tous seuls derrière leur écran", craignait la même professeure. "200 élèves, c'est énorme à déplacer et les parents ont peur de les laisser dans la navette au risque de ne pas les retrouver le soir, s'il n'y a pas assez de place ou parce que les navettes s'arrêtent si le vent se lève."

"On a une situation très compliquée"

Ce 15 juillet, en début de matinée, une vingtaine d'élèves préféraient bûcher les enseignements à la salle des communautés, plutôt que rallier le lycée. Thibault Hippocrate, professeur d'histoire-géographie, s'est inquiété du taux d'absence. "On a une situation très compliquée. Malgré la présence de ces navettes qu'on ne peut que saluer, force est de constater que les déplacements sont ultra compliqués." Même avec une journée raccourcie d'une heure le matin et une heure l'après-midi. "Je comprends les familles qui nous ont annoncé que les élèves ne tenteront pas la traversée." Certaines ont fait en sorte de trouver un couchage dans la partie Nord.

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