Crise en Nouvelle-Calédonie. "Personne ne fait rien, on se débrouille seuls", le quotidien compliqué des habitants du Mont-Dore

La tension est toujours vive en Nouvelle-Calédonie après un dixième décès hier. Au Mont-Dore, la commune continue de faire face à des violences. La route provinciale n'est toujours pas sécurisée et les barrages improvisés persistent. Le quotidien des habitants est marqué par l'insécurité, les difficultés de circulation et d'approvisionnement.

Personne ne fait rien. On reste des victimes et on restera des victimes et on se débrouille seuls.

Une habitante du Vallon-Dore

Dans une situation toujours tendue, les habitants du Mont-Dore sud continuent de dire leur colère et leur désarroi, deux mois après le début des émeutes. Agression, incendies d'habitation et de structures publiques, mais aussi pénuries : depuis le 13 mai, les quelques 12 300 habitants de ce secteur, sans compter toutes celles qui vivent à Yaté, souffrent d'isolement et d'insécurité.

Pour s'y rendre, il n'existe qu'une seule route qui longe la tribu de Saint-Louis. Depuis quarante ans, l'axe n'a jamais été complètement sécurisé ; les blocages réguliers de la RP1 sont utilisés comme moyen de pression.

Des blocages réguliers sur la RP1

Les forces de l'ordre y sont régulièrement prises pour cible et les rares automobilistes qui s'y engagent, le font à leurs risques et périls. Depuis plusieurs semaines, les vols de véhicule se multiplient avec des car-jacking souvent très violents. 

"Quatre personnes qui sont sorties avec des armes à feu, des revolvers, fusil sont venues nous pointer à travers la vitre. C'étaient des gens vraiment très agressifs,très haineux" témoigne à visage couvert une victime de car-jacking. 

Depuis les habitants sont contraints d'emprunter les navettes maritimes, des liaisons quotidiennes entre la Vallon-Dore, Boulari et Port-Moselle à Nouméa. En moyenne, 2 000 personnes sont transportées par jour, en priorité celles qui ont une obligation professionnelle, scolaire ou de soins médicaux. Pour toutes les autres, le service est depuis une semaine payant. 

La navette maritime transporte environ 2000 personnes par jour

À ses difficultés de circulation s'ajoutent les problèmes d'approvisionnement ; en particulier sur le gaz et les produits frais. 

Les marchandises, on va les restreindre. Par exemple, les familles qui ont 8 personnes chez elles, on va leurs dire, un poulet, deux poulets, deux pains seulement... C'est compliqué.

Kenny Pham, co-gérant d'un épicerie

La situation sanitaire demeure elle aussi préoccupante. Les professionnels de santé sont aussi tributaires des navettes depuis maintenant huit semaines.

Au Mont-Dore, le bilan provisoire des dégradations s'élève à 140 millions de Francs (soit 1,2 million d'euros). 

Un reportage de Sheïma Rahi de NC la 1ère.
 

Retrouvez ici notre journal outremer.l'info du jeudi 11 juillet 2024 présenté par Sophie Vingadassalom, également diffusé sur France 3 à 11h50.