Accusé de meurtre, ce jeune de Bouyouni est toujours incarcéré à Majicavo. Ce mercredi après-midi, il est passé devant le juge d'instruction. Il est poursuivi pour avoir asséné un coup de couteau mortel au cou de celui qu’il désigne comme son agresseur. Des faits survenus ce lundi matin. En l’espace de trois semaines, c’est le second décès survenu dans le cadre d’une agression. Mais cette fois-ci, un témoin affirme avoir les images de la vidéo surveillance. Il nous raconte ce qu’il a vu :
- Une tentative de vol qui tourne mal ?
Ce lundi matin à Longoni, un salarié de l’entreprise de nettoyage Nickel vient de terminer son travail. En sortant d’EDM, il est interpellé par trois jeunes qui, selon notre témoin, voulaient le dépouiller de son sac. L’homme résiste. L’un des jeunes a un couteau à la main. Il vient de s’en servir pour découper un Jaques. Il aurait voulu s’en servir contre l’agent d’entretien, lorsque ce dernier esquive l’attaque et sort un couteau à son tour.
C’est à ce moment que le coup mortel est donné transformant l’agresseur en victime. Toujours selon notre témoin, une course-poursuite s’en est suivie. L’agent d’entretien est allé se réfugier à EDM. Si l’existence de cette vidéo est réelle, le mis en cause dans cette affaire aura un atout de taille de son côté. Mais selon le procureur, aucun témoin ne s’est manifesté pour l’instant. Ce qui n’est pas le cas de l’adolescent de Labattoir qui a poignardé un autre jeune. Dans cette affaire les témoignages sont nombreux. Des faits qui remontent au 11 septembre dernier.
- Labattoir, une victime de harcèlement ?
Ce dernier affirme lui aussi s’être défendu face à ses agresseurs. Pire encore, il aurait été régulièrement volé et agressé avant le drame. Un harcèlement qui l’aurait poussé à porter une arme blanche dans son sac. À Mayotte, de nombreux adolescents victimes des mêmes violences choisissent de s’armer ou de rentrer dans une bande pour bénéficier d’une protection.
Dans le village la plupart des témoignages vont dans le sens de ce jeune décrit comme étant sans histoire.
"Cela faisait plusieurs jours qu'il se faisait agresser par la bande du décédé. On lui prenait ses affaires et on le frappait. Le jour du drame, il en a eu assez, il est parti de chez lui avec un couteau et il s'en est servi lorsqu'on l'a attaqué une fois de plus. »
Malheureusement pour lui, le coup mortel aurait été asséné au dos de la victime. Élément qui va à l’encontre de la légitime défense. Il lui faudra plus pour démontrer sa bonne foi devant la Justice.
Depuis ce jour, l’adolescent de 17 ans est mis en examen pour meurtre et blessures volontaires avec arme. Mais cette affaire a pris une autre dimension. Notamment pour la famille du mis en cause.
- Menaces de représailles contre les proches
Dans le quartier de Mbouyoujou à Labattoir plus de nouvelle des parents depuis le soir des faits. Cette famille sans histoire est connue pour avoir un commerce dans la rue principale de Labattoir. Selon cette habitante du village, le commerce de brochettes de la mère et l’atelier de couture du père sont fermés depuis plusieurs jours. Personne ne sait où ils se sont réfugiés.
« Parfois ils répondent au téléphone, mais ils ne disent pas où ils sont.
En effet, le soir de l’inhumation, un groupe de jeune se serait lancé à la recherche des proches de l’adolescent mis en cause. Selon ce riverain, les amis du jeune décédé avaient décidé de s’en prendre à eux en représailles après l’enterrement de leur ami. Paniqués, les parents auraient pris la fuite.
- Légitime défense dans quel cas peut-on l’invoquer ?
Au vu de tous ces éléments, il paraît clair que la légitime défense est compliquée à démontrer. Se défendre avec violence quand on n’a pas d’autre choix peut être jugé nécessaire et donc légitime par la justice. Dans ce cas il n’y a pas de faute. Et donc, pas de sanction non plus.
- Mais beaucoup confondent défense et vengeance
Pour que la légitime défense soit reconnue par la justice, il y a certaines conditions à respecter :
- Il faut se trouver confronté à une agression en cours ou sur le point de se produire. Si le danger est passé ou si l’agression est terminée, la légitime défense ne s’applique plus. Toute riposte serait alors considérée comme un acte de vengeance privée, ce qui est illégal.
- L’agression doit être injustifiée. ( Ne pas avoir attaqué en premier par exemple)
- Il faut une agression contre des personnes, soi-même ou autrui mais pas contre des biens. On ne peut pas abattre un voleur qui n’est ni menaçant ni violent.
- La défense doit être proportionnée à l’attaque (usage d'une arme, que si l'autre est armé)