Droit du sol à Mayotte: l'Assemblée nationale adopte dans la confusion un amendement de droite durcissant le texte

Dans la confusion, l'Assemblée nationale a approuvé ce jeudi 6 février un amendement visant à durcir un texte de loi sur le droit du sol à Mayotte. Soutenu par le gouvernement, ce texte a été porté par la droite.

Après le budget en début de semaine, le gouvernement s'attaque maintenant à la question migratoire à Mayotte. Ce jeudi 6 février, comme attendu, les députés se sont penchés sur la proposition de loi visant à restreindre le droit du sol à Mayotte. Dans la confusion, l'Assemblée nationale a approuvé l'amendement durcissant substantiellement un texte de la droite, soutenu par le gouvernement, qui propose de renforcer les restrictions au droit du sol à Mayotte. La proposition de loi du député Les Républicains (LR) Philippe Gosselin, propose que l'obtention de la nationalité française pour les enfants nés à Mayotte soit conditionnée à la résidence régulière sur le sol français, au moment de la naissance, des "deux parents" (et non plus d'un seul), et ce depuis un an (et non plus trois mois). 

"On corrigera au Sénat"

Mais à la surprise générale, un amendement UDR (Union des droites pour la République), le groupe d'Éric Ciotti allié du Rassemblement national, a été adopté pour tripler la durée de résidence nécessaire, à trois ans. Une douzaine de socialistes, trois écologistes et un communiste ont voté pour, et cinq RN ont voté contre, alors qu'ils souhaitaient tous faire l'inverse. M. Gosselin a estimé que c'était une "décision très mauvaise", arguant que seul le délai d'un an pouvait passer le filtre du Conseil constitutionnel.

Le garde des Sceaux Gérald Darmanin, favorable au texte initial, a d'abord proposé une nouvelle délibération sur l'amendement, pour que les députés puissent corriger leur vote. Mais il l'a finalement retirée: "on corrigera au Sénat", a-t-il lancé. Le député LFI Ugo Bernalicis a demandé que les députés puissent voter sur le principe de cette deuxième délibération, un vote que le président de séance Roland Lescure a promis d'organiser à la fin des débats.

Les députés LFI étaient contre ce texte

Les députés du groupe LFI se sont aussi efforcés de ralentir les discussions, pour ne pas aller au vote final, en multipliant les amendements et sous-amendements. Mais dans une séance hachée par d'innombrables rappels au règlement, Gérald Darmanin a répliqué à la tactique des Insoumis en invoquant un article de la Constitution disposant que le gouvernement peut s'opposer à l'examen de tout amendement qui n'a pas été d'abord déposé en commission.

Pour ralentir les débats les élus Insoumis ont aussi eu recours à une tactique rare: la "vérification du quorum". Un groupe doit d'abord démontrer que la majorité de ses membres sont présents – le président de séance Roland Lescure a donc dû faire l'appel, imitant un maître d'école. Puis les services doivent vérifier si une majorité absolue des députés est présente à l'Assemblée. Dans le cas contraire, le prochain vote est décalé de quinze minutes. Or des députés socialistes avaient quitté l'hémicycle. "Ils sont juste à côté, honte à eux", a tempêté Eric Salmon (RN), les accusant d'avoir quitté l'hémicycle à dessein.