1936-2016. En ce mois de juillet, Norilsk Nickel fête ses 80 ans. Les fantômes du Goulag sont loin. En Finlande, le géant russe dispose d’une usine innovante. Il a fait le choix de la diversité, de la complémentarité et d’une énergie propre : le gaz naturel liquéfié.
Harjavalta ne ressemble pas à Nouméa. C’est une ville pavillonnaire à l’américaine construite en bordure d’une forêt, sur la côte Baltique, à quatre cents kilomètres au nord de la capitale finlandaise, Helsinki. La cité du nickel et l’usine du géant russe Norilsk s’enorgueillissent du statut de ville propre.
L’usine de Finlande à Harjavalta était l’usine pilote du projet calédonien abandonné. Aujourd’hui, c’est l’un des sites les plus rentables du leader russe du nickel. Sur place en Finlande, Norilsk se trouve dans le même combinat industriel que le norvégien Boliden. Il bénéficie des concentrés de nickel que lui fournit l’usine de son voisin. Comme si la SLN à Nouméa et l’usine Eramet du Havre étaient côte à côte sur le même site industriel. On imagine aisément les économies réalisées à Harjavalta par les concurrents du producteur franco-calédonien.
Bientôt, la SLN va arrêter de produire des mattes, et c’est ce même Boliden en Finlande qui va fournir à sa place l’usine métallurgique Eramet de Sandouville dans la banlieue du Havre. Une autre conséquence de la crise du prix des matières premières, de l'obligation de réduire les coûts pour survivre. La mondialisation de l'industrie du nickel met en concurrence Harjavalta et Nouméa.
Norilsk en Finlande, le gaz naturel liquéfié (GNL) est une énergie d'avenir pour le nickel
Les travaux ont été rapides. La nouvelle centrale au gaz naturel liquéfié (GNL) de l’usine Norilsk Nickel entrera en production en septembre prochain. Les travaux ont commencé en avril 2015. Le terminal gazier, d’une capacité de 600 m3 se trouve à proximité sur la côte baltique, un navire citerne est déjà à quai. « Notre usine de nickel à Harjavalta était le premier consommateur de fuel lourd de Finlande et l’un des plus gros pollueurs du pays. Le gaz liquéfié va nous permettre de gagner en compétitivité et surtout c’est une énergie propre, non polluante, adaptée à nos besoins énergétiques qui sont de 60 MW. Franchement, si je devais conseiller nos collègues calédoniens de la SLN, je leur dirai, c’est le bon choix » conclut Joni Hautojärvi le directeur général de Norilsk Nickel. Il est vrai que l’usine métallurgique bénéficie aussi de la proximité du plus grand barrage hydroélectrique de la région qui lui fournit une électricité à bon marché.Harjavalta, une usine pilote en Finlande pour un projet calédonien abandonné
Le 8 août 2002, le géant russe Norilsk annonçait qu’il se retirait du projet de développement d’un gisement latéritique de nickel et potentiellement d’une usine hydro métallurgique. Ce projet qui prévoyait l’exploitation des gisements de Nakety et de Bogota en Nouvelle-Calédonie devait produire 50 000 tonnes de nickel pour un investissement de 800 millions de dollars. « Trop cher, trop compliqué, sans garantie sur le rendement des placements pour les actionnaires » avançait à l’époque la direction de Norilsk à Moscou pour justifier son retrait. Norilsk s’en est allé après avoir déboursé 8 millions de dollars pour une étude de faisabilité. « Je me souviens du projet calédonien sur la côte-est, de l’enthousiasme qu’il suscitait mais je n’étais pas décideur poursuit Joni Hautojärvi. Depuis, j’ai toujours pensé que j’irai un jour en vacances en Nouvelle-Calédonie et j’aimerais à cette occasion découvrir l’industrie calédonienne, car le nickel est un lien fort qui unit les métallurgistes même quand ils sont aux antipodes ».Les valeurs des métallurgistes du nickel
Dans l’imaginaire finlandais, le métallurgiste est doté de qualités respectées. Il se réalise dans le travail et n’a pas peur des défis. L’hiver dure 9 mois, avec 200 jours de neige. Le soleil disparaît totalement pendant près de deux mois, tandis que la température moyenne en janvier ne dépasse pas -20°C. Les conditions subarctiques poussent à la solidarité, à l’égalité. Chez Norilsk en Finlande, l’arrivée des femmes dans une profession masculine est acquise depuis longtemps. Elles sont plus de cinquante pour-cent parmi les 250 salariés de l’usine de nickel.
L'adieu aux mattes de la SLN remplacées par les concentrés de nickel de Boliden
L’usine de Finlande à Harjavalta était l’usine pilote du projet calédonien abandonné. Aujourd’hui, c’est l’un des sites les plus rentables du leader russe du nickel. Sur place en Finlande, Norilsk se trouve dans le même combinat industriel que le norvégien Boliden. Il bénéficie des concentrés de nickel que lui fournit l’usine de son voisin. Comme si la SLN à Nouméa et l’usine Eramet du Havre étaient côte à côte sur le même site industriel. On imagine aisément les économies réalisées à Harjavalta par les concurrents du producteur franco-calédonien.Bientôt, la SLN va arrêter de produire des mattes, et c’est ce même Boliden en Finlande qui va fournir à sa place l’usine métallurgique Eramet de Sandouville dans la banlieue du Havre. Une autre conséquence de la crise du prix des matières premières, de l'obligation de réduire les coûts pour survivre. La mondialisation de l'industrie du nickel met en concurrence Harjavalta et Nouméa.