Après l’attaque de deux gardiens, dont un Martiniquais, par un détenu radicalisé, à la prison d'Osny (Val d'Oise), des surveillants se sont rassemblés, lundi. Ils ont établi un barrage filtrant devant la maison d'arrêt pour dénoncer l’insécurité, le manque d’effectifs et de moyens.
Des palettes de bois et des pneus s’entassent devant la grille de la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise). Il est 6 heures, une soixantaine de surveillants bloquent l’entrée de la prison. Un barrage filtrant, à l’appel de FO Pénitentiaire et l’Ufap-Unsa, pour dénoncer "l’insécurité", et demander plus de moyens, et d’effectifs.
"C’est une action forte pour montrer au gouvernement les dangers à l’intérieur des prisons, explique Tony Verdier, délégué FO à la maison d’arrêt. Suite aux attentats de 2015, ils ont ajouté ces unités dédiés dans des établissements saturés et sans moyen. On en a ras le bol. Ces détenus radicalisés veulent éliminer du bleu. Nous, gardiens en uniforme, nous sommes des cibles".
"Je l’ai eu longuement au téléphone hier soir, raconte l’un des gardiens originaire de Martinique lui aussi. Il a du mal à dormir. Quand il a mal à la gorge et que la douleur revient, il a l’impression de recevoir à nouveau les coups de son agresseur".
Désormais, les craintes se mêlent à la colère. Originaire de Guadeloupe, Maël travaille à Osny depuis sept ans. "Je suis sans arrêt sur la défensive, confie-t-il. On regarde toujours dans notre dos de peur d’une attaque". "Oui, on a la boule au ventre en venant travailler, poursuit Xavier, Réunionnais. La situation devient ingérable, nous sommes fatigués, usés, exténués, physiquement et mentalement".
Le week-end dernier, quatre détenus ont été évacués de la prison d’Osny. L’administration pénitentiaire craignait une attaque imminente. "Un gardien a entendu une conversation entre détenus, l’un d’eux disaient qu’il fallait continuer à attaquer, explique un surveillant. Ces détenus savent où frapper, ils reviennent de Syrie et sont formés pour tuer".
A 47 ans, Gilbert est à la prison d’Osny depuis son ouverture en 1990. Originaire de Guadeloupe, il observe depuis trente ans l’évolution de la population pénitentiaire. "Avant, les détenus pouvaient être de gros braqueurs, ils ne posaient pas de problème et savaient pourquoi ils étaient là, remarque Gilbert. Les détenus d’aujourd’hui sont jeunes, violents et n’assument pas leur détention. Ils disent n’avoir rien fait, qu’ils sont en prison à cause de l’Etat, de la France et parce qu’ils sont noirs ou arabes".
Formateur des nouveaux agents pénitentiaires, Gilbert s’inquiète pour le personnel, "pour les jeunes qui arrivent surtout". "Ils viennent trouver un travail et obtenir la stabilité de l’emploi, mais j’ai peur pour eux", confie le Guadeloupéen.
Arrivé de la Réunion en 2013, Sébastien avoue : "je ne m’attendais pas à ça". "Un oncle travaillait dans la pénitentiaire mais il n’en parlait jamais, c’était presque tabou dans la famille, raconte le jeune Réunionnais. Maintenant je comprends pourquoi".
Blocage de la #prison #Osny après l'attaque terroriste contre des surveillants le 4 septembre pic.twitter.com/4oJp7FAQ66
— La1ere.fr (@la1ere) 19 septembre 2016
"C’est une action forte pour montrer au gouvernement les dangers à l’intérieur des prisons, explique Tony Verdier, délégué FO à la maison d’arrêt. Suite aux attentats de 2015, ils ont ajouté ces unités dédiés dans des établissements saturés et sans moyen. On en a ras le bol. Ces détenus radicalisés veulent éliminer du bleu. Nous, gardiens en uniforme, nous sommes des cibles".
Un gardien martiniquais attaqué
Ce blocage intervient deux semaines après l'attaque terroriste à la prison d’Osny. Deux gardiens ont été blessés par un détenu radicalisé. Parmi eux, Philippe, Martiniquais, vient de sortir de l’hôpital, mais "reste encore très choqué"."Je l’ai eu longuement au téléphone hier soir, raconte l’un des gardiens originaire de Martinique lui aussi. Il a du mal à dormir. Quand il a mal à la gorge et que la douleur revient, il a l’impression de recevoir à nouveau les coups de son agresseur".
"Je m'accroche mais je suis encore sous le choc" dit un gardien #prison #osny présent lors de l'attaque du 4sept pic.twitter.com/toHegQxnNx
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Le "miraculé"
Depuis l’attaque, Philippe, surnommé le "miraculé" par ses collègues, est présent dans les esprits. "J’ai déjeuné avec lui juste avant l’agression, raconte un autre collègue antillais. Je n’arrête pas de me dire que ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous".Désormais, les craintes se mêlent à la colère. Originaire de Guadeloupe, Maël travaille à Osny depuis sept ans. "Je suis sans arrêt sur la défensive, confie-t-il. On regarde toujours dans notre dos de peur d’une attaque". "Oui, on a la boule au ventre en venant travailler, poursuit Xavier, Réunionnais. La situation devient ingérable, nous sommes fatigués, usés, exténués, physiquement et mentalement".
Quatre détenus transférés
Le week-end dernier, quatre détenus ont été évacués de la prison d’Osny. L’administration pénitentiaire craignait une attaque imminente. "Un gardien a entendu une conversation entre détenus, l’un d’eux disaient qu’il fallait continuer à attaquer, explique un surveillant. Ces détenus savent où frapper, ils reviennent de Syrie et sont formés pour tuer".Moyens et effectifs
Suite à l’agression de Philippe, des miroirs ont été retirés des cellules de l’unité dédiée aux détenus radicaux. Les repas sont servis dans des barquettes avec des couverts en plastiques, et les fenêtres ont été sécurisées. "Insuffisants", disent les surveillants pénitentiaires. "Les détenus des unités dédiées doivent être gérés de façon sécuritaire. Il faut des moyens concrets pour les faire fonctionner", explique Samuel Dehondt, délégué régional FO pénitentiaire."On demande des mesures concrètes et des moyens réels pour gérer les unités dédiées" #FO pénitentiaire #prison #osny pic.twitter.com/upAGYVXkFY
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Evolution des détenus
A 47 ans, Gilbert est à la prison d’Osny depuis son ouverture en 1990. Originaire de Guadeloupe, il observe depuis trente ans l’évolution de la population pénitentiaire. "Avant, les détenus pouvaient être de gros braqueurs, ils ne posaient pas de problème et savaient pourquoi ils étaient là, remarque Gilbert. Les détenus d’aujourd’hui sont jeunes, violents et n’assument pas leur détention. Ils disent n’avoir rien fait, qu’ils sont en prison à cause de l’Etat, de la France et parce qu’ils sont noirs ou arabes".
La pénitentiaire, un tabou
Formateur des nouveaux agents pénitentiaires, Gilbert s’inquiète pour le personnel, "pour les jeunes qui arrivent surtout". "Ils viennent trouver un travail et obtenir la stabilité de l’emploi, mais j’ai peur pour eux", confie le Guadeloupéen.Arrivé de la Réunion en 2013, Sébastien avoue : "je ne m’attendais pas à ça". "Un oncle travaillait dans la pénitentiaire mais il n’en parlait jamais, c’était presque tabou dans la famille, raconte le jeune Réunionnais. Maintenant je comprends pourquoi".