La Guadeloupéenne prend son temps. "Je suis en rééducation, ça avance bien, j'ai la chance d'être super bien entourée", avance Ysaora Thibus à l'AFP, à quelques jours de la présentation d'une série de documentaires qu'elle a réalisés et dont elle est l'une des protagonistes.
Blessée au genou gauche à la mi-juin, lors des championnats d'Europe à Bâle, la fleurettiste de 33 ans, opérée en octobre, travaille "pour revenir le plus rapidement possible".
Mais "je n'irai pas plus vite de que la musique", prévient celle qui est éloignée des pistes depuis les Jeux. Déjà blessée, elle avait été éliminée d'entrée en individuel par la n°5 mondiale, la Polonaise Julia Walczyk-Klimaszyk, avant de chuter en quarts de finale avec les Bleues.
"J'étais vidée"
Sacrée notamment championne du monde en individuel en 2022 et médaillée d'argent par équipes aux Jeux de Tokyo en 2021, Ysaora Thibus s'avançait vers Paris comme une grande chance de médaille. Mais en 2024, sa préparation a d'abord été bouleversée par un contrôle antidopage anormal lors d'une étape de Coupe du monde à Paris.
Innocentée en mai par le tribunal antidopage de la Fédération internationale d'escrime, elle avait dû faire face ensuite à sa blessure, puis à l'appel de sa non-suspension par l'Agence Mondiale antidopage – procédure toujours en cours – mais qui ne l'empêchait pas de prendre part aux épreuves olympiques.
"Juste après [les JO 2024, NDLR], j'étais vidée, j'ai vraiment mis énormément d'énergie dans cette bataille (...) J'avais la chance d'avoir ma famille sur place, j'avais envie d'aller vivre l'expérience des Jeux de Paris jusqu'au bout, poursuit-elle. Une fois les Jeux terminés, j'ai eu besoin de couper vraiment et de récupérer, donc ça a pris plusieurs semaines."
Derrière les performances
Ses derniers mois, Ysaora Thibus les a consacrés à l'élaboration d'un projet de portraits entamé il y a deux ans, intitulé Focus et qui sera notamment diffusé sur la chaîne L'Équipe.
Elle a voulu y "donner la parole" à plusieurs athlètes féminines olympiques et paralympique : Élodie Clouvel (pentathlon moderne), Marie Patouillet (para-cyclisme), Magda Wiet-Hénin (taekwondo) et Madeleine Malonga (judo), notamment sur des sujets personnels ou dépassant le cadre sportif, comme la santé mentale.
"J'avais envie que les femmes derrière les performances soient connues", détaille la Guadeloupéenne qui souhaite également "intéresser les gens à connaître un peu le milieu du sport féminin en s'identifiant à leurs histoires". "On a vraiment fait sortir les filles de leur milieu d'entraînement, de leur milieu de compétition", en abordant ces questions avec un côté artistique.
Los Angeles pour objectif
"Cela montre aussi que notre histoire a de la valeur", poursuit la tireuse qui participe en tant que témoin et y a vu "une partie de (s)on processus de reconstruction post-olympique".
D'ailleurs, Ysaora Thibus espère pouvoir viser désormais Los Angeles, en 2028 : "Ça m'a pris du temps à me dire que c'était ce que je voulais", mais "je n'avais pas envie de finir sur ces Jeux car j'avais le sentiment de ne pas avoir pu exprimer mon potentiel".