Imaginez l'une des plus belles marinas de la caraïbe dessinée par un architecte de renommée internationale, attirant les touristes et générant de l'activité à foison ! C'est la promesse du projet Marina de Fort-de-France. Miroir aux alouettes ou véritable opportunité pour la Martinique ?
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D’emblée le projet en met plein les yeux. Pensé comme un lieu de rencontre entre les touristes et les Martiniquais dans un cadre harmonieux, la marina de l’étang z’abricot pourrait accueillir de nombreuses activités: paquebots, bateaux de plaisance par milliers, bureaux ou encore un hôtel emblématique.
"On est parti sur ce projet global qui est un projet structurant, cohérent et qui permet de lier des activités et une qualité de vie, l’idée étant de pouvoir faire en sorte de créer sur cette zone qui est absolument magnifique, plutôt que d’aller au coup par coup d’avoir une vrai impulsion d’ensemble, qui permette d’être créatrice de richesses, d’avoir une ouverture au monde et au monde de venir à nous."
Dans cette audacieuse démarche, Emmanuel Dubé peut compter sur un soutien de poids : celui de Jean-Michel Wilmotte. En plus de son style, la star française des architectes met sa renommée internationale au service du projet.
"C’est un quartier qui a été voulu par Aimé Césaire depuis 1998 et dont il a confié la conception a la semaff qui était à l’époque dirigée par Serge Letchimy". Frantz Thodiard, porte la voix des trois entités qui agissent de concert sur le site de l'Étang Z'abricot: la mairie de Fort de France, la CACEM et la Semaff.
Pour le moins dubitatif, il estime n'avoir jamais eu aucune garantie financière des promoteurs. Fâcheux...pour un projet dont le coût total s’élèverait à environ 500 millions d’euros, majoritairement supporté par des investisseurs extérieurs. "En juin 2015 il (le promoteur, ndlr), a reçu un courrier pour lui dire l’intérêt que l’on porte à son projet et on lui a donné deux mois pour vérifier toutes les garanties financières pour examiner la viabilité financière et technique du projet mais depuis on a eu aucune réponse.
Entre temps nous continuons à commercialiser notre zone. Un projet ce n’est pas seulement un dessin, c’est une œuvre architecturale mais c’est accompagné de garanties financières. C’est ça que nous demandons à tous les promoteurs qui viennent nous voir."
Emmanuel Dubé a une toute autre lecture des faits. Selon lui, de très sérieux investisseurs seraient intéressés. Pour le prouver, il nous a notamment montré un courrier d’intérêt d’une importante banque d’affaire. Selon lui le problème viendrait en réalité de la Semaff. Alors que le projet d’ensemble nécessiterait une vingtaine d'hectares, la Société d'économie mixte n'aurait jamais consenti à lui en céder plus qu'une petite poignée.
"Pendant 8 mois j’ai fait la tournée de fonds avec 12 ou 14 nationalités différentes (...) Quant on a fait notre première offre d’achat il n'y avait pas un terrain qui était vendu. Pas même l’immeuble Aqualina qui était construit. Il y avait uniquement l’immeuble La Perle qui existe (...). La semaff vous dit aujourd’hui qu’ils m’ont laissé la possibilité de le faire, c’est faux ! Nous avons les éléments et je ne permettrais pas qu’on puisse dire l’inverse. Je suis tout à fait ouvert au débat et à la discussion. Discutons projet contre projet et puis expliquons économiquement, parce que là on est en train de parler de centaines d’emplois il y a des responsabilités, si ça tient à la responsabilité de 2 ou 3 personnes c’est grave."
En attendant, la Semaff, qui agit pour le compte de la mairie de Fort de France et de la CACEM, semble privilégier un tout autre projet... Cela consiste à commercialiser le foncier à la découpe tout en tentant de ménager une certaine cohérence en fonction des vocations et des règlements des trois zones distinctes de l'Étang Z'abricot (ZAE, ZAC et port de plaisance).
Frantz Thodiard prône cette démarche "Entre temps nous continuons à commercialiser notre zone parce que l'ensemble des investissements que la Semaff doit faire pour viabiliser cette zone c'est autour de 120 millions d'euros, il faut les payer, donc on ne va pas attendre." En plus des immeubles déjà construits, une quinzaine de promoteurs différents seraient actuellement en discussion avec la Semaff. Quant au port de plaisance existant, la CACEM projette de faire augmenter sa capacité à 1000 anneau (contre 340 aujourd'hui) via une délégation de service publique...lorsque ses finances le lui permettront.
De son appartement de l'immeuble la Perle, il a encore une vue imprenable sur la baie. Sauf que depuis quelques mois, un imposant entrepôt s'est dressé derrière son bâtiment. Il est aujourd'hui inquiet. "Nous voyons apparaître des hangars alors qu’on nous avait juré qu’on était en zone résidentielle et c’est comme si on avait acheté des appartements (...) dans une zone industrielle. On nous a vendu un rêve en nous disant que c’était là qu’il fallait investir parce que ça allait être un très beau quartier de fort de France en zone résidentielle. Nous avons acheté au prix fort 3400 euros/m2, contre 2600 en moyenne. Nous avons pourtant investi parce que c’est un coin d’avenir."
Si Alain Coridon estime que cet entrepôt de 100 000 m3 remet en cause l’harmonie et la cohérence du site, ce n’est pas le cas de la Semaff qui assume pleinement l’installation de cette activité. "Je ne vois aucun inconvénient à ce que ce bâtiment soit situé là où est. Il ne détonne pas avec notre idée de début de cohérence dans l’aménagement de ce quartier", soutien Frantz Thodiard.
L'assurance donnée par le constructeur de masquer le hangar par une barrière végétale et l'absence de nuisances des camions, n'a pas rassuré les riverains. Soutenus par Emmanuel Dubé, ces derniers ont saisi le tribunal administratif. Ils ont demandé la suspension des travaux et ont obtenu gain de cause en première instance.
Dans le dernier courrier de la Semaff adressé au promoteur (en date du 20 juin), le Président Directeur Général Johnny Hajjar menace: "Nous vous mettons en demeure de cesser tous agissements et toutes interventions publiques relative à votre supposé projet global (...) À défaut pour la société Comifimo de cesser ses agissements contraires à l'intérêt des opérations publiques engagées et des Martiniquais dans leur ensemble, la Semaff se verrait contrainte d'engager toutes procédures contentieuses utiles."
Les promesses de vente, permis de construire et autres actes de ventes se multiplient donc sur le site. Pas de quoi entamer la confiance d'Emmanuel Dubé. Il lui faudra simplement rallier les propriétaires de parcelles pour les intégrer au projet.
Rien d'impossible selon lui. "Je ne connais aucun entrepreneur privé martiniquais qui vous dira que le fait d'aller à l'emporte pièce sera mieux pour lui: pour son entreprise, pour ces clients et pour sa réputation, sans maîtriser ce qui va se faire par la suite (...) il n'y a aucune comparaison possible par rapport à ce que ça va vous rapporter le fait d'avoir un projet global et structurant par rapport à un projet à l'emporte pièce.
Je suis très confiant, ce qui m'inquiète ce n'est pas le secteur privé, ce qui m'inquiète c'est qu'on arrête de vouloir saboter le projet et qu'on puisse se poser et sortir un projet cohérent, global. (...) 1400 emplois c'est chiffres contre chiffres par rapport à ce qui se passe c'est au moins 900 emplois supplémentaires. Sauf à ce qu'on puisse s'en passer en Martinique, mais je n'en ai pas eu l'impression, il faut choisir la voie de la raison".
Une chose est sûre, le béton coulera bel et bien sur le site l'étang Z'abricot qui sera à terme entièrement aménagé....Sous quelle forme ? Pour quelles retombées? Les visiteurs mais surtout les martiniquais pourront en juger dans quelques années.
Extrait du débat entre Serge Letchimy et Jean-Phillipe Nilor lors de la campagne pour les élection de la CTM (10 décembre 2015). L'aménagement du site faisait déjà polémique.
Débat CTM Marina by martinique1ere
Enquête de la rédaction autour du projet de grande marina à Fort-de-France. Les élus de la ville et le promoteur mettent leur divergence sur la place publique
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A la clef rien de moins que la promesse de l’essor de l’économie bleue pour la Martinique. Cette vision est celle d’Emmanuel Dubé. Ce breton vit en Martinique depuis 17 ans maintenant. À son actif, quelques réalisations notables comme les 200 logements du lotissement la Maugée à Saint Joseph. Une broutille en comparaison à cet ambitieux projet de Marina qu’il défend depuis presque 2 ans."On est parti sur ce projet global qui est un projet structurant, cohérent et qui permet de lier des activités et une qualité de vie, l’idée étant de pouvoir faire en sorte de créer sur cette zone qui est absolument magnifique, plutôt que d’aller au coup par coup d’avoir une vrai impulsion d’ensemble, qui permette d’être créatrice de richesses, d’avoir une ouverture au monde et au monde de venir à nous."
Dans cette audacieuse démarche, Emmanuel Dubé peut compter sur un soutien de poids : celui de Jean-Michel Wilmotte. En plus de son style, la star française des architectes met sa renommée internationale au service du projet.
Jean-Michel Wilmotte est un architecte urbaniste et designer français qui s'intéresse au projet de la marina de Fort-de-France.
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Un projet ce n’est pas seulement un dessin, fusse-t-il par le meilleur architecte au monde c’est aussi un dossier financier à côté pour montrer la viabilité technique et financière du projet.
Des élus sceptiques
Comme pour rappeler la paternité politique de l'aménagement de l'Étang Z'abricot, Frantz Thodiard, Adjoint au maire de fort de France en charge de l’aménagement et de l’urbanisme, tient à replacer ce projet dans son contexte historique."C’est un quartier qui a été voulu par Aimé Césaire depuis 1998 et dont il a confié la conception a la semaff qui était à l’époque dirigée par Serge Letchimy". Frantz Thodiard, porte la voix des trois entités qui agissent de concert sur le site de l'Étang Z'abricot: la mairie de Fort de France, la CACEM et la Semaff.
Pour le moins dubitatif, il estime n'avoir jamais eu aucune garantie financière des promoteurs. Fâcheux...pour un projet dont le coût total s’élèverait à environ 500 millions d’euros, majoritairement supporté par des investisseurs extérieurs. "En juin 2015 il (le promoteur, ndlr), a reçu un courrier pour lui dire l’intérêt que l’on porte à son projet et on lui a donné deux mois pour vérifier toutes les garanties financières pour examiner la viabilité financière et technique du projet mais depuis on a eu aucune réponse.
Entre temps nous continuons à commercialiser notre zone. Un projet ce n’est pas seulement un dessin, c’est une œuvre architecturale mais c’est accompagné de garanties financières. C’est ça que nous demandons à tous les promoteurs qui viennent nous voir."
Emmanuel Dubé a une toute autre lecture des faits. Selon lui, de très sérieux investisseurs seraient intéressés. Pour le prouver, il nous a notamment montré un courrier d’intérêt d’une importante banque d’affaire. Selon lui le problème viendrait en réalité de la Semaff. Alors que le projet d’ensemble nécessiterait une vingtaine d'hectares, la Société d'économie mixte n'aurait jamais consenti à lui en céder plus qu'une petite poignée.
"Pendant 8 mois j’ai fait la tournée de fonds avec 12 ou 14 nationalités différentes (...) Quant on a fait notre première offre d’achat il n'y avait pas un terrain qui était vendu. Pas même l’immeuble Aqualina qui était construit. Il y avait uniquement l’immeuble La Perle qui existe (...). La semaff vous dit aujourd’hui qu’ils m’ont laissé la possibilité de le faire, c’est faux ! Nous avons les éléments et je ne permettrais pas qu’on puisse dire l’inverse. Je suis tout à fait ouvert au débat et à la discussion. Discutons projet contre projet et puis expliquons économiquement, parce que là on est en train de parler de centaines d’emplois il y a des responsabilités, si ça tient à la responsabilité de 2 ou 3 personnes c’est grave."
En attendant, la Semaff, qui agit pour le compte de la mairie de Fort de France et de la CACEM, semble privilégier un tout autre projet... Cela consiste à commercialiser le foncier à la découpe tout en tentant de ménager une certaine cohérence en fonction des vocations et des règlements des trois zones distinctes de l'Étang Z'abricot (ZAE, ZAC et port de plaisance).
Frantz Thodiard prône cette démarche "Entre temps nous continuons à commercialiser notre zone parce que l'ensemble des investissements que la Semaff doit faire pour viabiliser cette zone c'est autour de 120 millions d'euros, il faut les payer, donc on ne va pas attendre." En plus des immeubles déjà construits, une quinzaine de promoteurs différents seraient actuellement en discussion avec la Semaff. Quant au port de plaisance existant, la CACEM projette de faire augmenter sa capacité à 1000 anneau (contre 340 aujourd'hui) via une délégation de service publique...lorsque ses finances le lui permettront.
Les riverains veulent protéger leurs investissements
l'optique de l'aménagement des collectivités et de la Semaff, le site devrait accueillir pêle-mêle logements, bureaux et autres activités commerciales. Une perspective qui ne réjouit guère l'association de riverains récemment constituée. Alain Coridon en fait parti.De son appartement de l'immeuble la Perle, il a encore une vue imprenable sur la baie. Sauf que depuis quelques mois, un imposant entrepôt s'est dressé derrière son bâtiment. Il est aujourd'hui inquiet. "Nous voyons apparaître des hangars alors qu’on nous avait juré qu’on était en zone résidentielle et c’est comme si on avait acheté des appartements (...) dans une zone industrielle. On nous a vendu un rêve en nous disant que c’était là qu’il fallait investir parce que ça allait être un très beau quartier de fort de France en zone résidentielle. Nous avons acheté au prix fort 3400 euros/m2, contre 2600 en moyenne. Nous avons pourtant investi parce que c’est un coin d’avenir."
Si Alain Coridon estime que cet entrepôt de 100 000 m3 remet en cause l’harmonie et la cohérence du site, ce n’est pas le cas de la Semaff qui assume pleinement l’installation de cette activité. "Je ne vois aucun inconvénient à ce que ce bâtiment soit situé là où est. Il ne détonne pas avec notre idée de début de cohérence dans l’aménagement de ce quartier", soutien Frantz Thodiard.
L'assurance donnée par le constructeur de masquer le hangar par une barrière végétale et l'absence de nuisances des camions, n'a pas rassuré les riverains. Soutenus par Emmanuel Dubé, ces derniers ont saisi le tribunal administratif. Ils ont demandé la suspension des travaux et ont obtenu gain de cause en première instance.
Quel avenir pour le site de l'Étang Z'abricot ?
En fait, c'est presqu'un problème de philosophie. Le découpage par zones, souhaité par les collectivités s'oppose à la vision globale du promoteur. Et dans ce contexte, trouver une entente paraît de plus en plus compliqué. Au point que depuis quelques mois, certains élus semblent passablement agacés par l'activisme du promoteur du projet de Marina, Emmanuel Dubé. En témoigne le changement de tonalité des nombreux échanges entre les différents acteurs.Dans le dernier courrier de la Semaff adressé au promoteur (en date du 20 juin), le Président Directeur Général Johnny Hajjar menace: "Nous vous mettons en demeure de cesser tous agissements et toutes interventions publiques relative à votre supposé projet global (...) À défaut pour la société Comifimo de cesser ses agissements contraires à l'intérêt des opérations publiques engagées et des Martiniquais dans leur ensemble, la Semaff se verrait contrainte d'engager toutes procédures contentieuses utiles."
Ce qui m'inquiète ce n'est pas le secteur privé, ce qui m'inquiète c'est qu'on arrête de vouloir saboter le projet et qu'on puisse se poser et sortir un projet cohérent, global
Les promesses de vente, permis de construire et autres actes de ventes se multiplient donc sur le site. Pas de quoi entamer la confiance d'Emmanuel Dubé. Il lui faudra simplement rallier les propriétaires de parcelles pour les intégrer au projet.
Rien d'impossible selon lui. "Je ne connais aucun entrepreneur privé martiniquais qui vous dira que le fait d'aller à l'emporte pièce sera mieux pour lui: pour son entreprise, pour ces clients et pour sa réputation, sans maîtriser ce qui va se faire par la suite (...) il n'y a aucune comparaison possible par rapport à ce que ça va vous rapporter le fait d'avoir un projet global et structurant par rapport à un projet à l'emporte pièce.
Je suis très confiant, ce qui m'inquiète ce n'est pas le secteur privé, ce qui m'inquiète c'est qu'on arrête de vouloir saboter le projet et qu'on puisse se poser et sortir un projet cohérent, global. (...) 1400 emplois c'est chiffres contre chiffres par rapport à ce qui se passe c'est au moins 900 emplois supplémentaires. Sauf à ce qu'on puisse s'en passer en Martinique, mais je n'en ai pas eu l'impression, il faut choisir la voie de la raison".
Une chose est sûre, le béton coulera bel et bien sur le site l'étang Z'abricot qui sera à terme entièrement aménagé....Sous quelle forme ? Pour quelles retombées? Les visiteurs mais surtout les martiniquais pourront en juger dans quelques années.
Extrait du débat entre Serge Letchimy et Jean-Phillipe Nilor lors de la campagne pour les élection de la CTM (10 décembre 2015). L'aménagement du site faisait déjà polémique.
Débat CTM Marina by martinique1ere