Face à BELNA l'alerte rouge était-elle nécessaire ?

Le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a activé successivement en l'espace de quelques jours trois alertes. Ce matin les mahorais se questionnent, finalement, au regard du faible impact du cyclone Belna, l'alerte rouge était-elle nécessaire ?

Trois alertes successives 


Le préfet de Mayotte en son rôle de garant de l'Etat a été très réactif face à la menace qui pesait sur Mayotte ces dernières 48h00. En déclenchant trois alertes successives face aux prévisions météorologiques, son but était de parer à tous les scénarios possibles, de prévenir la population, de mettre à l'abris les plus vulnérables, et être prêt en cas de force majeur, même si aucun territoire du monde aussi préparé qu'il soit, n'est jamais apte à subir de plein fouet un phénomène aussi intense qu'un cyclone.
La première alerte vendredi, l'alerte pré-cyclonique, mettait en garde la population de la formation d'un cyclone dans le bassin de vie. A 19h00, lors du journal le ton du préfet est grave, il est inquiet et fait savoir que Belna pourrait engendrer de réels dégats s'il suit les modèles de Météo France Mayotte. La population se prépare, fait ses derniers achats, protège ses habitations, malgré les sceptiques.
 
La deuxième alerte lancée samedi, l'alerte orange, signifiait que le cyclone se rapproche. Les communes se sont organisées afin de prendre soin des administrés sans aucune distinction. Une entraide et une incroyable solidarité se sont organisées dans les différents villages de l'île.
 
Et enfin dimanche, l'alerte ultime, l'alerte rouge, l'alerte qui fait vraiment très peur. Les consignes de Jean François Colombet sont très claires.
 
A partir de 16h, plus personne ne doit circuler sur les voies publiques, la population doit rester confinée chez elle. Les seuls habilités à se mouver dans les rues : les forces de l'ordre et les secours. Dans ce genre d'évènement, l'eau doit être coupée pour éviter accidents et toutes épidémies en cas de réels dangers. Les habitants auront eu le temps de faire leurs réserves. Et les rumeurs de la toile allant bon train et faisaient état de coupures de courant, rumeurs infondées, et personne n'aura eu à déplorer d'incident dans son habitation. A ce moment là, Belna est sencé assener son coup de grâce à Mayotte en début et pleine soirée. Mais finalement il n'en est rien, le cyclone Belna prend la direction Sud et épargne Mayotte, à chacun ses croyances, Dieu, la science... Seules quelques bourrasques et quelques pluies feront sortir la tête de la fenêtre, et berceront les habitants plutôt que de les inquiéter. Les langues se délient sur les réseaux sociaux
"mais où est Belna ?" "Je vais commencer à revendre mes boites de conserves et mes packs d'eau" "le Préfet est-il parano ?" L'alerte rouge est alors levée par la préfecture à 23h00. Plus de peur que de mal. Les services maritimes reprendront leurs rotations ce matin lundi, et l'eau sera rétablit dans tous les foyers au cours de cette même matinée.
 

Mayotte a eu peur 

Les séquelles du cyclone Kamis en 1984, beaucoup de mahorais sont encore là pour en témoigner. Le temps d'un week-end Mayotte a eu peur, peur de la violence et des conséquences dramatiques qu'aurait pu avoir le cyclone Belna sur le territoire s'il n'avait pas dévié de sa trajectoire. Et ce matin Mayotte s'est réveillé timidement, la gorge un peu enrouée, quelques toussotements en début de matinée mais saine et sauve. En ayant tout de même une pensée pour ses amis de la côte Ouest malgache, qui auront peut-être un peu moins de chance...

Les communes font leur bilan du week-end, les instances publiques communiquent sur leurs horaires d'ouverture et la question qui brûle les lèvres de tous les mahorais : l'alerte rouge était-elle vraiment nécessaire ? Le préfet n'aurait-il pas un peu (un tout petit peu) exagéré ? Les discussions vont bon train, la population se divise. Les partisans du "oui bien sûr qu'il a eu raison, mieux vaut prévenir que guerir dit-on !" D'autres "Il m'a gaché mon dimanche, je devais me marier". Mais une seule personne avait le pouvoir de déclencher cette alerte, et une seule personne à la réponse à ces questions, le préfet en personne qui a répondu à nos questions ce matin en direct de la Matinale, et c'est sans rougir qu'il assume cette alerte rouge qui n'a pas été une partie de plaisir selon lui :
 

Nous retiendrons de ses propos que la marge d'erreur des observations météorologiques a sauvé, a été en la faveur de Mayotte, ce qui n'est pas le cas des autres habitants de l'Océan Indien en rappelant ce chiffre effrayant 1200 morts, des morts causées par les cyclones l'année dernière. Jean François Colombet, préfet de Mayotte de se féliciter de la tournure des évènements.