Alors qu'elle porte en 1974 le projet de loi qui accorde aux femmes le droit à l'interruption volontaire de grossesse, Simone Veil souligne devant les parlementaires que :
"aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement".
Simone Veil, ministre de la Santé, novembre 1974
La loi est promulguée le 17 janvier 1975. Bien avant ce vote, des voix s'étaient élevées en Guadeloupe pour que les femmes obtiennent ce droit et qu'elles en usent, si elles le souhaitent. Au nombre de ces voix, celles du Parti Communiste et surtout, de l'Union des femmes Guadeloupe.
Fils de l'une des fondatrices du Planning Familial, Jacques Bangou a connu ces temps de militantismes qui ont précédé l'adoption de la loi. Gynécologue, il n'oublie pas non plus le rôle joué par les praticiens de sa discipline, particulièrement sensibilisés par les nombreux risques vitaux encourus lors des actes clandestins. Globalement le corps médical se montait déjà objectivement compréhensif.
50 ans après l'adoption de la loi, le nombre d'IVG en Guadeloupe atteint des niveaux records : 32 80 ont été réalisés en 2023, 80 de plus qu'en 2022. Un chiffre qui place la Guadeloupe, après la Guyane, en tête des régions de France où l'on pratique le plus d'IVG : 40,6 pour mille contre 16,3 en France Hexagonale. (Voir l’étude de Data.drees.solidarites) Des femmes que le Planning Familial reçoit pour les accompagner et les conseiller.
On notera aussi que, sur les 3283 IVG enregistrés en Guadeloupe en 2023, 87 concernaient des femmes de moins de 18 ans, 175 pour des femmes de moins de 20 ans. Il faut dire qu'actuellement, 18% des jeunes Guadeloupéennes de 18 à 24 ans n'utilisent aucun moyen de contraception. En 2020, 21% des femmes de moins de 45 ans n'utilisaient pas de contraception, 3 fois moins que dans l'Hexagone).
Une raison suffisante pour le Planning Familial de justifier que soit généralisée pour les adolescents et jeunes adultes une information systématique sur la sexualité.