Dans le nord-est du Zimbabwe, à Harare, capitale de 2,8 millions d’habitants, vit Marie-Laure Soukaïna Edom, une Guadeloupéenne foncièrement attachée à sa terre natale et profondément amoureuse du Zimbabwe. Danseuse, professeure, traductrice et interprète, elle a fait de ce pays enclavé un lieu où elle a pu s'épanouir dans son art.
Pays d’Afrique australe, entouré par quatre voisins, la Zambie au nord, le Mozambique à l’est, le Botswana à l’ouest et l’Afrique du Sud au sud, le Zimbabwe est traversé par les fleuves Zambèze et Limpopo. Il abrite des merveilles naturelles comme les chutes Victoria, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987. Un pays dont elle aime décrire les richesses.
Née en Guadeloupe, Marie-Laure se passionne pour la danse dès son plus jeune âge. Elle se forme auprès de Reney Deshauteurs, une figure emblématique de la danse aux Antilles-Guyane. Son talent l’amène à postuler pour une bourse du ministère de la Culture, qui lui ouvre les portes de l’école Alvin Ailey à New York, un temple de la danse contemporaine.
Après des allers-retours entre les États-Unis et la Guadeloupe, elle choisit de s’installer au Zimbabwe. "
Le père de mes enfants est zimbabwéen" explique-t-elle sans détour.
Là-bas, elle travaille pendant 18 ans avec le Ballet National du Zimbabwe, avant de se lancer dans une nouvelle aventure : la création d’un centre artistique, Afrikera Art Trust, en 2014. Le nom, une contraction d’Afrique et de Karukera, reflète son envie de rapprocher les deux cultures.
Artiste, Marie-Laure est aussi une femme pragmatique. Mère de famille, elle a pu partager son temps entre ses œuvres et son travail de traductrice et d’interprète en free-lance. "Cela me permet d’avoir un emploi du temps plus souple où je peux m’adonner à ma passion, la danse, la production de danse", confie-t-elle.
Elle a aussi travaillé cinq ans à l’ambassade de France à Harare.
Même loin de sa Guadeloupe natale, Marie-Laure retrouve au Zimbabwe des échos familiers. Certaines sonorités des dialectes locaux lui rappellent le créole, et la tradition des contes, très vivante au Zimbabwe, évoque ceux entendus et racontés sur le territoire.
De là est né son projet Ngano, qui signifie "conte" en shona, l’une des langues bantoues du Zimbabwe. À travers cette initiative, elle cherche à explorer les similitudes entre les récits guadeloupéens et zimbabwéens.
Marie-Laure confie parfois regretter l’absence de la mer au Zimbabwe. "Si je veux prendre un bain de mer, je dois aller au Mozambique ou en Afrique du Sud", sourit-elle. Mais elle s’émerveille chaque jour de la beauté et de la diversité de son pays d’adoption.