Marlène Canguio est décédée à l’aube de ses 83 ans, des suites d’une longue maladie. "C’est un nouveau coup dur pour notre ville qui perd, une fois de plus, un illustre citoyen", écrit dans un communiqué Adrien Baron, le maire de Sainte-Rose, commune d’où était originaire l’Athlète de haut niveau. Elle vivait une retraite paisible et discrète dans sa section natale de Morne Rouge, où elle cultivait la terre.
Une pionnière
Marlène Canguio est une pionnière.
Cette sportive a fait honneur à tout l’archipel, en étant la première femme guadeloupéenne (et même ultramarine) à participer aux jeux Olympiques ; c’était à Tokyo, en 1964.
Elle a aussi dignement représenté la France, dans ses disciplines de prédilection : elle a, en effet, remporté de nombreux titres en haies et en saut en longueur. C’est en 1961, à 20 ans, qu’elle a fait son entrée en équipe de France d’athlétisme ; une première aussi pour une femme venue de Guadeloupe.
Elle est toujours détentrice du dernier record homologué sur 80 mètres haies (10''08), avant le passage aux 100 mètres haies.
Son palmarès est remarquable : quatre titres en individuel, sept en relais et deux records de France.
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Une reconnaissance trop mesurée ?
La sprinteuse était, malgré ses exploits, une femme simple, accessible et discrète. Elle travaillait, parallèlement à sa carrière sportive, comme sténodactylographe dans un établissement bancaire. Il avait fallu qu’elle prenne des congés pour se rendre aux JO de Tokyo ! Qu'à cela ne tienne ! Elle s'est donné les moyens d'atteindre ses objectifs, sans attendre sur quiconque.
Pour le maire de Sainte-Rose, Marlène Canguio "souffrait du manque de reconnaissance du pays".
Marlene s'en va sans bruit, à l'instar de son personnage. Mais le ciel gronde de tristesse et, disons-le-nous, de remords... remords de n'avoir pas su installer cette femme au rang qu'elle méritait... Bon voyage Marlene et prends place sans complexe au panthéon des Grands Nègres.
Extrait du communiqué d’Adrien Baron, maire de Sainte-Rose – 26/01/2025.
Elle répondait pourtant toujours volontiers aux sollicitations des médias, pour raconter son parcours, en toute humilité ; le cheminement d’une petite fille turbulente, au caractère bien trempé, qui a trouvé son terrain d’expression sur les pistes d’athlétisme.
Je pense que lorsque je suis née, une cuillère en argent était au-dessus de ma tête ; je le suppose, parce que c’est venu vraiment naturellement et, déjà, depuis toute petite, à l’école, je réagissais comme un garçon (...). Comme j’étais un peu turbulente... c’est ce qui m’a entraînée vers le sport.
Marlène Canguio - avril 2023.