Escroqueries en bande organisée à la Sécurité Sociale : les réactions en Guadeloupe sur l'affaire Médicalia

La directrice de l'antenne guadeloupéenne de Médicalia, située à Baie-Mahault, ainsi que trois autres personnes ont été mises en examen pour "escroqueries en bande organisée"
Quatre personnes ont été mises en examen pour "escroqueries en bande organisée" dans l'affaire Médicalia. Il est reproché à cette société, spécialisée dans la mise à disposition de matériel médical à domicile, d’avoir bénéficié de prescriptions abusives pour obtenir des remboursements indus de la Sécurité Sociale. Le préjudice est évalué à plus de 8 millions d'euros. En Guadeloupe, les voix des professionnels de santé s'élèvent pour dénoncer ces abus.

Ce lundi 3 février, l'antenne guadeloupéenne de la société Médicalia, spécialisée dans la mise à disposition de matériel médical à domicile, située à La Jaille, à Baie-Mahault est bel et bien ouverte. La douzaine d'employés du site travaille tant bien que mal malgré les soupçons "d'escroquerie en bande organisée" qui pèsent sur quatre personnes de l'entreprise : le dirigeant et les responsables des antennes de La Réunion, de la Guyane et en Guadeloupe. Ils auraient abusé de prescriptions permettant d'obtenir des remboursements de la Sécurité sociale.

Il est reproché à cette société d’avoir bénéficié de prescriptions abusives permettant d’obtenir des remboursements indus de la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS), pour un préjudice évalué à ce stade, à 8.434.567,35 euros.

La Gendarmerie de La Réunion, dans un communiqué

"L’enquête a en outre mis en évidence des rescriptions incohérentes présentant un risque avéré pour la santé, notamment pour les jeunes patients" précise encore la gendarmerie de La Réunion.

Un stock important de médicaments

"Les nombreuses perquisitions réalisées simultanément sur les différents territoires ont permis de découvrir un stock important de médicaments, contrevenant ainsi à la réglementation en vigueur et matérialisant les faits d’exercice illégal de la profession de pharmacien. Des objets de valeur, du numéraire et un véhicule, outre des sommes d’argent ont également été saisis pour plusieurs milliers d’euros" détaillent les autorités.

Des objets de valeur, du numéraire et un véhicule, outre des sommes d’argent ont également été saisis

Cette affaire n'a pas tardé à faire réagir les professionnels du secteur. Marie-Claude Synesius, pharmacienne et présidente du Syndicat des pharmaciens de Guadeloupe (SDPG), n'a pas été surprise lorsqu'elle a pris connaissance du dossier : "Cela fait longtemps que nous dénonçons les pratiques de certains prestataires."

Marie-Claude Synesius, pharmacienne et présidente du Syndicat des pharmaciens de Guadeloupe (SDPG) ©Rudy Rilcy - Guadeloupe La 1ère

Interrogations sur le système de facturation

D'après l'avocat de Médicalia, Rudy Constant, cette affaire a été déclenchée à cause "d'un rapport de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) qui s’interroge sur le système de facturation de Médicalia, afin de savoir si les factures sont bien conformes à la réalité des soins administrés aux patients et s’il n’y a pas d’éventuelles fraudes". 

Rudy Constant, l'avocat de Médicalia ©Guyane La 1ère

Dix personnes ont été interpellées dans le cadre de ce dossier. Elles ont toutes été placées sous contrôle judiciaire.